L’industrie textile, ça pollue. Il suffit d’avoir vu un jour des images prises dans les usines de teinture de jean pour s’en rendre compte. Alors la créatrice Suzanne Lee a entrepris de mettre au point des vêtements sans traitement chimique. Elle confie à des bactéries le soin de fabriquer le tissu, et le teinte ensuite avec des produits “naturels”.
C’est The Scientist, qui raconte la drôle d’histoire de Biocouture. Un projet de recherches piloté par Lee au Central Saint Martins College d’arts et de création, à Londres. Objectif, utiliser de la cellulose produite par des bactéries, pour en faire des tissus, puis les assembler à la main. Attention, ce n’est pas compatible avec les cadences infernales imposées dans les pays en développement: en 7 ans, Suzanne Lee n’a produit qu’une dizaine d’habit: robe, blousons, chemise…
Pour des raisons pas très claires, certaines bactéries, comme Acetobacter xylinum ont appris à synthétiser de la cellulose —un composé de carbone qu’on trouve surtout dans les plantes— sous forme de films empilés les uns sur les autres. En nourrissant les bactéries d’une solution sucrée, il se forme progressivement une couche épaisse, que Suzanne Lee récupère avant de la peler, pour récupérer chacun des films. Ils sont ensuite teintés avec des produits de toutes sortes (extraits de fruit, rouille…) et assemblés. Le résultat, translucide, est assez étonnant comme le montrent ces images, compilées par The Scientist.
Prévenons quand même les patrons du textile délocalisé d’une chose, eux qui redoutent, comme en ce moment au Bangladesh, les grèves de salariés pour obtenir une paie décente. Les bactéries travaillent dur, sans relâche, et sans salaire. Mais elles travaillent lentement, très lentement. Et le sucre dont elles se nourrissent est bien plus utile dans l’alimentation. De plus, le contacte avec la cellulose bactérienne, une fois séchée, n’est pas très sensuel. Et ce matériau adore l’eau, au point d’absorber toute pluie, toute tâche liquide, et bien sûr la transpiration. Bref, il a beaucoup plus d’avenir en électronique, dans la production de membranes pour la reproduction du son ou en la médecine régénérative (pansements, reconstruction osseuse…), des domaines où la recherche sur A. xylinum va bon train.
L’un des grands avantages de la cellulose bactérienne, c’est qu’il suffit de la mettre au compost quand on veut s’en débarrasser. Mais je suis près à parier… ma chemise, que Suzanne Lee n’est pas prête de tester ça avec ses créations!
Il me semblait que la cellulose devenait inerte après une bonne douche, je me trompe ? Je tiens cette info d’une société qui floque de la ouate de cellulose et qui me disait qu’on pouvait ensuite presque la laisser en parement extérieur sans rien.