Les humains abîment les océans. Une lapalissade, d’ailleurs, puisqu’il ne faut pas rêver. Impossible de loger six milliards, et bientôt huit ou neuf, de terriens sans dégâts collatéraux. Mais il est tout aussi évident que les sociétés humaines pourraient faire beaucoup plus pour limiter au maximum leurs empreintes sur les mers du globe.
Une palette impressionnante d’universités et centres de recherches américains publient pour la première fois une carte montrant notre impact sur les océans. Une carte dont l’objectivité, et la méthode, seront à n’en pas douter critiquées. Mais une bonne base pour comprendre, et suivre à l’avenir les conséquences de nos efforts, ou de nos absences d’effort, sur la vie marine.
Inutile de dire, que le constat est sévère. 41% de la surface des océans présente des traces très importantes de l’insouciance humaine. Aucune région n’y échappe complètement d’ailleurs. La méthode choisie par les chercheurs tente de globaliser l’ensemble des menaces: surpêche, réchauffement climatique, pollutions, etc. Avec tous les biais que peuvent introduire ces agglomérations de chiffres et de paramètres qui n’ont pas toujours de rapport les uns avec les autres. Mais à parcourir la carte, on n’est franchement pas surpris.
Les zones les plus abîmées sont les côtes européennes, notamment au nord de la Grande-Bretagne et de l’Irlande, la Manche. En Asie, le littoral chinois, japonais et indochinois ainsi que quelques portions des côtes indiennes et du Golfe Persique. Côté Atlantique, il y a bien évidemment le nord-est des Etats-Unis et l’est canadien, Terre-Neuve en tête, ainsi que les Caraïbes.
Ensuite, dans la catégorie « impact important », on trouve la quasi-totalité de l’océan Atlantique Nord jusqu’à l’équateur, une bonne partie de l’Atlantique Sud, côté amérique du Sud, le sud de l’Afrique et une grande partie du Pacifique. De vastes régions portent aussi peu de traces, sans doute parce que la pêche n’y est pas très rentable.
Les seules régions —4% de la surface totale des océans— encore très peu agressées par l’homme sont bien évidemment les plus hostiles et les moins habitées: les régions polaires. La violence des éléments, et le caractère de sanctuaire du grand continent Antarctique ont jusqu’à présent empêché les agressions les plus violentes. Mais les batailles de souveraineté qui se profilent dans l’océan Arctique en prévision de l’ouverture de routes maritimes, au moins l’été, ne sont pas de bon augure.
On notera tout de même qu’un pays reste bordé d’eaux très peu abimées. La frange littorale au nord de l’Australie affiche en effet très peu de dégradations. Une sorte d’îlot de préservation dans une planète bien en peine.
[MAJ] L’Université de Californie à Santa Barbara a mis en ligne un utilitaire qui permet de visualiser la carte des océans dégradés dans le logiciel Google Earth. Il suffit de cliquer sur le lien pour télécharger un fichier qui lance automatiquement Google Earth et de patienter quelques secondes (ou minutes, car il y a du trafic…). Grâce aux possibilités de zoom, on y découvre par exemple que le littoral méditerranéen français reste relativement préservé, à de rares exceptions près, contrairement aux côtes Atlantique et de la Manche. A ne pas manquer.
(1) Science. Edition du 15 février 2008.
Image © B.S Halpern
Si je me souviens bien les pays scandinaves considèrent maintenant que la mer Baltique est une mer « morte » et donc que plus rien ne peut être fait pour sauver la vie là dedans. (enfin j’imagine que les méduses vont s’y plaire)
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Le lendemain, 12 avril, le Nautilus s’approcha de la côte hollandaise, vers l’embouchure du Maroni. Là, vivaient en famille plusieurs groupes de lamatins. C’étaient des manates qui, comme le dugong ou la stellère, appartiennet à l’ordre des syréniens. Ces beaux animaux, paisibles et innofensifs, longs de six à sept mètres, devaient peser au moins quatre mille kilogrammes. J’appris à Ned Land et à Conseil que la prévoyante nature avait assigné à ces animaux un rôle important. Ce sont eux en effet qui, comme les phoques, doivent paître les prairies sous marines et détruire ainsi les agglomérations d’herbes qui obstruent l’embouchure des fleuves tropicaux.
Et savez vous, ajoutais-je, ce qui s’est produit depuis que les hommes ont presque entièrement annéanti ces races utiles ? C’est que les herbes putréfiées ont empoisonné l’air, et l’air empoisonné, c’est la fièvre jaune qui désole ces dmirables contrées. Les végétations vénéneuses se sont multipliées sous ses mers torrides, et le mal s’est irresistiblement développé depuis l’embouchure du Rio de la Plata jusqu’aux Florides ! Et s’il faut en croire Toussenel, ce fléau n’est rien encore à coté de celui qui frappera nos descendants, lorsque les mers seront dépeuplées de baleines et de phoques. Alors, encombrées de poulpes, de méduses, de calmars, elles deviendrons de vastes foyers d’infection, puisque leurs flots ne possèderons plus ces « vastes estomacs, que Dieu avait chargé d’écumer la surface des mers. » »
Jules Vernes – Vingt mille lieues sous les mers.
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