AEP4. Retenez ce sigle. Il désigne un véritable casse-tête pour les spécialistes de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) qui conduisent les mesures sur le terrain, après la fuite d’effluents uranifères sur le site nucléaire du Tricastin. Hervé Morin raconte dans le Monde hier comment ce point de mesure AEP4, situé chez un particulier (on l’appellera monsieur X) donne des résultats étranges. D’abord, la teneur en uranium constatée baisse semble-t-il moins vite qu’elle le devrait. Et surtout, il y a plus d’uranium dans l’eau du robinet de ce particulier, que dans celle du puits qui l’alimente…
De plus, la nappe phréatique affiche des valeurs trop élevées, dix fois plus que le « bruit de fond » normal. Et ce n’est pas logique, compte tenu de la vitesse à laquelle l’uranium se diffuse dans le sol et l’eau. Bref, ces valeurs ne s’expliqueraient pas par le rejet accidentel, selon l’IRSN… Autrement dit, cet uranium serait là depuis plus longtemps. D’ailleurs, cela pourrait expliquer la concentration relevée au robinet de monsieur X: de l’uranium aurait-il pu s’accumuler dans ses canalisations? L’uranium provient-il d’autres incidents qui n’ont jamais été déclarés?
A la lueur de ces relevés, et de l’incroyable lenteur de l’alerte au Tricastin, il est donc urgent de se pencher sur le fonctionnement de l’usine Socatri du Tricastin. C’est bien évidemment ce que font l’Autorité de sûreté et l’IRSN. Mais quoi qu’elle découvre, cette fuite —aussi peu dangereuse soit-elle— montre qu’il y a des fuites dans le dispositif de radioprotection français… Rassurant, non?
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