Le célèbre volcan de boue indonésien de Lusi aura donc été provoqué par l’homme. C’est en tous cas ce que conclue une nouvelle analyse scientifique publiée dans le journal Marine and Petroleum Geology, cité par Wired. Selon une équipe américaine, c’est bien un forage destiné à l’extraction d’hydrocarbures qui aurait branché le réservoir de boue présent en sous-sol à la surface. Depuis le 29 mai 2006, plus de cent mille tonnes de boues nauséabondes ont été déversées chaque jour! Elles recouvrent désormais plusieurs kilomètres carrés sur une vingtaine de mètres d’épaisseur.
Depuis l’éruption, l’industriel Lapindo Barantas, réfute toute responsabilité. En novembre 2009, il a réitéré son analyse de la catastrophe dans la revue Marine and Petroleum Geology. C’est un séisme survenu à près de 300 kilomètres de là, et deux jours plus tôt, qui aurait connecté le réservoir de boue et le puit. Une thèse réfutée par les chercheurs américains dans leur réponse, qui calculent que l’énergie libérée par le séisme est mille fois trop faible. D’ailleurs, ils soulignent que d’autres séismes, plus importants et plus proches n’avaient pas suffi à provoquer de catastrophe. On attend la réponse de Lapindo Barantas avec impatience!
En Indonésie, l’existence de supressions dans les argiles traversées par les forages pétroliers sont assez fréquentes, car il y a des formations argileuses dites » sous-compactées », qui n’ont pas encore eu le temps, malgré qu’elles aient été enfouies à ces profondeurs il y a des millions d’années, d’expulser l’eau qu’elles contenaient. Quand des pétroliers expérimentés savent qu’ils auront à traverser ce type de formation, ils augmentent la densité des boues de forage, de manière à équilibrer la surpression. Mais il suffit d’un foreur maladroit ou sans expérience pour créer une catastrophe, en général la projection des tiges de forages hors du puits et même la destruction du derrick. En effet la poche d’argile se vide alors comme un ballon sous pression (pression très importante dans le cas des argiles profondes) dans lequel on fait un trou, et son contenu jaillit vers la surface.
Il ne serait donc pas très étonnant que la catastrophe ait été provoquée à l’origine par un foreur inexpérimenté. Mais son ampleur ne peut être due qu’à un volume tout à fait exceptionnel d’argile sous-compactées, de plus sans doute à température plus élevée que la moyenne si elles se trouvent dans une zone volcanique.