Jean Ziegler ne passe pas pour pratiquer la langue de bois. L’expert, rapporteur spécial de l’ONU pour le Droit à l’alimentation, s’est une nouvelle fois illustré en fin de semaine dernière en qualifiant la course aux agrocarburants (1) de «crime contre l’humanité». Ziegler demande un moratoire de cinq ans sur les carburants d’origine végétale, le temps de mettre au point les technologies de seconde génération qui remplirontle réservoir des voitures et autres camions avec des carburants tirés de plantes alimentaires cultivées sur des jachères.
«Il faut 232 kg de maïs pour fabriquer 50 litres de bioéthanol», a justifié Jean Ziegler devant les huiles de l’ONU. En résumé, pour un plein de carburant, on prélève la ration alimentaire annuelle d’un enfant. Et Ziegler a rappelé à l’ONU combien la course aux agrocarburants provoque une hausse des prix des céréales dans le monde.
Même si les causes de la hausse des prix alimentaires sont multiples, Ziegler est loin d’être le seul expert inquiet. Dans un vocabulaire moins cru, le Fonds monétaire international ne dit pas autre chose que lui, tout en s’inquiétant des conséquences de ces hausses de prix. Son rapport de prospective d’octobre (World Economic Outlook) souligne que les agrocarburants absorberont 60% de la hausse de la consommation américaine de maïs. «L’accélération de la hausse des prix reflète l’usage croissant du maïs et d’autres produits pour la fabrication de carburant, ainsi que des conditions défavorables dans certains pays.» Et le FMI de rappeller que les principaux bénéficiaires des prix élevés cette année ont été des pays riches (Canada, Etats-Unis, Australie et Nouvelle-Zélande) quand les principales victimes étaient des pays pauvres, ou très pauvres (Bénin, Cap Vert, Ghana, Niger, Bengladesh, Chine, Népal et Sri Lanka). L’organisation internationale réclame aussi l’abolition des barrières protectionnistes érigées en Europe et aux Etats-Unis, qui permettrait de focaliser la production des carburants végétaux dans les pays où elle est à la fois la moins onéreuse, et surtout la plus efficace en terme d’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique. (Enfin, à condition, comme le FMI feint de l’ignorer, que les cultures soient conduites dans déforester à tour de bras comme c’est souvent le cas).
Modestement, donc, ce blog s’associe à l’initiative lancée par Jean Ziegler, pour faire que l’éthanol et autre agro-diesels ne deviennent pas une nouvelle arme alimentaire!
(1) Par décision unilatérale de l’auteur de ce blog, le terme de biocarburant a été banni jusqu’à preuve de la «durabilité» des carburants d’origine végétale.
N’oublions pas le principal…
http://www.un.org/News/fr-press/docs/2007/Conf071026-ZIEGLER.doc.htm
» M. Ziegler a mis en cause en particulier les subventions agricoles européennes qui permettent d’inonder les marchés africains à prix bradés et qui entraînent la ruine des agriculteurs locaux. Selon lui, « l’Union européenne crée de la faim en Afrique par son dumping agricole ».
Bref ça n’a pas l’air de le déranger de se contredire en moins de 10 minutes quand il regrette que les prix des céréales soient trop élevés…
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Il faut 232 kg de maïs pour fabriquer 50 litres de bioéthanol», a justifié Jean Ziegler devant les huiles de l’ONU. En résumé, pour un plein de carburant, on prélève la ration alimentaire annuelle d’un enfant. Et Ziegler a rappelé à l’ONU combien la course aux agrocarburants provoque une hausse des prix des céréales dans le monde.
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Grosse erreur de Ziegler qui pense qu’il faut « bruler » (si si c’est le mot qu’il a employé!!!) du maïs pour faire de l’éthanol, comme quoi les sociologues devraient parfois éviter de parler technique…
Sces 232 kg de maïs on enlève 20% de l’amidon qu’on transforme en éthanol et on garde la graisse, les protéines… bref on enlève l’énergie mais on garde tous les éléments nutritifs qui sont récupérés à la sortie et servent à nourrir le bétail.
Même chose du coté du biodiesel qui donne en sortie des tourteaux riches en protéines (dans l’UE 75% des protéines nécessaires à l’alimentation animale sont importés sous forme de soja).
A noter au cours de cette conférence les réactions des représentants des pays du Sud (Brésil, Colombie, Paraguay, Indonésie, Nigéria) qui soit s’étonnent de cette affirmation qui ne correspond pas à la situation qu’ils vivent avec leurs propres programmes, soit s’inquiètent des conséquences d’un tel moratoire pour eux…
Bon il a été influencé par quel lobby : le pétrole ou le charbon ?
Effectivement, c’est une très mauvaise idée que de poursuivre sur cette voie, ou plutôt encore une décision prise sous l’angle unique du profit immédiat.
Certains ont investis pour la production/transformations et vont pleurer, tant pis pour eux, a ne pas raisonner c’est là une erreur de jugement aussi basique qu’il était possible, aucun cours de management / gestion ne viendrais en dédis sur cet aspect.
A voir que (je crois que ça dois être ici que cela avait été vu) les plantes disposant d’un rendement énergétique ad hoc existe et son connues, reste que leurs culture soulèves quelques points encore délicats.
Combien de temps, ou plutôt que faudra t’il que l’humanité traverse pour que la course au profit/ a la consommation cesse ?