Lire dans la liste des mots-clefs d’un papier scientifique sur les requins qu’on va parler de harcèlement sexuel n’est pas banal. Et pourtant, c’est bien ce qui semble se passer dans les eaux du Pacifique, avec Isurus oxyrinchus, un proche cousin du «grand blanc» réputé être le plus rapide nageur de sa famille (70 km/h sans dopage!). Car l’animal est un vulgaire macho au point que les mâles et les femelles ne croisent pas dans les mêmes eaux.
Pourquoi parler de la ségrégation sexuelle chez le requin mako? Parce qu’elle ne serait pas sans influence sur les conséquence de la pêche au squale que mènent d’autres animaux tout aussi machistes, mais armés d’hameçons de gros calibre.
Ce requin pratique donc la ségrégation sexuelle. Après tout, cela ne nous regarde pas. Nous avons déjà fort à faire sur ce sujet avec nos semblables. Et la raison —chez ces requins— ne serait pas alimentaire, ni thermique, car les chercheurs n’ont pas trouvé la moindre corrélation avec une foule de paramètres physiques. Bref, Isurus oxyrinchus, à en croire les travaux d’une équipe de scientifique, publiés dans Biology letters (1), une des revues de la Royal Society britannique, est un pur macho social. Les femelles se regroupent dans l’est du Pacifique quand les mâles préfèrent l’occident de cet océan.
A vrai dire, il semblerait que les femelles soient plus «sioux» que les mâles, car elles croisent dans des eaux moins fréquentées par les pêcheurs. Mais du coup, cette ségrégation que l’homme n’a pas cherché aggrave les risques que fait peser la pêche sur cette espèce. Car à jouer le jeu des femelles en allant pêcher dans les eaux fréquentées presque exclusivement par les mâles, on risque d’accélérer la réduction de la population de ces athlètes socialement étranges. D’aucuns diraient qu’il faut pêcher plus à l’Est pour rééquilibrer cette population. D’autres, dont je suis, diraient plutôt: «Et si on leur f… la paix!»
(1) Edition du 25 février 2009.