A priori, l’idée proposée cette semaine par un sextet de chercheurs pour lutter contre les rejets de gaz à effet de serre peut surprendre. Elle consiste à récompenser financièrement les pays qui ne déforestent pas, à hauteur de 300 à 1800 millions de dollars chaque année suivant le mécanisme choisi.
Pour da Fonseca, Rodriguez, Midgley, Busch, Hannah et Mittermeier, qui l’écrivent cette semaine dans la revue scientifique «libre» PLoS Biology, ce principe serait «gagnant-gagnant»… Car le protocole de Kyoto et le marché du permis d’émission du CO2 qui l’engendre comportent un vice caché: en accordant des crédits d’émission en l’échange de reforestation, notamment en Russie et au Canada, on incite les pays peu déforestés à abattre leurs forêts…
Mettez-vous un instant dans la tête d’un Kabila, en RDC, un pays recouvert à 66% de forêts et qui connaît un faible taux de déforestation, inférieur à 0,1% par an (Si, Si, faites un petit effort). Rasez 10% de vos forêts et attendez un peu que ça se tasse. Il ne reste plus qu’à reboiser, et les euros des entreprises occidentales pleuvront puisqu’il est plus facile de planter un arbre en Afrique ou en Amazonie (suivez mon regard) que de revoir son business.
J’aurai pu vous faire la même démonstration avec la Guyane Française (91% de forêt), mais avouez que même si Borloo a du mal avec son ministère, il n’irait quand même pas jusqu’à conseiller de couper des arbres…
Bref, notre sextet de la semaine propose de filer les pépètes aux pays très forestiers dès maintenant, sans attendre la décimation. D’une part on préserve la biodiversité, et d’autre part on évite plein d’émissions de gaz à effet de serre. Car on sait désormais que mécaniquement, la déforestation conduit à une hausse du CO2 atmosphérique, rappelle PLoS Biology. Les chercheurs rappellent aussi que la déforestation répond au principe des vases communiquants: durcissez ici et là les textes de protection de l’environnement (Indonésie, Philippines, Brésil, par exemple), et les bûcherons iront s’attaquer aux petits paradis verts…
Cette manne financière profiterait surtout à des pays qui en ont besoin. Car si l’on omet la France et sa Guyane, (ça ferait tache de réclamer des crédits, non?), ce sont des pays comme la RDC, Le Pérou, Bélize, le Gabon, Le Surinam, La Zambie qui en profiteraient le plus. En espérant que cela ne soit pas détourné par quelque dirigeant politique…
Image: Dans la forêt guyanaise. © D.Dq.
Il faut necéssairement que les occidentaux, avec les Etats-Unis, soient conséquents dans l’indemnisation des forêts de la RDC . Ils en profitent énormement comme les permiers et grands pollueurs, mais ils sont peu généreux dans l’indemnisation au profit de ceux qui protègent ces forets. Ils osent même demander aux Congolais d’arrêter leur croissance démographique au profit des forets, est-ce juste ça?