C’est un véritable travail de fourmi. Durant des mois, des équipes de la Société zoologique de Londres ont ratissé la forêt de Sumatra, dans des zones non protégées, à la recherche de spécimen d’espèces menacées. L’organisation britannique et ses partenaires indonésiens voulaient mieux connaître l’état de la biodiversité dans les plantations destinées à la production d’huile de palme, et aux alentours. Une quête cruciale tandis que de nombreux pays d’Asie plantent des palmiers à tour de bras pour répondre à la demande mondiale d’huile destinée à devenir un agrocarburant.
Des équipes de volontaires exercés à l’observation des animaux, de leurs empreintes et de leur fèces, et des dizaines de pièges à photo ont été sollicités, quadrillant une région de neuf kilomètres carrés avec une précision toute scientifique. Chaque parcelle a été visitée trois fois, par trois équipes différentes, qui passaient une demi-douzaine d’heures dans chaque maille du filet.
Le résultat de ces observations a été consigné dans un long rapport publié le 31 octobre. Une quarantaine d’espèces ont été repérées, dont le très menacé tigre de Sumatra, et l’éléphant d’Asie. Les experts concluent, comme c’était prévisible, que les zones de monoculture (palme) hébergent peu de mammifères, mais qu’ils participent quand même à la conservation de certaines espèces.
La Société zoologique préconise un suivi des zones situées en dehors des réserves, qui participent elles aussi à la protection de la nature. Elle recommande aussi l’aménagement de corridors dans les plantations, pour briser la barrière érigée par les cultures. Environ 10% de la surface des concessions devrait être laissée en l’état. A bon entendeur…
Image © Zoological society of London
Lors d’un voyage en Malaisie, j’ai pu témoigner des dégats des plantations de palmiers. La jungle qui hébérge de nombreux espèces se fait couper au profit de champ de monocultures de palmiers. L’huile de palme est utilisée pour la production de biocarburants, et d’huiles utilisées dans les aliments transformés mais aussi des « éco-produits » (cf. produits de nettoyage). Or les dégats provoqués par la déforestation pour dégager l’espace pour ces monocultures est catastophique.
Je suis heureuse que ce rapport souligne les méfaits de cette culture et le danger que représente la politique du tout palmier dans ces pays.
Si les pays d’Asie plantent des palmiers c’est pour répondre à la demande de l’industrie agro-alimentaire en premier lieu notamment en Chine ou en Inde ou la consommation d’huile de palme explose. L’huile de palme c’est moins de 1% des biocarburants dans le monde.
De plus l’exportation de biocarburant est totalement verrouillé par les USA et l’union européenne qui se servent d’eux pour subventionner leurs agriculteurs… Ce n’est pas pour rien que plus de 80% de la production de biodiesel se fait à partir de Colza. Les critères de qualité du biodiesel dans l’UE sont d’ailleurs calibré sur le colza ce qui complique encore plus le process pour utiliser des autres huiles (sans compter le fait que le biodiesel d’huile de palme pourrait geler dans les moteurs en hiver!).
Le Brésil vient d’ailleur de se faire renvoyer dans les cordes à l’OMC pour ce qui est de lever les barrières douanières qui pèsent sur son éthanol (alors que le pétrole lui n’est pas taxé…).
Un rapport de la FAO qui prévoit de gros problèmes pour les pays qui comptent exporter du biodiesel de palme et ne pourront pas le faire : parce que les pays développés n’en veulent pas (raisons politique et techniques) et parce qu’il ne sera pas possible de l’exporter vers les pays en développement (pas d’infrastructures).
http://www.fao.org/es/esc/common/ecg/110542_fr_full_paper_English.pdf
Quand arretera t on d’utiliser le terme fallacieux de biocarburant au détriment du terme étymologiquement correct d’agrocarburant?
Il ne vous aura pas échappé que ce point de vocabulaire est devenu la règle, du moins en ce qui concerne l’auteur de ce blog. Je continue néanmoins à utiliser «biocarburant» dans les mots-clés. Une façon pour moi d’attirer ceux qui sont dans l’erreur et de les remettre dans le droit chemin, à coup d’agrocarburants 😉
« Quand arretera t on d’utiliser le terme fallacieux de biocarburant au détriment du terme étymologiquement correct d’agrocarburant? »
Si vous trouver étymologiquement correct de lier au champs (ager-) le méthane issu d’une fermentation de déchets organiques, j’ose même pas imaginer l’état de votre réfrigérateur…
La misere engendree par ce business est navrante et en matiere de bio et d’eco c’est encore une fois » la mode » qui se fait la part belle !!! Et le porte feuille de nos representants…