Dix mille délégués, des semaines de travaux, et pour finir un happy end aux airs de faux nez. Ecolos et politiques sur la même longueur d’onde. Comprenez, le sommet de Montréal a été un grand succès et l’Amérique a cédé.
De qui se moque-t-on? Où est le progrès? Que tout le monde se mette d’accord sur un texte qui affirme clairement qu’il n’y aura pas de négociations sérieuses avant longtemps? La seule chose positive, c’est que l’administration Bush a signé un papier sur le climat. Mais un texte qui a soigneusement été nettoyé de tout gros mot comme « engagement » ou « réduction en volume des émissions »… Bien sûr, les Etats-Unis n’ont pas quitté la table des négociations, et ils n’auraient pas pu se le permettre. Mais une fois de plus, la communauté internationale s’est couchée devant l’empire du gaz carbonique.
2005-12-12
Dérèglement politique
Est-ce que cela a de quoi vraiment étonner quiconque s’y intéresse encore un peu?
Quelqu’un avait-il lu à côté de l’article signalé par Salade (le vrai) sur le « Monde » le chat de Petit, «Le dérèglement climatique»? M. Petit, «spécialiste de l’effet de serre» y faisait «le point des connaissances» sur la question à propos de Kyoto. Un grand moment de dialectique.
Extrait: « – L’effet de serre… ?
Michel Petit : Il n’y a pas de dissidences sur cette question dans la communauté scientifique…
– Des preuves concrètes de l’influence de l’activité humaine sur l’accroissement de l’effet de serre ? …
Michel Petit : Il y a une influence incontestable de l’activité humaine sur la teneur de l’atmosphère en gaz carbonique. … Mais, existe-t-il des preuves scientifiques ? Là, c’est moins évident à dire. »
Ah bon qu’est-ce qu’il faut encore? Passons, ce serait trop compliqué à expliquer… En fait le problème est ailleurs: il est POLITIQUE! C’est-à-dire? Écoutons encore notre M. spécialiste es changements climatiques. A la question de savoir ce qu’il pense «de l’état actuel d’avancement du protocole de Kyoto ? Les objectifs seront-ils atteints à échéance ?» Michel Petit répond :
« La question du protocole de Kyoto est plus politique que scientifique. C’était un tout petit pas dans la bonne direction. Cela ne concernait que les pays développés, et pas les pays en voie de développement. En 2100, les PVD seront émetteurs de plus de gaz à effet de serre que le reste du monde. Le fait qu’on n’arrive pas à mettre en œuvre le protocole est préoccupant. Mais dire que la mise en œuvre de ce protocole est très importante, non. On attend avec intérêt la position de la Russie, des Etats-Unis, mais ce sont des préoccupations plus politiques que scientifiques.»
La politique c’est donc la position des russes et des ricains. Que faire? On attend. Avec intérêt. Vu comme les positions semblent figées on peut attendre longtemps.
En attendant? Attention! «Les scientifiques peuvent avoir une action militante. Mais il faut éviter de mélanger les deux genres. Les scientifiques doivent garder leur place de scientifiques. Interpeller un homme politique, c’est un problème de négociations internationales et de sensibilisation de l’opinion publique. Quand une majorité des électeurs considèreront que les problèmes d’effet de serre sont importants, les politiques s’en occuperont ! Il faut aller vers les citoyens plutôt que vers les politiques.»
L’avertissement est clair.
Donc laissons les hommes politiques à leur ignorance crasse. Il faut dire qu’à voir Bush on peut en effet désespérer. C’est bien eux qui financent les recherches, les rapports et les experts, qui inscrivent le changement climatique au cœur des programmes de recherche etc.? Mais cela ne doit pas être de la politique.
Faire de la politique serait les interpeller, c’est-à-dire de leur rappeler les résultats incontestatbles (mais sans «vraies» preuves «scientifiques», parce que c’est devenu un gros mot qui sent trop son positiviste ringard…) de tout cet argent consacré à mesurer et prévoir les dégâts, les inciter à réfléchir, voire les critiquer?
Les scientifiques ne sont pas là pour cela… Ce n’est plus de l’humilité à ce niveau, c’est de la lâcheté la plus basse, je crois et revendiquée.
Je me rappelle pourquoi j’ai foutu le camp des labos de modélisation. Le discours dominant n’y a guère changé depuis 12 ans. Toujours la même naïveté un peu rance. Et décidément les scientifiques ont toujours tendances à se montrer autant susceptibles quand il s’agit de leur étroit domaine de compétence, que peu soucieux de justifier quoi que ce soit quant il parle d’autre chose en particulier de questions sociales et politiques.
N’est-ce pas un peu dangereux quand on connaît leu poids dans tuot ce système, leur rôle éminément politique ne leur en déplaise.
Les progrès? On va se préoccuper de la transformation des pays du Tiers Monde. Cela fait un bout de temps qu’elle se fait pourtant sous les yeux de tous et en particulier de spécialistes en changement global qui ont plus que d’autre l’occasion de sillonner dans tous les sens la planète. Je ne m’étais pas privé de faire quelques réflexions à l’époque mais déjà on m’avait rétorqué que c’était de la politique, et dans les labos, c’est comme en famille mieux vaut éviter de parler politique…
Je ne crois guère en la nécessaire négligence de théoriciens incapable de faire le lien entre la réalité qu’ils ont sous les yeux et leurs spécualations de laboratoires. Voilà qui dénote surtout le même attentisme politique et en guise d’idéologie la même pseudo-sagesse du genre: «Chacun à sa place et les vaches seront bien gardées» de gens confortablement installés.
Les dirigeants politiques indécrottables, les scientifiques sans voix au chapitre sur la question, alors ne reste plus qu’à attendre plus de courage de l’«opinion publique»?