Ainsi donc, à une semaine de la conférence de Durban, les adversaires du consensus sur le réchauffement climatique ont refait parler d’eux. Pas moins de 5286 emails échangés entre les climatologues ont été divulgués, via un serveur Russe.
Rendons d’abord hommage au site de la BBC, qui a été le premier à révéler ce deuxième opus du Climategate aujourd’hui, indiquant la source de ces documents. Ils proviennent probablement du cambriolage numérique survenu il y a tout juste deux ans, sur un serveur de l’Université d’East Anglia. Un crime —resté impuni— commis à quelques semaines de l’ouverture du Sommet de Copenhague de décembre 2009.
Le nouveau fichier divulgué comporte donc plus de cinq mille emails, dont les plus récents remontent à 2009. Après avoir passé plusieurs heures à fouiller le contenu, il apparaît qu’une grande partie —si ce n’est la totalité— des 1074 mails publiés en 2009 sont inclus dans cette nouvelle livraison. Un message inédit, transmis cet après-midi, a été authentifié par Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue au CEA. Un (petit, certes) signe qui laisse penser que cette nouvelle mouture du Climategate —qui comprend toutes les coordonnées des chercheurs impliqués dans les échanges— reposerait sur des documents authentiques.
Pris par le temps, et les nombreux papiers que j’ai sur le feu en ce moment, je n’ai pu faire que des sondages aléatoires portant sur une centaine de messages contenus dans ce colis qui intègre en outre un volumineux fichier crypté dont la clef n’a pas été rendue publique. Je n’ai pas dit mon dernier mot, mais il a résisté pour l’instant à toutes mes tentatives d’effraction (1). Dans les mails que j’ai consultés, on trouve pour l’essentiel des discussions scientifiques «ordinaires» entre les grandes stars internationales de la climatologie (Jones, Mann, Briffa, Trenberth, Osborn, Masson-Delmotte, Bard, etc.). Des échanges préalables à la publications d’articles ou de documents du Giec, des commentaires sur des travaux, et des demandes de relecture par des pairs.
Quelques messages évoquent les thèses climato-sceptiques de Claude Allègre (rappelons que ces mails sont antérieurs à la parution de son chef d’œuvre d’antiscience, en 2010). Et Vincent Courtillot, l’autre «Chevalier de l’ordre de la Terre plate» est de temps à autre traité d’«imbécile dont il faut se méfier tant il a de réseaux» dans quelques-uns des messages (une trentaine) où apparaissent son nom. Origine des emails oblige, le climatologue britannique Phil Jones est la star de ce portfolio textuel, avec 2715 messages qui le mentionnent, de même que son alter ego Ken Briffa, et que l’américain Michael Mann. Comme le souligne Valérie Masson-Delmotte, qui s’interrogeait ce soir, on ne manquera pas de pointer la coïncidence entre cette tentative de relance du Climategate et l’ouverture, dans une semaine, de la conférence onusienne de Durban.
Il y a fort à parier que ces documents n’apporteront rien de plus que ceux rendus publics il y a deux ans. Et probablement rien de croustillant puisqu’on imagine facilement que les cambrioleurs avaient sorti leurs meilleures cartouches dès 2009. Une sélection qui avait fait pschitt: plusieurs enquêtes administratives et parlementaires en Grande-Bretagne et aux Etats)-Unis ont blanchi les chercheurs accusés par les climato-sceptiques d’appartenir à un complot de tricheurs prêt à tout pour nous faire avaler que la planète se réchauffe. Mais que les climato-sceptiques se rassurent. Si ces nouvelles «révélations» feront probablement pschitt bien plus vite que les précédentes, la communauté internationale n’a pas besoin de ça pour saborder toute seule les discussions climatiques qui s’ouvrent la semaine prochaine. Les égoïsmes des uns et des autres y suffiront largement.
(1) Vu mes modestes capacités de cracker, si l’un d’entre vous se sent capable de me filer un coup de main, qu’il n’hésite pas à me contacter en privé.
Sur WUWT, il y a une intervention qui mérite d’être rapportée ici.
En résumé, la personne déclare : « bon, j’ai écumé les mails, je n’ai rien trouvé de particulièrement croustillant. C’est donc que cette fuite vient de Mann lui-même, qui tente de brouiller les pistes pour cacher son sinistre secret ! »
Ca ne s’invente pas.
Accessoirement, si même à WUWT ils n’arrivent pas à trouver quelque chose de scandaleux, c’est que les limites de la distorsion, de la mauvaise foi et du mensonge pathologique sont atteintes.
Je m’étonnais que ça ne soit pas encore arrivé, et là je m’étonnerai si ça ne fait pas pshiiit en moins d’une semaine. Même le daily mail n’arrive pas à faire de scandale dessus, c’est dire …
Tiens tiens tiens. Je viens de remarquer un détail TRES intéressant. La théorie d’un courageux lanceur d’alerte interne ne tient pas.
Examinons le readme
« /// FOIA 2011 — Background and Context ///
“Over 2.5 billion people live on less than $2 a day.”
“Every day nearly 16.000 children die from hunger and related causes.”
“One dollar can save a life” — the opposite must also be true.
“Poverty is a death sentence.”
“Nations must invest $37 trillion in energy technologies by 2030 to stabilize
greenhouse gas emissions at sustainable levels.”
Today’s decisions should be based on all the information we can get, not on
hiding the decline.
This archive contains some 5.000 emails picked from keyword searches. A few
remarks and redactions are marked with triple brackets.
The rest, some 220.000, are encrypted for various reasons. We are not planning
to publicly release the passphrase. »
Je passe sur la rhétorique (ridicule), et je vais m’attacher à des détails orthographiques révélateurs
Notez comment sont écrits les milliers ?
5.000 220.000
Un anglophone ne l’écrirait pas comme cela. Il l’écrirait : 5,000 220,000
En fait, c’est l’erreur la plus courante commise dans l’écriture des chiffres par des personnes qui ne manient pas la langue anglaise couramment : on pense toujours à transformer le , en . (exemple : 2.5 en anglais, 2,5 en français), mais on ne pense pas à transformer par exemple 5.000 en 5,000. Alors que quelqu’un pratiquant couramment l’anglais, en natif ou parce qu’il est chercheur, ne commet pas cette erreur.
On a donc affaire à des non-anglophones. Couplé à une republication (on parle toujours des mêmes mails) juste avant le somment de Durban, sans matériel nouveau (aka datant d’après 2009), il est impossible que la source soit interne.
So long pour le mythe du courageux lanceur d’alerte interne. On a très certainement affaire à des hackers embauchés.