La crise et la chute spectaculaire du prix du brut ont sans doute refroidi les ardeurs des chercheurs de pétrole pour quelques temps. Mais dans les labos, ça bosse si j’en crois Technology Review, la revue du MIT, qui explique l’amélioration d’un procédé pour extraire le pétrole des schistes bitumineux.
Plongé dans le pétrole jusqu’au coup depuis trois mois pour des raisons professionnelles, je me suis penché sur la question des réserves non conventionnelles. On entend souvent parler des sables bitumineux (Tar sands) dont l’exploitation à ciel ouvert dévaste l’Alberta canadien, en polluant l’eau et tuant les oiseaux migrateurs par milliers. Mais il y a pire, bien pire sans doute. Car après les sables chargés d’un pétrole épais comme du goudron, les compagnies pétrolières se tournent vers les schistes bitumineux (Oil shales).
Ces schistes sont des roches sédimentaires, dures, qui contiennent du kérogène, à raison de quelques %. On les exploite çà et là depuis des décennies, comme en Estonie qui en tire aujourd’hui l’essentiel de sa production électrique. Jetée dans une chaudière, la roche libère son kérogène qui brûle, et laisse des amas gigantesques de déchets dont on ne sait que faire. Un combustible de très mauvaise qualité qui pousse les industriels à trouver d’autres pistes, pour cuire la roche et en extraire du pétrole brut et des gaz.
Pour les pétroliers, et pour l’environnement, le plus simple serait d’exploiter les gisements in-situ, sans devoir extraire des monceaux de roches. D’où l’idée d’aller chauffer le sous-sol pour en extraire l’hydrocarbure et le pomper en surface. Et il y a de la ressource, surtout aux Etats-Unis qui recèleraient plus de huit cent milliards de barils de pétrole récupérables (pour une consommation annuelle de 8 milliards dans le pays), près de 73% des réserves de schistes bitumineux de la planète. Mais attention: il faudra beaucoup beaucoup d’eau pour espérer en extraire ne serait-ce qu’une partie.
Le procédé évoqué par la Tech review consiste à plonger un nouveau type de câbles en guise de radiateurs dans les gisements. En chauffant fortement, l’hydrocarbure est extrait de la roche et gagne les puits de pompage. Mais il y a un hic de taille. Je ne parle pas du prix de revient (estimé à 75-90$ le baril aux Etats-Unis) puisque le pétrole finira bien par retrouver des cours qui le permettent, au delà des 140$ le baril atteints en 2008 avant l’hallali économique. Non, il s’agit d’une limite physique: dès lors qu’on dépense plus d’énergie pour extraire une source d’énergie, on jette l’éponge et les réserves de schistes ne sont pour une bonne part que de la poudre aux yeux.
Surtout avec un procédé d’extraction qui repose sur la fée électricité, dont la production dans les centrales thermiques expédie dans la nature les deux tiers de l’énergie de départ sans autre forme de procès. Shell, qui a développé sa propre technique de chauffage électrique, affirme récupérer 3 à 7 fois plus d’énergie qu’elle n’en dépense. Alors que pour certains gisements de sables bitumineux (bien plus facile à exploiter), la proportion n’est parfois que de 2 pour 1… Mais en tous cas, une chose est sûre. On n’en a pas fini avec les méfaits du pétrole.
• Pour en savoir plus, la vidéo de promo d’une firme américaine spécialisée dans l’exploitation des schistes:
@Abitbol (l’homme qui prétend n’avoir aucune croyance, ce que je ne crois pas)
Je vous propose de calculer votre EROEI de participation à ce site. Vous pourriez ainsi évaluer la valeur à accorder à votre intervention sur le sujet traité et faire la part des choses parmi les intervenants.
Quand je discute de gestion des ressources (excusez-moi du gros mot), je ne vois rien qui m’indique que le problème soit pris en compte à sa juste valeur. L’argument qu’est d’attaquer l’autre sur le catastrophisme ou la soi-disant croyance dogmatique révèle un manque criant d’argument. C’est faible. Dommage, j’aime les contre-arguments (preuve qu’on avance).
Je vous conseille le documentaire québécois ‘L’Erreur boréale’ qui se penche sur gestion du bois de la forêt boréale, il est très instructif et révélateur de l’incapacité de l’homme à gérer les ressources disponibles sur le long terme. Il montre comment la technique permet d’accélérer l’exploitation de la ressource et donc d’accélérer son non renouvèlement dans le cas de renouvelable.
Côté actualité, ce matin sur Inter, j’entends le Père Fillon se réjouir du prix bas des matières premières et qu’il faut y voir un signe positif pour une future reprise de la croissance (ou de la croyance, c’est selon). Le pauvre, il ne lui reste plus que cela et son édifice de croyance est en décroissance.
@PO
Quand tu discutes de gestion de ressources, ce que tu vois ou non a-t-il une importance ?
Et ce que tu penses de la juste valeur de ce problème est-il crucial ?
C’est le genre de question que tu devrais te poser PO.
De plus, quand tu énonces une contre vérité flagrante, (Hubbert a prédit le pic mondial du pétrole, etc.), que je te le dis et que tu réponds en disant que ce n’a pas d’importance… que veux-tu que je trouves comme contre argument à ta folie ?
Tu ne vois pas que j’essaie de t’aider ? Va voir un médecin.
@Abitbol. » In 1974, Hubbert projected that global oil production would peak in 1995 at 40-GB/yr «
@ Tous – sauf les sceptiques de la déplétion des ressources qui n’ont aucun argument.
Les médias classiques et nos élites ne font pas leur boulot. Ils en sont réduits à faire des paris. Ils n’ont aucune explication à donner sur ce qui se passe actuellement et ce qui va se passer. Ils devraient se ranger en ordre de bataille pour comprendre la crise et travailler au finish à décortiquer la complexité qu’ils ont laissé se développer dans notre système élaboré mais fragile. Ils devraient mobiliser toutes les forces de la société au lieu de faire un pari sur une hypothétique reprise (qui si elle arrive, crèvera dans l’œuf). Ils sont décevants avec insistance.
Ils sont paumés et ils le montrent. Cela devrait vraiment nous inquiéter. Profitons de la chance que nous avons d’être dans un semblant de démocratie pour taper sur ces irresponsables qui prétendent nous gouverner aux prochaines élections. Quand essaieront-ils de comprendre le monde qui nous entoure et nous conditionne au lieu de s’aligner sur l’ignorance dominante ? Quand arrêteront-ils de vendre de l’illusion. Le politique doit s’éduquer et éduquer mais il est bien tard et bien des mensonges ont déjà été faits.
Comme il est mis en évidence dans le très bon livre « C’est maintenant ! ».
La gauche propose encore : « Travailler moins pour gagner plus »
La droite propose encore : « Travailler plus pour gagner plus »
La réalité impose désormais : « Travailler plus pour gagner moins »
Pour comprendre la crise, The Oil Drum et Energy bulletin sont de très bons sites.
http://www.energybulletin.net/node/48731
@Lecture, j’entends par gisement classique le gisement situé en profondeur et dont on ne peut récupérer le pétrole que par pompage, éventuellement assisté par des techniques de récupération. L’offshore et les huiles lourdes du Venezuela font partie des gisements classiques. Les réserves correspondantes représentent 90 % des réserves initialement contenues dans les gisements connus et se trouvent pour moitié dans 53 gisements supergéants découverts avant 1970. C’est donc par acquit de conscience qu’il faut citer les gisements non classiques: parmi ceux-ci, il n’y a guère que la partie des sables bitumineux affleurant en surface qui représentent quelque chose de non négligeable ( la partie profonde, exploitable uniquement par forages, est un gisement classique). Cette partie superficielle est récupérée en découverte, avec des scrapers, puis traitée en usine, et le taux de récupération peut être ainsi plus important que pour un gisement classique. Et surtout, le débit est ici proportionnel au volume de roche traité. Les quantités récupérées sont donc proportionnelles à l’énergie fournie. Alors que dans un gisement classique, il diminue une fois la moitié environ des réserves initiales extraites, et employer des quantités de plus en plus grandes d’énergie pour l’extraction n’y change pas grand chose, comme le montrent concrètement les profils de production des gisements en fin de vie qui font l’objet d’acharnement thérapeutique!
En plus du pétrole « naturel », sous forme de gisements classiques ou non classiques, il y a le pétrole artificiel, ce qu’on appelle les XTL: biocarburants, GTL, CTL, huile de schiste tirée des schistes bitumineux. Leurs débits ne seront pas suffisants dans l’état actuel des investissements pour compenser la diminution de débit de la production pétrolière. Mais bien sûr dans ce cas, si on y met le prix, de l’énergie, et si on n’est pas regardant sur les conséquences environnementales, on peut faire mieux.
@ Romu, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, les véhicules étaient encore rares. Le mode de vie était-il idyllique pour autant? Je n’en ai pas l’impression. Croyez-vous que le retour au vélo et à l’autocar va résoudre nos problèmes de société?
C’est comme pour tout, ce n’est jamais blanc ou noir, mais gris, et je peux tout aussi bien vous retourner la question : croyez vous que l’électrification massive du parc automobile va résoudre nos problèmes de société?
Ce qui est certain, c’est que si ça produit ça ne règlera en rien les problèmes d’urbanisme actuels.
Après le peak oil (limite de l’offre) … le peak demand (limite de la demande) … voici maintenant le gap oil … (limite du débit de l’offre) …
http://www.techniques-ingenieur.fr/article/article_5754/pic-petrolier—redoutez-plutot-le-gouffre-petrolier–.html
Ce Chris Rhodes est fâché avec les chiffres! Mais fondamentalement, le raisonnement est correct! Et la disponibilité de pétrole sur le marché international est en effet ce qui règlera la consommation dans des pays sans ressources comme le nôtre! Et ce sont les pays qui se seront rendus d’ici là les moins dépendants du pétrole qui s’en sortiront le mieux, et qui feront descendre, provisoirement, la fièvre sur le marché. Conclusion, roulez moins vite, apprenez à vous servir d’une bicyclette et achetez une voiture électrique!