Décidément, les politiques en faveur des agrocarburants n’ont pas le vent en poupe. Dans un avis rendu mi-septembre, le comité scientifique de l’Agence européenne de l’environnement (EEA) souligne que l’évaluation des bienfaits des cultures à vocation énergétique souffre de lacunes.
Sur le papier, les agrocarburants sont un épatant outil pour réduire les émissions de gaz à effet de serre: puisque le gaz carbonique rejeté par la combustion d’agroéthanol ou d’agrodiesel a préalablement été capturé dans l’atmosphère pendant la croissance des plantes, le bilan CO2 des agrocarburants se limite aux gaz émis pour cultiver (engrais, tracteurs, etc.) et transformer la matière végétale en carburant. Mais, soulignent les experts de l’EEA, comme d’autres l’ont fait avant, cette vision est simpliste, puisqu’elle ne tient pas compte des changements d’usage des sols. Le raisonnement est le suivant: si un hectare de jachère est planté à des fins de cultures énergétiques, le bilan CO2 sera plus mauvais que si on utilise à la place du pétrole ou du gaz et qu’on laisser pousser une forêt sur cet hectare… A chaque kilomètre parcouru avec un agrocarburant, on réchauffe plus la planète qu’avec de l’essence!
Evidemment, ce que l’EEA ne dit pas, c’est que le soutien massif européen et américain à la filière des agrocarburants, n’utilise le réchauffement climatique que pour se faire mousser auprès de la population: l’objectif de ces politiques publiques est bien de continuer à subventionner l’agriculture…