Boire de l’arsenic, c’est mortel. Pour ceux qui en douteraient, une étude —la première de grande ampleur— révèle que 20% des décès d’une population de 12000 bangladais étudiée sont liés au poison. Des dizaines de millions de personnes sont contaminées par l’eau de leurs puits, principalement en Inde et au Bengladesh, mais aussi au Cambodge ou au Laos.
Que les choses soient claires. Le forage de dizaines de milliers de puits en Asie depuis les années quatre-vingt a probablement sauvé des millions de vies. Car avant de consommer cette eau souterraine, qui s’est avérée par la suite contaminée à l’arsenic, les populations utilisaient les eaux de surface, et les épidémies meurtrières étaient fréquentes (cholera, etc.). Mais l’exposition chronique à l’arsenic commence à tuer massivement.
Les chercheurs américains expliquent dans le Lancet (1) comment ils ont collecté des échantillons d’urine de près de 12000 personnes au Bangladesh, analysé l’eau de leur puits, et rassemblé des informations sur le mode de vie (tabac, masse corporelle, etc.). Puis suivi pendant près de dix ans l’évolution de cette population en fonction de son exposition. Certains consommaient de l’eau conforme à la norme de l’OMS (10 µg/l), quand d’autres avaient accès à une eau 27 fois plus chargée… Et le verdict est tombé. Les personnes les plus exposées ont un risque accru de près de 70% de mourir. Et au final, plus de 21% des décès relevés sont imputables à l’arsenic.
L’étude doit maintenant être étendue pour déterminer l’ampleur des effets de concentrations plus faibles d’arsenic sur la population. Une étude qui concerne aussi la santé publique dans de nombreux autres pays comme les Etats-Unis, l’Argentine ou le Mexique.
(1) Edition du 19 juin 2010
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