Certains détracteurs de l’éolien s’en frotteront sans doute les mains. Le Cambridge Energy Research Associates, un Institut d’études et de prospective britannique, a publié une étude qui fera mal à l’industrie du vent. C’est ce qu’explique Reuters aujourd’hui, dans une dépêche qui manque singulièrement de mise en perspective.
Fort de ce rapport du Cera, Reuters explique que le coût d’investissement dans l’éolien offshore (1) devrait s’alourdir de 20% au cours des prochaines années, aux environs de 2800 euro le kilowatt installé. Cette hausse serait imputable au prix de revient des matériaux nécessaires à la construction des turbines, et au manque de barges utilisées pour implanter les machines. Ces barges, identiques à celles employées pour les infrastructures pétrolières, sont en effet peu nombreuses et surbookées.
Mais ce que Reuters oublie de dire, c’est que l’étude du Cera passe en revue l’ensemble des moyens de production d’électricité. Globalement, son indice d’évaluation du coût des centrales a cru de 69% en cinq ans, et de 130% depuis 2000. Ce qui signifie qu’une usine électrique qui coûtait un milliard en 2000 en vaut désormais 2,3 milliards aujourd’hui… De leur côté, le prix de revient des centrales à gaz affiche une hausse de 92% en sept ans, l’éolien de 108%, le charbon de 78% (sans séquestration du gaz carbonique, bien sûr). Selon le Wall Street Journal, la hausse du coût des centrales nucléaires serait elle supérieure à 200% depuis 2000… Le communiqué du Cera ne donne aucune précision sur l’évolution des coûts du nucléaire et se borne de précision qu’il a permis une baisse de son indice («qui ne durera pas») au premier trimestre 2008. La tendance de fond à la hausse du prix des centrales ne devrait pas changer puisque le Cera pronostique une hausse probable de 50% du cours de l’acier cette année.
Ce qui est rassurant, c’est que, pour le pétrole du moins, les augures du Cera sont quasiment toujours à côté de la plaque. Mais il reste que le prix de l’acier, du ciment, et la disponibilité des cuves, turbines et autres générateurs de vapeurs devient incertaine, vue la demande galopante. Ce qui est moins rassurant, c’est que les partisans du charbon pourront s’appuyer sur les chiffres du Cera pour justifier leur business.
Rappelons que le charbon est la seule source d’énergie véritablement meutrière (des milliers de morts chaque année), qu’il produit des quantités astronomiques de gaz à effet de serre, et qu’une centrale à charbon émet plus de radioactivité qu’une centrale nucléaire (en bon état, bien sûr!).
Puisqu’on vous dit que le moyen le plus simple et le moins onéreux, ce n’est pas d’accroître l’offre mais de réduire la demande…
(1) Les fermes marines construites au large pour bénéficier de vents plus régulier et limiter l’occupation à terre.
@DDq, le CERA a raison de souligner que le coût des investissements dans les centrales, mais pas seulement, a considérablement augmenté en quelques années. Cela est dû à la hausse des matières premières, mais encore plus à une offre qui ne peut pas suivre la demande. Ce n’est donc pas un renchérissement dû à des difficultés techniques particulières.C’est le jeu habituel du marché. Le problème est le même pour les investissemements en exploration et production du pétrole: les dépenses considérables affichées par les compagnies dans ce domaine sont bien plus dues à l’augmentation des prix qu’à une réalité physique..
En ce qui concerne le nucléaire, on observe depuis quelque temps un reflux important du cours de l’uranium, qui avait beaucoup augmenté. Cela est dû apparemment à la mise sur le marché de grandes quantités en provenance de nouvelles mines ou de mines remises en fonctionnement.
Je vois pas en quoi les critères financiers ont un rapport avec l’écologie .
L’écologie n’est pas soluble dans l’économie de marché