L’Autorité de sûreté nucléaire fait du zèle, et c’est une bonne nouvelle. Après avoir été critiquée pour sa lenteur de réaction lors de l’incident survenu sur le site du Tricastin, l’instance qui supervise la sécurité des installations nucléaires en France a décidé de suspendre les activités de la station de traitement d’effluents de Socatri, à l’origine d’une fuite d’uranium dans la nature. Une décision prise après une visite conduite hier par les experts de l’ASN. L’Agence a dressé un PV qui constate notamment:
«-la mise en sécurité destinée à empêcher toute nouvelle pollution n’est pas complètement satisfaisante ;
– les conditions d’exploitation lors de l’incident présentaient des irrégularités par rapport aux dispositions réglementaires applicables ;
– la gestion de la crise par l’exploitant a montré des lacunes en matière d’information des pouvoirs publics.»
Le problème c’est qu’apparemment, l’ASN n’a pas non plus été très rapide à réagir. Mais comme personne n’inspecte l’ASN…
NB: Décidément, comme personne ne sait compter, les 30 mètres cubes de solution à 12 grammes par litre déversés n’ont représenté que 75 kg d’uranium. Je vais changer de calculette! Au passage, merci à notre lecteur Benoît de m’avoir signalé l’info!
@DDq, vous êtes-vous demandé dans quelles conditions de l’uranium pouvait être soluble à 12 g par litre ? Relisez votre Handbook of Chemistry. Vous y verrez que l’uranium sous forme métal est parfaitement insoluble dans l’eau. Donc soit l’uranium n’est pas sous forme métal, mais sous forme d’un composé très soluble dans l’eau ( c’est probablement le cas), soit il ne s’agit pas d’une solution dans l’eau( peu probable).D’autre part, s’il y a eu une fuite de 30 m3 ( plus ou moins combien?), cette quantité s’est-elle retrouvée intégralement dans les rivières?
C’est vraiment lassant de voir, comme c’est devenu l’habitude, pro, antinucléaires, et journalistes, tirer des conclusions dans le sens qui les arrange sur la base d’une information qui ne peut pour l’instant être que sommaire.
L’ampleur et les conséquences réelles de cet accident ne pourront être connues qu’après une étude beaucoup plus complète faite par des spécialistes de la géochimie de l’uranium. Espérons que l’ASN fera diligenter cette étude et en publiera les résultats.
Vous voyez le mal partout, je ne tire aucune conclusion. J’ai bien pris la précaution d’expliquer que je ne suis pas qualifié pour juger des conséquences de la fuite du Tricastin. Ce que je critique dans ce papier, c’est la manière dont les acteurs du nucléaire présentent les choses. Ce n’est pas en jouant sur les mots (ou les chiffres) que la confiance du public dans le nucléaire sera renforcée. Idem pour le nuage de Tchernobyl. La manière dont les autorités (et le Pr Pellerin) ont géré l’événement a renforcé les soupçons du public vis à vis du nucléaire. Comment voulez-vous que les gens aient confiance quand on leur sert des salades!
@DDq, certes, mais il n’y a pas que les autorités à servir de la salade. Croyez vous que la salade servie par Sortir du nucléaire soit de meilleure qualité? Voulez-vous que je vous fasse la liste des énormités répandues par cette organisation et d’autres qui lui sont apparentées, et dont j’ai encore entendu quelques unes de bien gratinées récemment à la télévision dans la bouche de Stéphane L’homme à l’occasion de la fuite du Tricastin. Ces énormités ont été répandues systématiquement dans tous les journaux et sur internet par ces organisations, profitant de l’incompétence du grand public mais aussi des journalistes dans ces domaines.Qu’est ce qui est le mieux? Eviter de faire surréagir l’opinion quand il n’y a pas de danger, ou chercher à l’affoler en permanence avec un danger imaginaire? Qui selon vous porte par exemple la responsabilité des avortements qui ont eu lieu en Europe Occidentale chez des femmes à qui l’on a fait croire que leur enfant serait difforme?
Si Sortir du Nucléaire raconte des salades, ça les regarde et c’est à leurs contradicteurs de le faire savoir. Pour ma part, je ne suis pas très tendre avec SdN, et me suis toujours méfié des déclarations de Stéphane Lhomme. Et je m’étais fâché avec lui il y a quelques années, après que des inconnus avaient fait croire aux bordelais à une fuite nucléaire à la gare de Bordeaux, les invitant à se présenter à un centre de santé EDF.
Mais que les choses soient claires. SdN n’est pas payé par le contribuable pour raconter des salades. Les autorités françaises, elles, le sont, et en racontent de belles dès qu’on parle de nucléaire. Et la suite des aventures du Tricastin semble me donner raison…
@DDq, désolé votre honneur, je désapprouve formellement les salades officielles, mais je désapprouve tout autant les salades de SDN et consorts. Le fait de ne pas être fonctionnaires ne les autorisent aucunement à mentir,en toute connaissance de cause d’ailleurs, dans un domaine aussi sensible.
Je n’en dirai pas autant de la CRIIRAD, malgré quelques couacs, comme par exemple celui d’une radioactivité supérieure à la normale trouvée sur une plage de Camargue, qui s’est révélée à l’analyse être un site naturel: les journalistes ont été convoqués en urgence, avant que la vérité ait été établie, et il leur a été expliqué que cette concentration anormale venait des installations nucléaires installées sur le Rhône. Aucun démenti n’a bien sûr été publié par la suite et bien sûr, la CRIIRAD a omis de signaler que cette radioactivité ne présentait de toutes façons pas de danger. Je remarque aussi que la CRIIRAD ne s’est jamais préoccupée des émissions radioactives des centrales à charbon, alors que cela fait partie de sa raison sociale.
En ce qui concerne les concentrations naturelles d’uranium dans l’eau douce, je rappelle qu’elle sont faibles,de l’ordre de quelques microgrammes par litre en moyenne,mais très variables.Existe-t-il une base de données qui permette de situer les concentrations relevées en certains endroits de la nappe phréatique au Tricastin par rapport à la variété des concentrations qui existe en France? Et la mesure de la concentration d’uranium fait-elle seulement partie des mesures couramment effectuées? Y-a-t-il un seul journaliste à ce jour qui se soit préoccupé de le savoir?
Bien sûr que la Criirad commet parfois des impairs. Mais encore une fois, je peux tolérer de la précipitation dans une ONG, mais pas les tergiversations des officiels. Sur la question des concentrations naturelles d’uranium dans l’eau, j’avoue ne pas m’être penché plus que ça sur la question. Et je serai ravi de le faire, si quelqu’un me paie pour le faire. Le bénévolat a ses limites!
… pour finir, BMD, que penser de cette nouvelle fuite d’uranium « légèrement enrichi » après la rupture d’une canalisation enterrée dans une usine d’Areva, qui « remonterait à plusieurs années »? Faudra-t-il limoger tous les responsables d’usines qui manipulent des matières fissiles?
@DDq, il existe des ouvrages très bon marché comme l' »uranium » de Cuney et al dans la collection que sais-je, où on parle entre autres choses des concentrations de l’uranium dans l’eau. Un handbook of chemistry d’occasion, çà ne coûte pas cher non plus! Je suis sûr que vous seriez heureux de vous cultiver sur la question. Mais mon point n’est pas celui-là: avant de s’embarquer comme le font actuellement les journalistes dans la dénonciation des concentrations d’uranium anormales dans les nappes phréatiques, il me semble indispensable de connaître la variabilité naturelle de ces concentrations en France. La proposition de Borloo, de faire des mesures dans les nappes phrétiques autour des centrales nucléaires, est excellente, mais incomplète. Cela devrait être fait systématiquement da D’autre part, les normes de potabilité, 15 microgrammes par litre, sont comme d’habitude bien au-dessous des seuils de dangerosité.
Je ne cherche en aucune façon à dédouanner Areva. Je ne suis pas au courant de cette affaire d’uranium légèrement enrichi, j’aimerais en savoir plus.
Les ONG jouent un rôle de surveillance indispensable. Mais comme elles prétendent incarner la moralité, puisqu’elles se posent en procureur, elles se doivent d’être irréprochables sur le plan moral, ce qui est loin d’être le cas.
Je vise beaucoup plus SDN que la CRIIRAD, car la SDN répend les mensonges en toute connaissance de cause. La CRIIRAD a le mérite de faire des mesures, même si elle a tendance à sauter aux conclusions, toujours dans le même sens d’ailleurs, avant d’avoir l’ensemble des données en main. Et je lui reproche de ne pas s’occuper de la radioactivité des centrales à charbon, disséminée en permanence au voisinage des villes en toute impunité!
Et vous même, DDq, est-ce que cette radioactivité des centrales à charbon vous préoccupe? Les informations ne manquent pourtant pas sur internet. En faisant charbon+radioactivité ou charbon+radium 226 par google, on trouve pas mal de chose, par exemple qu’une entreprise a réussi à faire du yellow cake à partir de l’uranium contenu dans les cendres volantes de centrales chinoises. Avez-vous entendu dire que la CRIIRAD soit déjà allé faire une enquête autour de la centrale de Gardanne, qui n’est pourtant pas très loin du Tricastin!
@DDq je complète: les mesures de concentration en uranium devraient être faites dans toutes les nappes phréatiques françaises, pour avoir une base de données permettant de savoir où est en réalité la normalité.
Pour la fuite d’uranium légèrement enrichi à Romans-sur Isère, vous avez des infos dans l’AFP, Reuters et un bref communiqué sur le site de l’ASN. Pour les bouquins, je verrai ce que je trouve d’occasion!
@Certes, mais la fuite de Romans sur Isère n’a entraîné à ce que je sache aucune fuite dans l’environnement, ni mis personne en danger! A ce compte pourquoi n’insiste-t-on p
Je complète: pourquoi considère-t-on comme normal qu’il y ait un accident par mois dû à une fuite de gaz en France, dont un certain nombre tue chaque année, et fait-on un tel tapage médiatique sur une petite fuite d’uranium qui ne présente aucun danger?
BMD, ne vous faites pas plus naïf… que vous ne l’êtes. Vous savez bien que le regard porté par le public et la société est tout particulier lorsqu’il s’agit de nucléaire. Bien sûr que le gaz et le charbon tuent plus que l’atome. Mais que cela soit légitime ou pas, vous savez bien que le nucléaire fait peur à une grande partie de la population. Vous savez aussi qu’il y a eu une grande catastrophe nucléaire dans la sphère soviétique qui a marqué les esprits. Vous savez aussi qu’il y a peu entre l’uranium et la bombe atomique et vous savez enfin que la question du stockage des déchets reste ouverte puisque personne n’a trouvé le Graal. Renseignez-vous par exemple sur l’état des stockages de fûts de produits radioactifs de Hanford (Washington, USA).
@DDq,vous avez parfaitement raison. Et il y a longtemps qu’un certain Gribouille se jette à l’eau pour éviter la pluie!