Pour stocker les déchets nucléaire, il n’y aurait rien de mieux que le gruyère. Après avoir abandonné le site prévu à Yucca Mountain pour accueillir leurs poubelles nucléaires, les Etats-Unis se penchent à nouveau sur l’idée de forages à plusieurs kilomètres de profondeur, nous raconte New Scientist. Des trous de moins d’un mètre de diamètre qui pourraient être répartis sur une grande partie du territoire américain.
En gros, l’idée consiste à percer un trou de deux à cinq mille mètres de profondeur. A entasser des containers de faible diamètre (quelques dizaines de centimètres) dans la partie inférieure du forage comme on enfile des perles, et à reboucher le tout pour que cela reste bien étanche, en se débrouillant pour que la pression ne fasse pas imploser les containers. Avantage, c’est discret en surface, compliqué à aller fouiller si d’aventure des petits malins voulaient jouer avec le feu, c’est en principe déconnecté des eaux de surface et, si on choisit bien son endroit, les formations rocheuses ne sont pas prêtes de bouger. A condition de ne pas aller taper dans les zones volcaniques ou à forte sismicité…
Suivant la concentration de déchets stockés, les ingénieurs auraient deux cas de figure. Avec des déchets en petites quantités, le dégagement de chaleur lié à la radioactivité serait faible, et ne jouerait pas sur la géologie des sols. Avec des déchets et des containers concentrés, au contraire, la forte chaleur dégagée pourrait faire fondre les roches environnantes dans un premier temps. Ensuite, au fur et à mesure de la diminution de la radioactivité —et donc des dégagements de chaleur— les roches se solidifieraient autour des containers, offrant une gangue de protection à long terme… si les containers ont résisté, bien sûr.
Le revers de la médaille de cette technique inspirée des foreurs d’hydrocarbures, c’est la relativement faible quantité qu’un « trou » peut contenir, en raison du petit diamètre de forage. A l’échelle d’un pays comme les Etats-Unis, il en faudrait plusieurs centaines, et probablement autant chez nous. En Suède, l’Office pour l’études des déchets nucléaires, une organisation non gouvernementale qui regroupe notamment des associations de protection de l’environnement, a publié un rapport en 2006 qui affiche sa préférence pour ce type de stockage à long terme de déchets, plutôt que l’enfouissement « réversible » à moyenne profondeur comme envisagé aux Etats-Unis, en Suède ou en France.
Reste à savoir si on a une connaissance suffisante de la géologie et la géochimie des sols à grande profondeur. On pourrait peut-être demander à Allègre, ça doit être dans ses cordes. Allez, Claude, des petits trous, des petits trous, encore des petits trous… et attention, hein, tu nous fais tout cela sans modèle informatique 😉
One step forward, two steps backward..
Vraiment pas ingénieuses les générations futures sur lesquelles tout le monde comptaient pour s’occuper des déchets nucléaire…
A Tilleul
Il n’y a pas 50 000 solutions : si on s’interdit de transmuter nous-mêmes les éléments des déchets les plus dangereux, chose qu’a priori on ne peut faire que dans des surgénérateurs appropriés (qui demanderaient encore quelques décennies de tests et de mise au point même si on relançait cette filière demain), on n’a pas d’autre choix que d’attendre qu’ils se transmutent tous seuls en quelque chose de moins dangereux… et là, ça prend beaucoup plus de temps.
Il y a aussi les ADS (accelerator driven system).
Pour toute personne intéréssée et qui a un peu de temps, voir le site http://www.laradioactivité.com qui est trés bien fait et clair.
C. Allegre, comme de nombreuses ONG (Sortir du nucléaire, Greenpeace, France nature environnement, etc.) s’est toujours prononcé clairement contre l’enfouissement des déchets nucléaires.
A 2000 ou 5000 m. on est loin des 500 m du site de Bure… mais cela donne-t-il plus de garanties?
Dernièrement, les autorités Allemande de surveillance du nucléaire ont préconisé, pour des raisons de sécurité, le retrait des 126 000 barils entreposés dans l’ancienne mine de sel d’Asse. Elle sert, depuis 1967, de site de stockage des déchets nucléaires et contient 1 300 fûts de déchets de moyenne activité, contenant environ 11 kg de plutonium.
11 kg de plutonium, çà fait un volume d’à peu près un demi-litre!
Des forages, il y en a des centaines de milliers aux Etats-unis et personne ne se préoccupe plus de savoir pour la plupart de ce qu’il y a dedans. Les forages à 5000 mètres, ce n’est peut-être pas une mauvaise idée. Quand on sait que le volume total des déchets HAVL feront en France vers le milieu du siècle, avec leurs emballages, l’équivalent du volume de béton des socles de 7 éoliennes de 2 MW, çà ne doit pas être trop coûteux, surtout qu’il est possible de faire des forages qui deviennent horizontaux à 5000 mètres.