N’étant pas très doué en cosmétiques, j’ai découvert avec intérêt un communiqué d’Oceana (1) qui explique qu’Unilever va cesser d’utiliser une molécule tirée du foie de requin… Et là, les bras m’en tombent. D’ordinaire, quand on parle d’extinction des squales, on cite plutôt les populations asiatiques, notamment chinoise, qui mangent de l’aileron à tour de bras et jetteraient le reste. On en a vu des papiers et des documentaires qui racontent ça. Mais finalement, européens et américains ne valent pas mieux, sauf qu’ils ne savaient pas plus quoi moi qu’on trouvait du requin dans les crèmes, lotions et autres substances anti-âge…
La molécule en question est le squalene. Une huile qui a la propriété de pénétrer rapidement dans la peau, sans laisser de gras en surface. Du bonheur pour fabricant de crèmes et lotions. D’un point de vue chimique, c’est un hydrocarbure plutôt lourd (trente atomes de carbone et cinquante d’hydrogène) qui est fabriqué par de nombreux organismes vivants, animaux, humains et certaines plantes. Chez le requin, le squalene est stocké dans le foie, parfois en grandes quantités, notamment dans les espèces de grande profondeur.
Sur un site de vente de produits miracle, on explique qu’il n’y a pas de risque d’extinction des requins de profondeur car, je cite, «ils sont ovipares (2) et se reproduisent rapidement». En revanche, on laisse entendre que le squalene soigne cancers, « maladies modernes » et tout le toutim, et vous requinque en moins de temps qu’il ne faut pour le dire…
Bref, il n’y a pas de petit profit. La bonne nouvelle dans tout cela, c’est qu’on peut très bien produire du squalene cosmétique à partir de l’olive, et paraît-il pour moins cher. C’est ce que fera Unilever pour ses produits dans les prochains mois, dans les traces de L’Oreal et de nombreux autres industriels. C’est toujours ça de pris pour les bêbêtes à terreur…
(1) Une organisation de défense des océans basée à Washington.
(2) C’est un peu plus compliqué que cela.