En matière de pub automobile, les constructeurs ont l’imagination fertile. Ainsi, Toyota USA a choisi de parler du déni climatique pour créer l’événement autour de son hybride de luxe, la Lexus CT200h, raconte le «chasseur de négateurs» Kevin Grandia, l’éditeur de Desmogblog, dans les colonnes du Huffington Post. Cinq débats, dont le dernier se tient aujourd’hui, entre un carbocentriste —qui défend le consensus scientifique sur le réchauffement— et un sceptique.
C’est ainsi que le cinéaste et producteur irlandais Phelim MacAleer a eu tout le loisir de défendre ses thèses. Il avait sorti en 2008 un documentaire titré «Ils ne sont pas diaboliques, ils se trompent», qui entendait montrer «comment l’environnementalisme extrémiste dégrade la vie des plus faibles, de l’interdiction du DDT à l’interrogation du réchauffement climatique», selon le site du film. Pour Toyota, McAleer était opposé en mars à l’auteur « activiste » Amanda Little, dans un brouhaha infernal (1), et début juillet à la journaliste antisceptique Simran Sethi. Le 20 juillet, c’était à nouveau Amanda Little, opposée cette fois à l’avocat Christopher Horner, membre du Competitive Enterprise Institute et auteur de trois livres, dont le sans équivoque «Comment la politique verte d’Obama vous volera votre liberté et conduira l’Amérique à la faillite», publié cette année.
Le 27 juillet, Toyota avait choisi un personnage haut en couleurs, pour défendre les couleurs du déni climatique. Le vicomte Monckton de Brenchley, qui est un peu le mythomane cinglé de la sphère climatosceptique: pour avoir adressé un commentaire pendant l’élaboration du dernier rapport de l’ONU, il prétend parfois avoir reçu le Nobel de la paix 2007… Toujours très mesuré l’ancien collaborateur de Thatcher avait traité des jeunes militants écologistes présents pendant le sommet de Copenhague de «jeunesses hitlériennes», parce qu’ils avaient interrompu une conférence de sceptiques…
Aujourd’hui, pour le dernier débat, c’est Steve Everley, du think tank American Solutions, et contributeur d’un ouvrage récent, au titre sans équivoque «Sauver l’Amérique: stopper la machine socialiste séculaire d’Obama», qui joue les sceptiques de service, face au journaliste David Roberts.
Ce qui est étonnant, dans tout cela, c’est que Toyota veuille débattre de la réalité du réchauffement climatique sans s’adresser aux principaux interlocuteurs, les scientifiques, qui connaissent le mieux leur sujet. L’industriel aurait pu choisir d’organiser une rencontre entre James Hansen, climatologue très militant de la Nasa et son collègue sceptique Richard Lindzen au MIT.
A quoi joue le constructeur? Essaie-t-il de fissurer la solidité de l’opinion publique sur la question du réchauffement? Cela paraît étrange vu la faible audience de ces débats. Mais il est vrai qu’en dépit d’une longue campagne d’activistes, Toyota s’est refusé l’an dernier à quitter la chambre de commerce américaine, haut-lieu du combat contre la loi climat d’Obama. Reste l’hypothèse d’une provocation soufflée par quelque publicitaire en mal d’idées…
(1) Voir la vidéo:
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