Journée historique pour l’écologie dans une Europe qui ne changera pas

Ça pleurait de joie, hier soir, à la «Bellevilloise», le QG de la soirée électorale d’Europe-Ecologie. Et on comprend pourquoi. A l’automne, personne ne pariait un kopeck sur ce rassemblement hétéroclite, construit sur la logistique du parti des Verts. Et le slogan, «on fera 10+x%» montrait l’ambition de Cohn-Bendit et de sa joyeuse bande.

Finalement, le «x» n’était pas un «upsilon», et Europe-Ecologie a fait une formidable campagne. La seule, sans doute, qui parlait d’Europe. A droite, on parlait du passé, la présidence française de l’UE. Bayrou, lui se croyait à la Présidentielle. Au PS, on était inaudible. Et j’avais bien rigolé en entendant un responsable du parti dans un débat il y a deux semaines expliquant que le PSE créerait «dix mille emplois avec la croissance verte»…

Les mauvais perdants ont beau jeu de considérer la diffusion de Home, l’opus planétaire d’Arthus-Bertrand comme un trac électoral écologiste. A voir les rayons d’une FNAC parisienne ce samedi, je croirai plutôt à un long spot à la gloire de Pinault, qui a formidablement récupéré sa mise de dix millions, et qui fait afficher les images de YAB pour vendre ces écrans plats géants si gourmands en énergie.

Hier soir, à la «Bellevilloise», on a beaucoup vu Jadot, qui n’avait pas été sollicité pour les directs des grandes chaînes du PAF. Etonnamment bronzé et détendu après un marathon électoral de plusieurs semaines, il prenait son pied en répondant aux journalistes. Stagiaires pour la plupart, tellement les médias ont pris Europe-Ecologie au sérieux. On a aussi entendu un Stéphane Hessel survolté même si ses mots doux pour Rocard on fait grincer quelques dents.

Bizarrement, en dépit des sourires, les militants buvaient leur bière d’un air soucieux en scrutant l’écran géant qui diffusait le plateau électoral de France 2. Car le plus important pour eux hier soir, c’était de savoir si Karima Delli, numéro quatre de la liste en Ile de France, gagnerait son billet pour le Parlement européen. A force de scander son nom, ils lui ont arraché le précieux sésame.

Dans la grande région «Centre», il y en a un qui a aussi gagné un ticket inespéré, mais c’est beaucoup moins drôle puisqu’il s’agit du triste Hortefeux. Qui respecte tellement ses électeurs qu’il devrait rester au gouvernement. D’ailleurs, son patron Barnier, ne rêve qu’une chose, faire un bras d’honneur à ses électeurs pour retrouver un poste de Commissaire européen.

Au final, Europe-Ecologie enverra autant de députés à Bruxelles/Strasbourg que le PS français. Il n’y a plus qu’à espérer que le PS comprenne qu’il fonce dans le mur depuis un paquet d’années. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Les Verts européens auront 51 sièges, une petite dizaine de plus qu’avant, selon les projections provisoires. Ils pèseront donc un peu plus sur les compromis permanents du Parlement Européen. Mais, si la droite (PPE) perd sans doute un siège (à 267 élus), le PS Européen s’effondre, en passant de 200 à 159 députés…

Bref, l’UE n’est pas près de changer. On va retrouver Barroso et ses sbires, qui jouissent à chaque nouvelle directive d’ouverture à la concurrence. Pas étonnant que la majorité des européens n’ont pas déposé leur bulletin.