C’est sans doute hélas une des tristes conséquences de l’effet boule de neige. Les périodes de fonte accélérée des glaces arctiques pourraient bien se traduire par un réchauffement intensifié jusqu’à mille cinq cent kilomètres dans les terres, menaçant de fondre le pergélisol et d’accroître le réchauffement climatique.
Alors que l’Antarctique semble relativement épargné par la hausse de température de la planète, tous les regards convergent vers le pôle nord. Sans qu’on puisse l’attribuer au réchauffement, la succession de records de diminution des glaces de l’océan Arctique pourrait, si elle se poursuit plusieurs années, induire une fonte accélérée des sols qui normalement restent gelés. C’est ce que conclue une étude du Centre de recherches atmosphérique de l’université de Boulder, l’un des hauts-lieux de la recherche sur le climat, et du Centre américain de données sur la neige et la glace. Leurs simulations montrent que lors de périodes prolongées de retraite des glaces arctiques, d’une durée de cinq à dix ans, le réchauffement des littoraux est amplifié d’un facteur 3,5 par rapport à la normale. Et les résultats des modèles semblent confirmés par les observations sur le terrain: l’an dernier, la température moyenne au dessus des terres de l’arctique ouest était de deux degrés supérieure à la normale calculée pour 1978-2006.
L’air de rien, ce réchauffement des sols n’est pas de bon augure. Car le pergélisol, qui montre déjà des signes de faiblesses en Russie, en Alaska et au Groenland, stocke de grandes quantités de carbone (30% de celui stocké dans les sols de la planète). Là bas, des immeubles construits sur les sols gelés se lézardent ou s’effondrent, et des forêts d’arbres déstabilisés ont reçu l’étrange sobriquet de “forêts ivres” (Photo © Nasa)
La fonte réveille l’activité microbienne qui émet de grandes quantités de méthane. Et si sa durée de vie dans l’atmosphère est bien plus courte que celle du gaz carbonique, le méthane affiche à volume égal un pouvoir réchauffant vingt-cinq fois supérieur à celui du plus célèbre des gaz à effet de serre.