L’énergie la plus sûre, c’est celle qu’on ne consomme pas

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

Il ne lui manquait que cela. L’EPR devra donc être équipé d’un logiciel revu et corrigé, à la demande de plusieurs autorités de sûreté nucléaire. De quoi rallonger la facture déjà astronomique de ce réacteur qui ne devait être qu’une évolution naturelle des centrales nucléaires à eau pressurisée, qui forment la majorité du bataillon à atomes.

Je ne pousserai pas de cris d’orfraie sur ce dossier. Nul ne sert de s’époumoner quand la décision de s’équiper coûte que coûte de l’EPR a été prise. Sans doute en dépit du bon sens, et en tous cas au mépris du débat public bidon organisé après coup, et au mépris du désormais célèbre Grenelle de l’environnement, lieu de repas de couleuvres à haute dose pour de nombreuses ONG.

Un nouveau logiciel pour l’EPR? Tant mieux, pourrait-on dire. Même si c’est bien évidemment le cochon de client qui devra payer la facture de l’incompétence des architectes informatiques (d’EDF? d’Areva? d’un sous-traitant mal surveillé?). Mieux vaut corriger un défaut avant la mise en service que découvrir après un grave incident qu’il en était responsable. Ce qui est tolérable dans le logiciel de gestion d’un lancement de fusée ne l’est pas quand on joue avec l’atome. Preuve est faite que l’exemplarité de la culture de sûreté de l’empire nucléaire français n’existe que dans l’esprit des adeptes de la méthode Coué. Arrêtons de vouloir nucléariser à tout crin les pans entiers de notre société qui ne le sont pas. L’énergie la plus sûre, c’est celle qu’on ne consomme pas.

29 commentaires

  1. Si les autorités de sureté exigent des changements, c’est bien la preuve que la culture de sureté n’existe pas. Si les autorités de sureté n’exigent pas de changement, c’est bien la preuve qu’ils sont de mèche avec l’industrie nucléaire. C’est pratique les pensées toutes faites…

    La vie la plus sûre, c’est celle qu’on ne vit pas. En second, c’est celle qui reposent sur les technologies les plus sûres. Le nucléaire donc. Arrêtons de mettre du fossile dans des pans entiers de notre société!

    1. DD voulait dire, l’énergie la plus sûre, c’est celle que les autres ne consomment pas.
      A moins que DD renonce à ses vacances en Italie, à chauffer ses gosses, à ne plus utiliser son ordinateur, etc… La vertu, il faut bien quelqu’un pour la définir, pour l’enseigner et pour l’exiger, mais finalement on attend avec impatience des modèles qui se l’appliquent à eux-mêmes au lieu d’en parler pour les copains…
      Surtout que dans le cas d’espèce, c’est de la gesticulation puisque les décisions sont déjà prises comme notre bloggeur favori le fait remarquer. Ça doit être difficile de vivre dans un monde de gens imparfaits, que dis-je de gorets qui veulent toujours plus…

      1. Bonjour Cher Abitol.
        DD Veut dire ce qu’il a écrit, qui est une paraphrase du slogan de Négawatt. DD peut aller en vacance en Italie en train ou en avion, chauffer ses gosses à 19 ou à 22, ne pas programmer de veille sur son ordi, rouler cool ou « allumer » au volant, etc. Dans chaqun de ces exemples (sauf peut-être l’ordi), la différence est de plusieurs dizaines de %.
        Quand à savoir si il applique ce qu’il prone: qu’en savez-vous ?
        Respectueusement.

      2. Cher Simon, je ne savais pas que DD avait besoin d’un avocat…
        Mais bon, je ne sais que ce que DD veut bien dire…
        C’est à dire qu’il craque quand même des fois pour du thon rouge, qu’il a 3 enfants (ce qui doit faire frémir peakoil et les autres malthusiens), qu’il confesse prendre l’avion (moins que Nicolas H j’imagine), etc…
        Rien qui me défrise personnellement, moi qui suis pour la liberté de chacun… mais est-ce raccord avec son discours ?

  2. Monsieur Delbecq, avant de traiter les autres d’incompétent dans un domaine ausi difficile, il faudrait peut-être balayer devant votre porte.
    Avec cette article vous tombez dans la fosse des hystériques anti-nucléaire où il n’y a plus de place pour le débat. C’est dommage.

    1. Et oui GML, les systèmes parfaits existent dans la tête de quelques génies. Le problème est que ce sont les incompétents qui créer et font marcher de mauvais systèmes !

  3. Tant de physiciens nucléaires sortis de l’X qui commentent sur le blog de Denis, c’est assez flatteur pour lui je trouve.
    Abitbol, GML et lecture, vous êtes de quelle promo ?

      1. Author

        Ah non, si vous aviez étudié l’énergie solaire, je m’en rappellerais…

      2. Et moi alors… 😉

    1. Un pro-nucléaire, comme chacun sait, c’est forcément un crâne d’oeuf sorti de l’X… tu es sur de ne pas avoir une vision caricaturale des autres?

      Hansen, c’est un X? Moore, avant de contribuer à fonder greenpeace, il a fait X aussi?

  4. Je n’ai pas suivi le débat, mais exiger une nouvelle version du logiciel me semble proche du ridicule.
    Le système doit sa survie à sa sécurité intrinsèque, pas une version ‘améliorée’ d’un quelconque programme. Sinon il suffit d’arrêter le calculateur pour être dépourvu de solution.
    Même l’éolien a compris cela, où les machines s’arrêtent toutes toutes seules, en cas de défaillance, car tout pilotage peut tomber en panne (de courant).
    Donc tout cela me dépasse un peu.
    Mais bon, c’est toujours de l’eau au moulin pour les anti-nucléaires primitifs :-))

    1. Sans être spécialiste du nucléaire, pour ce que j’en sais, la sécurité d’une centrale dépend de plusieurs chaînes de contrôle ou de surveillance en parallèle, certains effectivement en sécurité intrinsèque (toute panne conduit à un état sûr, comme la chute des barres dans le coeur du réacteur), d’autres constitués d’équipements informatiques de sécurité. Des logiciels de sécurité interviennent donc dans la démonstration de la sécurité de la centrale et doivent être conçus et validés avec précaution.

  5. Pour tous : je n’ai fais ni l’X, ni centrale, ni les mines parce que je n’ai pas pu mais je ne vais pas le reprocher à ceux qui ont fait mieux que moi (en terme d’études).
    Bravo à tous ces « mauvais » qui font marcher les « mauvais systèmes » dont je profite et qui font que je vis bien mieux que mes parents (qui le disent) et que mes grand-parents (qui me l’ont dit).

  6. Bonjour,
    Je viens de tomber sur une petite nouvelle: la quantité d’eau nécessaire à la production d’énergie.
    Il y a une belle table ici, qui montre (une fois de plus) que tout ce qui est agrocarburant possède un très mauvais bilan.
    Comme quoi, il y a des facteurs auxquels on pense un peu moins.

    1. Belle table en effet. Cependant, l’eau n’est pas consommée, elle est juste déplacée ( et polluée).

      1. Oui, mais si tu ne disposes pas de cette eau, la bécane ne marche pas.

  7. DDq, vous avez mille fois raison! Arrêtons de construire ces éoliennes pour produire une électricité dont nous n’avons nullement besoin, dont nous aurons encore moins besoin une fois faite cette réduction de consommation à laquelle vous aspirez, et qui coûtent deux fois plus cher à l’investissement par KWh produit que l’EPR, même équipé par un autre logiciel!

  8. Oui, Denis, l’énergie la plus sûre est bien sûr celle que l’on ne consomme pas.
    Il n’est que temps de réaliser que notre principal « gisement » d’énergie réside dans la sobriété et l’efficacité énergétique, dans les négaWatts. Un gisement accessible simplement, sans logiciel sophistiqué de contrôle-commande …
    Et piocher dans ce gisement là, c’est bien sûr le moyen le plus simple de renforcer notre sécurité et notre indépendance.
    Trop simple, peut-être, pas assez compliqué, sans doute ?
    Oui, c’est curieux, vraiment très curieux cette propension de l’homme à être attiré comme un aimant par la complexité et donc le risque.

      1. Abitbol, il n’y a existe sur cette planète des gens pour qui la vie ne se résume pas uniquement à des actes marchands.

      2. C’est vrai ça. Il y a aussi aussi des poètes. Rimbaud, Baudelaire… et Thierry Salomon.

        Abitol, il ne faut pas systématiquement voir des intérêts marchand partout. Ce n’est pas comme si M Salomon était propriétaire d’une boite facturant des études d’efficacité énergétique.

      3. Lecture : « C’est vrai ça. Il y a aussi aussi des poètes. Rimbaud, Baudelaire… et Thierry Salomon. »
        Il y a aussi des poètes qui faisaient du commerce d’armes, ce qui ne retire rien à leur génie…

      4. « il n’y a existe sur cette planète des gens pour qui la vie ne se résume pas uniquement à des actes marchands. »… comme vous et nous tous probablement.
        M. Salomon, êtes vous vraiment propriétaire d’une boite facturant des études d’efficacité énergétique ?
        Si oui, c’est trés bien mais alors ne jouez pas le Monsieur Propre offusqué derrière le paravent du « plus désinteréssé que moi tu meurs »..

      5. Author

        C’est marrant comment ceux qui se cachent derrière un pseudo en profitent pour taper sur ceux qui ont le courage de leurs opinions…

      6. Moi, ce que je trouve marrant c’est la négation « il n’y a… » qui sonne comme un lapsus à mes oreilles…
        Et puis, ce qui compte c’est la validité de l’opinion et non pas l’identité de celui qui l’exprime, non DD ?

      7. En passant, imaginons que 63 millions de français fassent des économies d’énergies. Non mieux que 350 millions d’européens fassent des économies d’énergies, et qu’ils réduisent de 25% leur consommation, OK ?
        Dans le même temps, 2,5 milliards de chinois et d’indiens aspirent à avoir ne serait-ce que notre consommation actuelle amputée de 25%…
        Alors, le mieux, c’est qu’ils brûlent du charbon, du pétrole ?
        Ou qu’ils achètent des centrales nucléaires françaises sûres dans quelques années parce qu’on essuie les plâtres de la conception chez nous aujourd’hui ?

      8. …disais Big Brother juste avant 1984.

        Quand au courage qu’il y a à défendre les opinions qui font gagner du fric à celui qui les émets… j’imagine que c’est de la poésie. Aaahhh la poésie!

  9. Ci-joint le compte-rendu d’une audition publique organisée à l’initiative de l’OPECST. Tous à vos journaux, pour lire le compte-rendu que ne manquera pas d’en faire la presse, en toute transparence.

    Retraitement d’uranium en Russie : l’OPECST saisit
    le Haut Comité pour la transparence
    et l’information sur la sûreté nucléaire

    L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques a organisé, mercredi 4 novembre, une audition publique ouverte à la presse visant à dresser le bilan des conditions de recyclage de l’uranium.

    Tous les acteurs concernés du secteur nucléaire étaient présents, et M. Claude Birraux, député, président de l’OPECST, les a invités à présenter leur point de vue. La sous-direction de l’énergie nucléaire a rappelé le cadre de contrôle des échanges internationaux des matières radioactives qui vise à prévenir les vols, les risques de prolifération, les atteintes à la sûreté, et à préserver la sécurité d’approvisionnement. Le CEA a présenté les trois circuits possibles de recyclage de l’uranium, à savoir le réenrichissement, la fabrication du combustible MOX, et l’entreposage en vue d’une utilisation comme combustible dans les surgénérateurs du futur, puis a distingué les procédés de réenrichissement, par diffusion gazeuse ou par ultra-centrifugation gazeuse. EDF a rendu compte des arbitrages économiques et technologiques qui l’amènent à faire appel à des installations d’ultra-centrifugation gazeuse en Russie. Areva a confirmé que ses installations actuelles d’enrichissement, utilisant le procédé de la diffusion gazeuse, étaient bien adaptées pour l’uranium naturel, et pas pour l’uranium de retraitement, d’une composition isotopique différente, mais qu’une usine d’ultra-centrifugation gazeuse était en cours de construction au Tricastin. L’IRSN est revenu sur la rupture créée par la disparition de l’URSS, à l’origine du surdimensionnement de l’offre russe en matière d’enrichissement de l’uranium, puis a détaillé les précautions de sûreté imposées aux transports de matières radioactives. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a rappelé qu’une matière radioactive prévue pour une utilisation ultérieure n’était pas un déchet nucléaire, a indiqué les précautions de sûreté spécifiques imposées par l’ultra-centrifugation, notamment pour la protection des travailleurs, et a précisé que celles-ci s’imposeraient à l’usine d’Areva au Tricastin ; l’ASN a également observé que la coopération avec son homologue russe à la surveillance de la circulation des matières radioactives était minimale.

    Les questions appuyées de M. Claude Birraux, député, président de l’OPECST, ont permis de mieux cerner la situation évoquée par le documentaire diffusé sur Arte du 13 octobre dernier : la prestation d’enrichissement d’uranium fournie par la société Tenex à Tomsk, en Sibérie, s’appuie sur un contrat inter-entreprises passé dans les années 80; l’usage en ce cas veut que le prestataire restitue la part d’uranium qui est effectivement enrichie, mais conserve la part d’uranium appauvrie résultante, de manière à pouvoir en extraire à nouveau de l’uranium enrichi, pour son propre compte, si une demande commerciale se présente. De la même façon, la société Areva conserve l’uranium appauvri résultant des prestations d’enrichissement d’uranium qu’elle effectue pour EDF; l’uranium appauvri joue le rôle d’un stock stratégique constituant une source d’approvisionnement alternatif en cas de tension technique ou commerciale sur l’approvisionnement en uranium naturel, soumis aux aléas de l’extraction minière.

    M. Christian Bataille, député, s’est fait préciser que les réacteurs nucléaires, pour des raisons de sûreté, devaient être spécialement aménagés pour utiliser comme combustibles les produits de recyclage de l’uranium, et que les 21 réacteurs utilisateurs de MOX et les quatre réacteurs de Cruas utilisateurs d’uranium de retraitement permettaient d’élever à 17% la part de combustible provenant du recyclage.

    Mme Marie-Christine Blandin, sénatrice, a dit sa déconvenue d’avoir découvert par une émission de télévision que le recyclage de l’uranium, présenté comme un atout essentiel de l’indépendance de la filière nucléaire française, s’effectue en pratique en Russie. Elle a dénoncé le fait que cette information ait été jusque là occultée, y compris dans le Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR) de 2007.

    La sous-direction de l’énergie nucléaire a reconnu que ce document ne fait mention que d’un réenrichissement « à l’étranger », mais a plaidé en faveur du chemin déjà parcouru vers la transparence, initiée par la loi « Bataille » de décembre 1991 relative aux déchets nucléaires les plus dangereux, puis élargie par une loi de juin 2006 à tous les déchets et matières radioactifs.

    L’ASN a confirmé que la nouvelle version du PNGMDR, publiée d’ici début 2010, prévoyait de mieux montrer la cohérence globale du cycle du combustible, et a souligné la reconnaissance par les instances internationales de deux « bonnes pratiques » françaises : le PNGMDR et l’inventaire national des déchets radioactifs, mis à jour tous les trois ans, qu’une directive en préparation pourrait imposer dans chaque pays membre de l’Union européenne.

    M. Jean-Claude Etienne, sénateur, premier vice-président de l’OPECST, a constaté l’impact médiatique provoqué par la série récente d’incidents dans le domaine nucléaire, tandis que M. Michel Lejeune, député, a souhaité profiter de la présence des acteurs concernés pour mieux comprendre la portée de la déclaration conjointe des trois autorités de sûreté française, finlandaise et britannique à propos du système de contrôle-commande de l’EPR. Les représentants de l’ASN ont expliqué que le retentissement des décisions de l’Autorité était la contrepartie d’une démarche délibérée de transparence, et d’un relais démultiplicateur dû à une attention internationale croissante. En l’occurrence, c’est une demande d’informations complémentaires qui a été formulée, relativement à des points techniques repérés par l’IRSN comme insuffisamment documentés. EDF et Areva ont indiqué que les explications complémentaires seraient fournies dans des délais ne gênant pas la poursuite de la construction des EPR en chantier.

    En conclusion, M. Claude Birraux s’est félicité d’un échange sans a priori et sans tabou, ayant permis d’aller jusqu’au bout de la compréhension des enjeux. Il a indiqué qu’il avait saisi, au nom de l’OPECST, le Haut Comité pour la transparence et l’information sur la sûreté nucléaire de la question des échanges internationaux liés au retraitement de l’uranium, afin que celui-ci formule, le cas échéant, des recommandations sur l’amélioration de la transparence dans ce domaine.

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