a lecture de l’expertise présentée mardi par le professeur Belpomme, cancérologue, en dit long sur le syndrome qui frappe les gouvernements français dès qu’on aborde l’épineuse question des pratiques agricoles. Et notamment le préambule de l’étude, qui détaille l’histoire des investigations officielles sur la contamination des Antilles françaises par des pesticides redoutables (1).
Dès la fin de 2003, raconte Belpomme, il avait été demandé à l’Assemblée nationale la création une commission d’enquête parlementaire sur l’utilisation du chlordecone. Un produit efficace pour la protection des régimes de bananes contre un charançon mais particulièrement insidieux. Sauf à manger la peau, aucun risque d’en ingérer en mangeant le fruit. Mais c’est à peu près la seule plante qui en réchappe. Le pesticide se diffuse dans le sol et dévale avec l’eau les pentes de la Martinique et de la Guadeloupe. Il pénètre ensuite, avec l’eau, par les racines de toute la végétation qu’il rencontre, notamment des aliments racines (patate douce, ignames, carottes etc.). Interdit en 1990, le chlordecone a été utilisé de manière dérogatoire dans les DOM jusqu’en 1993, sous la pression des planteurs. Aux Etats-Unis, il était banni depuis 1976… Le chlordecone ne se dégrade dans les sols qu’au bout de plusieurs siècles!
La commission d’enquête de l’Assemblée a vu le jour, sous forme de… mission d’information. Le concept et les prérogatives associées au titre de commission d’enquête avaient été refusées par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. Un rapport a été rendu public en juin 2005, mais il se concentre essentiellement sur le chlordecone alors qu’une centaine de pesticides sont ou ont été utilisés, dont le terrible paraquat, considéré par l’OMS comme l’un des pire pesticides. Libé, sous la plume de Corinne Bensimon, avait publié une longue enquête en rubrique Evénement le 25 novembre 2003 titrée «La mort au bout de la sulfateuse» (Dommage qu’il n’ait pas été remis en ligne ces jours-ci, mais on le retrouve facilement ailleurs). On y découvrait, entre autres, comment la France s’était battu, avec succès, pour obtenir de Bruxelles l’autorisation de poursuivre les épandages de paraquat, qui était toujours utilisé en 2007.
Le scientifique, lui, a été mandaté par une association locale «Pour Une
Martinique Autrement» (PUMA). Démuni de tout titre officiel, il n’a pas pu avoir accès aux données sur l’état de contamination des sols et de l’eau, et il a ramé pour disposer d’une liste des pesticides utilisés en Martinique. Mais il en tire néanmoins comme conclusion, au vu de son enquête et après avoir consulté de nombreux experts (André Picot, que je connais, est un scientifique particulièrement reconnu en la matière), que la situation de la Martinique appelle une réaction immédiate, au risque de voir la situation sanitaire de la population se dégrader. Il pointe notamment une incidence très forte des cancers de la prostate, tout en reconnaissant que les données épidémiologiques sont insuffisantes pour en tirer des conclusions. Bref, comme je le disais il y a quelques jours, la destruction des plantations après le passage du cyclone Dean devrait être l’occasion de remettre à plat les pratiques agricoles aux Antilles. Sarkozy, pourtant omniprésent, est étrangement discret sur ce dossier. Michel Barnier, le ministre de l’Agriculture, s’affiche très impliqué, et on peut lui reconnaître de n’avoir pas traîné pour interdire le paraquat, après l’annulation en juillet de la directive européenne qui l’autorisait. Souhaitons-lui d’être tenace. Il restera à son collègue de la santé d’agir vite, pour qu’on sache enfin quel aura été l’impact sanitaire de décennies de course au rendement dans ces belles îles. Roselyne Bachelot n’avait guère impressionné lors de son passage au ministère de l’environnement de 2002 à 2004. Une période où les épineux dossiers du chlordecone et du paraquat ont forcément atterri sur son bureau…
(1) Un point de vocabulaire important, puisqu’on m’avait déjà saisi là dessus à l’occasion de papiers parus quand j’étais à Libération. Le terme générique «pesticides» regroupe l’ensemble des produits permettant de lutter contre les pestes: désherbants, insecticides, fongicides, etc.
Merci pour l’éclairage, de fait l’article sur le sujet déjà lu sur le sujet cela doit faire 48 heurs à présent ne parlait pas d’une interdiction actuelle mais bien au contraire d’une nouvelle autorisation en vue de sauver les plans et assurer la remise en marche des cultures bananieres en causent.
De quoi se demander qui dis juste.
Etant consommateur de bananes en l’occurrence de la Martinique, y-a-t-il réellement pas de danger à en manger régulièrement tous les jours?
Je vous remercie de votre réponse et de votre conseil étant très soucieux de la santé de ma famille.
Meilleures salutations.
Etant consommateur de bananes en l’occurrence de la Martinique, y-a-t-il réellement pas de danger à en manger régulièrement tous les jours?
Je vous remercie de votre réponse et de votre conseil étant très soucieux de la santé de ma famille.
Meilleures salutations.
.A part les éléphants, qui mange les pelures de banane?