Laisser un ordinateur allumé 24/24 peut coûter cher. Brad Niesluchowski, qui gérait le parc informatique d’un lycée d’Arizona, a été contraint de démissionner. Son crime? Avoir installé une copie du programme SETI@Home sur les cinq mille ordinateurs de son employeur… Selon les responsables du lycée, ces milliers de machines bossaient depuis dix ans, 24h/24, au profit d’un projet qui n’est pas officiellement soutenu par l’institution: la chasse aux extra-terrestres. Plus d’un million de dollars auraient ainsi été perdus en énergie, pièces détachées et remplacement d’ordinateurs.
Un peu d’histoire pour ceux qui n’ont pas vu l’épatant «Contact» de Robert Zemeckis (1997), et/ou qui ne connaissent pas le SETI. A Porto-Rico, un radio-télescope espionne les ondes radio venu d’outre-Terre, dans l’espoir d’y déceler la présence d’un Cauet extrasolaire. Et faute de budget, les responsables du SETI ont diffusé, dès 1999, un programme qui s’installe comme économiseur d’écrans sur n’importe quel ordinateur. Ce SETI@Home récupère des données, et les analyse pour déterminer s’il y a quelque chose dans le bruit de fond de l’univers. En 1999, le projet avait fini par trouver… une peluche, une image d’ALF déposée sur le site du SETI par un hacker malicieux. L’histoire s’était même retrouvée imprimée, sous ma plume, en première page du Monde.
Niesluchowski est devenu une sorte de star dans la communauté du SETI. Des classements sont organisés, pour distinguer les plus généreux contributeurs. D’ailleurs, un responsable du SETI a même pris la défense du pauvre chercheur d’extraterrestres licencié, expliquant que le projet n’est pas une farce coûteuse mais de la vraie science. Mais il me vient une question. Sachant que ce responsable ayant si généreusement volé au secours du pirate des temps de calcul est haut-responsable chez Microsoft, tous les utilisateurs de Windows ne contribuent-ils pas, à leur insu, à la chasse aux martiens? Vite qu’on publie le code-source que chacun puisse vérifier!
Comme je l’ai déjà écrit, le calcul distribué est une formidable invention. Mais elle est pourvue d’un redoutable effet secondaire: alors qu’un centre de calcul bien ordonné peut limiter son impact énergétique, la somme de milliers d’ordinateurs bénévoles démultiplie la consommation d’énergie. Et aux Etats-Unis du moins, les ordinateurs roulent majoritairement au charbon. Vous savez, ce serial-killer dont peu de gens parlent…
(Oups, erreur de doigt, je recommence).
Il y longtemps qu’on n’avait pas parlé d’extraterrestre. Voilà un sujet rafraîchissant aprés les empoignades des extrémistes du climat (fera t-y chaud ou fera t-y pas chaud mon bon monsieur…).
Les martiens sont un bon sujet pour se faire peur ou pour s’amuser (au choix) à bon compte.
Je croyais jusque là que les chasseurs d’extraterrestres nous coutaient simplement un peu d’argent et j’apprends avec horreur par cet article qu’ils nuiraient aussi à la planète par le biais des ordinateurs en marche ! … Tout fout le camp!
Enfin, tant que la partie riche de l’humanité a le loisir de se quereller avec des sujets aussi futiles (dont le réchauffement climatique), c’est que cette partie du monde va bien. L’autre partie (la pauvre) est trop occupée à se sortir de la misère pour pouvoir se permettre ce luxe.
Vive la fraîcheur!
Brad n’ a pas du voir que les écrans de veille se trouvent dans la section « économie d’énergie »…
Sinon pour le calcul partagé il y a BOINC, qui regroupe plusieurs projets (dont SETI@Home), dont des simulations du climat, la recherche contre le cancer, etc…
Ce qui n’empêche pas d’éteindre son écran, si vraiment votre pc a du « boulot »!
Il n’y a pas qu’un écran allumé qui consomme de l’énergie. Dans la mise en oeuvre du calcul distribué, le processeur fonctionne à plein régime: il consomme plus, il chauffe plus, le ventilateur tourne plus vite.
SETI est tout de même un projet passionnant, initié principalement par l’astronome américain Carl Sagan, dont les ouvrages très accessibles sont aussi d’une grande fraîcheur!
Tu as raison Valéry. C’est pourquoi, j’éteins mon pc dès que possible!
En fait ça témoigne d’un énorme changement de mentalité par rapport à la décennie précédente. Auparavant l’informatique était considéré comme une charge obligatoire, maintenant c’est devenu un outil de production avec tout ce que ça comporte de nécessité d’optimisation des couts.
Deuxième point, c’est un changement sur l’idée qu’il existe une économie virtuelle détachée des réalités physiques (même si j’ai quand même des doutes sur le fait de lui imputer les pièces détachés vu le degré de turn over technologique qu’il existe dans l’informatique… ), auparavant faire tourner seti sur un ordinateur c’était « ne pas gaspiller du temps de calcul » aujourd’hui il faut contrebalancer ça avec les économies réalisées en ne faisant pas tourner seti…
C’est assez intéressant de voir ce qui arrive du coté des datacenters, pas mal d’idée d’optimisation énergétique, des centres serveurs à Hawai qui utilise la fraicheur des profondeurs des océans, un Londres qui au lieu de chauffer l’air va plutot chauffer un quartier, et même à Paris OVH qui compte installer ses serveurs dans des sous-sols d’immeubles pour alimenter les locataires en chaleur…
Je croyais que tu étais contre le chauffage électrique… ton opinion change si ça fait du data mining en plus?
J’ai pour principe de ne jamais pour ou contre quelque chose mais de me demander plutôt « quel monde veut-on construire avec (ou sans) ce quelque chose »…
Mouaaaaaaa !!!
On essaie un monde sans CO2 ?
Un monde sans CO2 je ne sais pas ce que ça veut dire, mais un monde qui permet de stabiliser la concentration de gaz à effet de serre à 450 ppm puis à la diminuer à 350 ppm en permettant de répondre aux objectifs du millenium de l’ONU, ça fait longtemps qu’on a une bonne idée de ce que ça pourrait donner…