Après avoir passé près d’un mois à Cochrane, nous en avons passé un autre à Coyhaique puisque nous y avons trouvé du travail au sein du CIEP (Centre d’Investigation des Ecosystèmes de Patagonie).
C’est la première fois depuis longtemps que nous sommes dans une si grande ville : on y compte 50 000 habitants. Un centre-ville animé par quelques rues commerçantes, une Réserve Nationale à deux pas, ces lieux ont tout pour plaire. Mais sous ses airs de petite ville tranquille de province, Coyhaique est l’agglomération la plus polluée du Chili. Ce triste record s’explique en grande partie par sa situation géographique. La cité est en effet enclavée dans une vallée qui empêche une bonne évacuation de la pollution atmosphérique.
Comme dans tout centre urbain, la circulation automobile y est incessante, et apporte avec elle son lot de gaz carbonique et autres polluants. Pourtant ce n’est pas la principale cause de la pollution de l’air à Coyhaique.
Par habitude, tradition ou bien encore par commodité, les habitants de la Patagonie tout entière se chauffent et cuisinent au feu de bois. Chaque maison est donc équipée d’un poêle qui trône dans la pièce à vivre. Souvent, les modèles sont vétustes et ne sont pas dotés de filtres. Peu performants, les poêles consomment une quantité astronomique de bûches. C’est ce bois, encore vert qui rejette une grande quantité de particules fines, responsables de troubles respiratoires. Parmi celles-ci, la PM10 et la PM2.5 peuvent provoquer des effets dommageables allant de la simple toux à l’aggravation de l’asthme, voir même des décès prématurés chez les personnes les plus fragiles.
Comme des enfants trop pressés d’ouvrir leurs cadeaux, les habitants de la région d’Aysén jettent au feu le bois avant qu’il n’ait eu le temps de sécher. Vous pourriez penser qu’ils n’ont peut-être pas la place de l’entreposer et de le laisser perdre son humidité… Que nenni ! Les gens sont persuadés que puisque le bois vert brûle plus lentement sa combustion n’en est que plus rentable. Il est effectivement vrai que le bois vert met plus de temps à brûler, mais l’efficacité énergétique en est divisée par deux. A cela vient s’ajouter le rejet des dites particules fines qui empoisonnent chaque jour un peu plus l’air de Coyhaique.
Le vieux mythe du bois vert persiste dans la région depuis des générations, à tel point que les autorités locales se sont lancées depuis l’année dernière dans une vaste campagne de sensibilisation auprès de la population. Les industriels ont même proposé une certification pour le bois de chauffage. Garantissant un taux inférieur à 30% d’humidité, la certification « bois vert » oblige en plus ses exploitants à tenir un plan d’aménagement de la forêt en bonne et due forme. Le bois, une ressource naturelle renouvelable certes, à condition que son exploitation soit rationnelle et durable.
La bataille risque malgré tout d’être longue et laborieuse, l’année dernière 96% des ménages utilisaient du bois, et à peine 10% de la consommation étaient certifiée…
Alors que faire ? On pourrait espérer que les établissements publics montrent l’exemple en s’engageant à n’utiliser que du bois certifié sec. Ils pourraient même lancer le mouvement d’une modernisation des infrastructures qui ne seraient chauffées qu’avec des granulés de bois, lesquels sont plus énergétiquement plus efficaces et rentables. Cela supposerait en revanche de pouvoir s’en fournir dans la région, ce qui n’est pour le moment pas le cas. Voilà peut-être une bonne piste d’avenir pour la filière bois de la Patagonie chilienne, qui pour l’instant ne fait que très peu de transformation du bois…
Ce pour ces raisons que la Direction de l’Energie ne souhaite pas autoriser les « mini-centrales biomasse » en France (2 à 5 MW) : elle ne serait pas en mesure de les contrôler, même si cela est prévu par la législation sur les installations classées.
Le contrôle est souvent un vrai problème, mais je ne crois pas ici, car une fois le filtre installé, il est difficile de ne pas s’en servir. Au passage, les chaufferies bois ne sont pas des ICPE.
ca fait longtemps que dans les Alpes les assoc de la qualité de l’air se battent pour le bois « bûche » soit le moins utilisée possible. En hiver, avec les inversions de températures, cela donne une forte pollution aux particules fines, très mauvais pour les poumons.
Pourquoi plus le bois « buches » ? Tout dépend de la qualité de la combustion, de l’appareil utilisé et du type de bois.
C’est vrai, mais l’intérêt du bois énergie moderne est l’alimentation automatique, très rare en chaudière à buche. Quand on parle » buche « , on parle en général de poelles, ça va encore, mais surtout de foyers ouvert, gros émetteur de particules, même avec du bois sec (du moins je crois).
L’intérêt du bois énergie moderne tel que les granules est aussi qu’il est plus efficace qu’une buche de bois franc classique.
Ddq, c’est bien de faire semblant de découvrir que l’utilisation du bois pour se chauffer ou faire la cuisine est un danger public partout où cela se fait sans précaution et en particulier sans aération. L’OMS a je crois classé l’utilisation du bois au 10ème rang des causes de mortalité, essentiellement à cause des dégâts provoqués chez les ménagères et les enfants des pays pauvres, où c’est la principale source d’énergie. Mais le développement de son utilisation par les particuliers dans les pays riches, pour des raisons économiques, mais aussi de la publicité qui lui est faite parce que c’est une énergie « verte », pose aussi des problèmes. Comme de bien entendu, on parle de ce qui se passe chez les autres, mais aucune information n’est donnée sur la situation en Europe.
A noter que les fumées de bois sont radioactives, puisqu’elles contiennent du carbone 14 et du potassium 40. A quand une enquête de la CRIIRAD à ce propos?
Cécile, Mathilde et Sara ne parlent pas de ‘la situation en Europe’ car cet article traite de leur périple en Amérique du sud et ici en particulier en Patagonie Chilienne. Il s’agit ici de rapporter une expérience particulière et non pas de traiter un sujet de manière exhaustive.
Les fumées de bois sont radioactives, tout comme tout notre environnement (terre, eau, animaux, etc.), cela s’appelle la radioactivité naturelle. Elle est évidemment très faible et non dangereuse pour la santé. Dans le cas contraire nous n’existerions pas.
ce que je pense c’est que dans les pays en voix de développement il n y a pas de contre partie au bois surtt quand c’est dans des endroit vraiment très reculés!!!