Dans Nature cette semaine (édition du 1er novembre), une équipe anglo-américaine s’est penchée sur l’avenir des récifs coralliens des Caraïbes. Comme partout sur la planète, les coraux prennent des coups et les mutations des écosystèmes marins sont profondes.
Dans les Caraïbes, observent Mumby, Hastings et Edwards, les récifs paient un lourd tribut aux passages de gros cyclones. Quand Allen s’est abattu en 1980 sur la Jamaïque, la superficie des récifs de l’île connaissait une lente croissance. Elle a brutalement chuté de moitié, avant de reprendre un peu de poil de la bête. Le même scénario s’est reproduit en 1988 avec l’ouragan Gilbert. Mais cette fois, aucune reprise n’a été constatée, et les récifs ont continué à reculer.
Car entre-temps, un autre mécanisme est venu se greffer sur l’écosystème. Victime d’une sale maladie, l’oursin Diadema antillarum a subi une hécatombe à partir de 1983. Or cet oursin affectionne tout particulièrement les petites algues qui se développement sur les coraux. Les algues ont donc tout naturellement proliféré sur le dos de leur prédateur disparu, et les récifs, de véritables nurseries à poisson, reculent rapidement.
Les trois chercheurs s’estiment encore incapables de déterminer si cette mutation est irréversible, où si un coup de balancier viendra remettre de l’ordre dans les fonds sous-marins. Mais ils préconisent d’aider à la survie des populations de poissons-perroquets, qui contribuent eux-aussi à l’élimination des algues. Quant à l’oursin, il serait en voie de guérison. Ce n’est pas si souvent que j’ai le plaisir de vous raconter une histoire qui pourrait bien finir.
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