A Bali, l’Indonésie fera entendre la voix de ses forêts. A une quinzaine de jours de l’ouverture de la conférence de l’ONU sur le climat, Jakarta commence à mettre la pression. Devenu un véritable lieu de rencontres pour ONG, l’archipel tentera de monnayer ce qu’il reste de ses forêts.
En Indonésie, 80% des rejets d’effets de serre proviennent de la déforestation massive destinée à exploiter les bois exotiques et surtout pour planter des palmiers à huile. Dans un rapport récent, Greenpeace expliquait comme «l’huile de palme fait cuire le climat». Depuis quelques années, l’Indonésie serait ainsi devenu le troisième émetteur mondial de gaz carbonique, juste devant le Brésil. Tout simplement parce que la déforestation massive, souvent illégale, libère brutalement des quantités astronomiques de carbone, d’autant plus que les exploitants brûlent également les tourbes qui stockent le carbone depuis des millénaires avant de replanter leurs palmiers. A l’échelle planétaire, la déforestation représente autant d’émissions de carbone que l’ensemble des moyens de transport réunis…
Il ne resterait que 25% des forêts d’origine dans l’archipel indonésien, soit environ 91 millions d’hectares dont environ 3% sont détruits chaque année. Ce qui pourrait rapporter gros si les Etats réunis sous la bannière de l’ONU à Bali acceptent d’intégrer la préservation des forêts dans les mécanismes de marché du carbone, un schéma baptisé RED (Emissions réduites de déforestation). Ainsi, le pays, comme le Brésil ou les états d’Afrique centrale, auraient un intérêt économique direct à préserver leur biomasse, plutôt que de la laisser détruire par des forestiers peu scrupuleux. Jakarta espère ainsi récupérer 5 à 20 dollars de chaque hectare protégé, ce qui représenterait tout de même une manne de 13 milliards de dollars par an. «La planète toute entière profitera de la préservation des forêts, elle sera donc heureuse de payer pour cela», avait expliqué récemment le ministre indonésien de l’Environnement. Reste à savoir à qui ira ce joli pactole (l’Indonésie n’est pas réputée pour sa transparence) et surtout comment l’Indonésie (et les payeurs) s’assureront que le défrichage illégal est bien stoppé…
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