Ce matin, à l’aube, une sorte d’hallucination. De passage pour quelques heures sur le site du Mondial Air Ballons, sur une ancienne base aérienne de l’Otan en Lorraine, je me suis pris un instant à rêver face à ces dizaines de ballons silencieux, juste réveillés de temps à autre par le bruit des jets de flamme des brûleurs. Il y a quelques années, il avait été question de transporter les pièces imposantes de l’Airbus A380 en dirigeable, entre Bordeaux et le site d’assemblage de Toulouse. Mais le pragmatisme a conduit à élargir les voies routières pour permettre le passage de convois spéciaux. Un peu partout, des projets de transporteurs gonflés à l’hélium ont jailli, sans qu’aucun ne se concrétise.
Et pourtant, le dirigeable a sans doute de l’avenir. Car s’il pose de nombreux problèmes (tenue dans les rafales, poids du givre etc.), il colle bien à une économie à faible émission de carbone: l’énergie consommée par le ballon ne sert qu’à le déplacer, la portance étant assurée par le volume d’hélium. C’est en procédant ainsi, en séparant les problèmes après avoir étudié le vol des cigognes, d’ailleurs, que Otto Lilienthal avait conçu son planeur (une sorte deltaplane, à vrai dire) alors que toutes les tentatives de vol couplant portée et déplacement s’étaient soldées par des échecs. Une fois compris les mécanismes de la portance, les inventeurs ont pu s’en donner à cœur joie pour faire avancer les premiers avions.
Lilienthal est mort de sa passion. Il reste à espérer que les engins qui, peut-être, sont les plus proches de ses «planeurs» survivront enfin à la catastrophe de l’Hindenburg, ce dirigeable allemand gonflé à l’hydrogène qui brûla en mai 1937 près de New York, avec équipage et passagers. Tout cela parce que personne n’avait pensé ou réussi à utiliser de l’hélium. Rare et cher à extraire, il ne brûle pas…
Enfant j’habitais près d’un aéroport. Longtemps fasciné par les avions, je garde encore aujourd’hui un souvenir ému du dirigeable Goodyear qui apparaissait de loin en loin au dessus de nos banlieues à l’occasion d’une tournée publicitaire. Peut-être est-ce pour cela que j’apprécie tant les images d’Arnaud Caubel :
http://arnocob.cgsociety.org/gallery/404998/
(à ne pas confondre avec un homonyme bien plus sérieux :
http://www.ipsl.jussieu.fr/~aclsce/ )
Pendant longtemps, les dirigeables, choix technologiques obligent, ont quasiment disparu de nos cieux, aujourd’hui qui s’y consacre?
Tiens, moi aussi j’avais remarqué cette histoire de zeppelin d’Airbus… Je trouve d’ailleurs très français l’alternative qui a été choisi de raser quelques maison à la place.
Il me semble qu’Hermann Scheer est lui aussi partisan du zeppelin.
Ceci dit pour en revenir à l’arrêt de l’exploitation de ces engins, il me semble que l’Hindenburg aurait du être gonflé à l’hélium mais l’embargo américain sur l’Allemagne nazie a fait que ce n’était pas possible d’en trouver. Et il ne faut pas non plus négliger les raisons politiques (opposition du pacifiste Eckener contre le régime nazi, priorité donné par le régime à l’aviation parce que ça permet de tuer les gens plus facilement…) qui ont finalement eu plus de répercussion que les problèmes de sécurité (wikipedia donne plus d’un million et demi de kilomètres réalisé par la compagnie sans aucun accident avant qu’Hitler remplacent Eckener par des hommes un peu plus conciliant http://en.wikipedia.org/wiki/Hugo_Eckener)
A propos :
http://marginalia-marginalia.blogspot.com/2007/06/salon-des-machines-de-guerre.html