Il y a dix huit mois, je vous avais raconté combien le Lima était un Pérou pour les amateurs de glace. Aujourd’hui, on pourrait ajouter que c’est aussi le Pérou pour les amateurs de manchots. Lima a permis de découvrir dix nouvelles colonies d’empereurs sur le continent glacé (1).
Lima, c’est une gigantesque fresque d’images prises par le satellite Landsat, et mise en ligne en 2007. Elle couvre aujourd’hui entre 85% et 95% des côtes Antarctiques, qui hébergent les colonies de manchots huit mois par an. Et comme la neige est blanche, tout ce qui ne l’est pas se voit comme le nez au milieu de la figure, à condition de passer de longues heures à scruter les images. Une colonie de manchots, ça en fait de la merde qui souille la blancheur du grand continent!
C’est ce qu’ont fait deux chercheurs du British Antarctic Survey. Ils ont identifié au total 38 colonies de manchots empereurs. Six sites supposés abriter l’animal ont été démentis, et dix nouvelles communautés ont été repérées. Les animaux, rassemblés en groupe de milliers d’individus, restent à Terre de mai à décembre. La femelle pond un seul en mai, le refile à son compagnon chargé de couver avant de partir à la pêche pour deux mois et de régurgiter ensuite la nourriture (2)! Il y aurait entre deux cent et quatre cent mille couples de manchots empereurs en Antarctique.
Evidemment, c’est le hasard qui a permis ce nouvel inventaire: les tâches brunes, signe de l’occupation de ces oiseaux-qui-ne-volent-pas, ont été remarquées par l’un des chercheurs à l’emplacement connu d’une colonie. Suffisamment intriguant pour fouiller le sujet.
(1) Voir l’article dans l’édition de Global Ecology and Biogeography du 1er juin.
(2) Pour ceux que les mœurs des manchots intéresse, lire ce papier que j’avais écris en 2000 dans Libé, à propos des étonnants aptitudes du manchot royal de Crozet à garder du poisson frais dans l’estomac pendant plusieurs semaines.