On pouvait s’en douter, mais une bonne série de chiffres permet d’en avoir le coeur net. Quand on se préoccupe de l’impact de la bouffe qu’on avale, mieux vaut s’intéresser au « Comment » elle est produite, avant de se poser des questions sur le « où ».
Ces travaux viennent des Etats-Unis, mais ils ne doivent pas être loin de décrire la situation qui prévaut chez nous. C’est une équipe de l’Université de Carnegie-Mellon qui s’est attelée à la tâche et publie ses conclusions dans Environmental science and technology.
Aux USA, l’alimentation pèse 13% des émissions de carbone des foyers, en tenant compte de tout. Les chercheurs ont aussi bien comptabilisé le carbone et les autres gaz à effet de serre émis dans les fermes, pour le transport et pour la préparation culinaire. Le transport ne pèserait que 11% de la contribution de l’alimentation. 83% seraient émis pour produire les aliments.
Comme élément de comparaison, le duo calcule que le recours systématique aux aliments produits localement revient à rouler 1500 km de moins en voiture. (Je passe sur la différence de consommation des véhicules entre Europe et USA). Par contre, remplacer une fois par semaine de la viande rouge par du poulet, du poisson ou des œufs économise l’équivalent de 1000 km.
Bref, moins on mange de vache, mieux la planète se porte. Quand à ceux qui mangent peu de viande, ils doivent plus se préoccuper de l’origine de leurs légumes: à être vertueux dans ses choix culinaires, on renforce le poids du transport depuis le lieu de production!
Depuis qu’on commence à affiner les études d’impact on retrouve des résultats surprenants par rapport à la doxa du « food miles ». Par exemple une étude l’université de l’université de Cranfield a calculé que les roses kenyanes qui arrivaient par avion en Angleterre nécessitaient de dégager moins de CO2 que les roses cultivaient aux Pays Bas (serre + produits chimiques).
Par contre si on fait la comparaison avec les serres hollandaises les plus récentes (chauffage solaire avec stockage de chaleur saisonnier et agriculture de précision) alors ce sont les Pays Bas qui sortent gagnants… (étude du LEI de La Hague)
Pour donner un autre exemple pour l’environnement il est moins nocif en Angleterre de consommer de l’agneau bio de Nouvelle Zélande (élevé en paturage et arrivant par bateau) que de l’agneau anglais conventionnel (local mais élevé avec des compléments alimentaires).
( http://dspace.lincoln.ac.nz/dspace/bitstream/10182/144/1/aeru_rr_297.pdf )
Les deux questions « où ? » et « comment ? » sont à prendre en considération avec la même importance. Le système d’étiquetage de l’empreinte carbone devrait apporter dans les années à venir des éléments de solutions. Pour l’instant, le système est très peu fiable et beaucoup d’améliorations sont nécessaires telles que le cadre des calculs des émissions de CO2 ou l’homogénéisation des standards des mêmes calculs. Tesco en Angleterre et Monoprix en France expérimente en ce moment le système et cela pourrait bientôt aider le consommateur à choisir de manière responsable.
Je vois que le lobbying continu sur ce blog et les contrevérités s’accumulent façon terril !
Denis réagit stp.
Ahem, quand je vois mélanger pourcentage et valeurs absolues, je trouve ça louche.
Parce que si l’alimentation compte pour 13% d’émission et que le transport représente 11% de ces 13%, ça veut dire que supprimer TOUT transport, ce que même une production locale ne permet pas, n’entraïnerait qu’une baisse de 1,3% des émissions! Ca reste de l’ordre de grandeur du bruit, parce que ça m’étonnerait que qu’on sache à 5% près ce que chacun émet (calculer le bilan carbone d’une chemise made in Bangladesh avec du coton chinois ou d’une fraise sous serre du Lot ayant transité par Rungis, bon courage).
Quand on sait qu’un automobile ou un chauffage central récent bien entretenu consomme facilement jusqu’à 30% de moins que son équivalent d’il y a 20 ans, les chiffres laissent rêveur.
Mais bon, si le con sommé local peut donner bonne conscience, pourquoi pas. La logique froide des chiffres n’a plus aucune importance dans la rationnalité post-moderne.