C’est la palme à l’obstination. Brian O’Brien est vraiment infatigable, apprend-on à la lecture des Geophysical Research Letters (1). Ce physicien australien, aujourd’hui âgé de 75 ans, s’offre le luxe d’une publication en solo sur l’adhérence de la poussière qui empoisonne les instruments de mesure sur la Lune. A l’époque d’Aldrin et Amstrong marchant sur notre astre devant nos yeux de gamin ébahi, O’Brien bossait pour la Nasa, notamment sur la question des poussières lunaires. Et dans les GRL, il raconte comment Aldrin avait installé un sismographe dès le 21 juillet 1969, à une vingtaine de mètres du module lunaire, à l’abri derrière un gros rocher. En vain puisque le décollage des deux héros de l’espace pour retrouver leur copain Collins, avait projeté de la fine poussière lunaire sur l’instrument, qui cessa de fonctionner quelques semaines plus tard.
Quelques mois plus tard, O’Brien avait expliqué que c’est l’adhérence de cette saleté qui avait provoqué une surchauffe de l’appareil. Une analyse qui avait semble-t-il été écartée des rapports officiels. Avouez que ça aurait été con d’admettre la perte d’un précieux instrument pour une histoire de ménage.
L’histoire en serait restée là si notre papy australien n’avait découvert il y a trois ans qu’il possède les seuls enregistrements magnétiques de l’époque, après la perte des originaux par la Nasa. Alors O’Brien s’est mis au travail, avec les tracés papier des mesures qu’il en avait fait à l’époque. Et il fournit son verdict: c’est l’intense bombardement solaire qui charge les poussières et les fait adhérer; il faut donc mettre des parasols!
O’Brien ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Jugeant que ses données sont moins précises que celles contenues dans les 273 cassettes magnétiques, il a commencé la récupération de leur précieux contenu. Infatigable, je vous disais.
(1) A paraître en mai.