Décidément, le gouvernement français n’aime pas les poissons. Non content de s’opposer à la fermeture de la pêche industrielle au thon en Méditerranée, les amis du petit Nicolas ont aussi décidé de s’attaquer aux anguilles.
L’anguille européenne (Anguilla anguilla) n’est pas à la fête. Le stock de l’espèce aurait sombré depuis 1980: de 90% selon l’organisation Traffic de suivi du commerce des espèces, et de 99% selon la Commission européenne (1). Elle calcule qu’entre 1998 et 2008, l’Europe a exporté 3000 tonnes d’anguilles, dont 2 milliards de civelles (les juvéniles) vendues à prix d’or, principalement à destination de la Chine qui les engraisse en fermes aquatiques avant de les réexporter. Il y a quelques semaines, les scientifiques chargés de conseiller l’Union européenne sur le dossier (ICES) avaient réclamé une interdiction des exportations cette saison (2). Las, c’était sans compter avec Paris qui a bloqué le projet d’interdiction d’exportation de ce juteux business: l’anguille juvénile se négocie à 2000 euros le kilo (presque 1 euro l’alevin de quelque millimètres)!
(1) C’est ce chiffre de 99% qui est donné par l’article de New Scientist, qui a inspiré ce papier.
(2) D’ailleurs, l’ICES est obligée d’utiliser des échelles logarithmiques pour présenter les données sur l’évolution des populations d’alevins…
Comme quoi un bon président est aussi efficace qu’un dérangement climatique.