uand on n’aime pas les impôts, on le fait savoir. Dernier exercice en date, un rapport de 32 pages de l’Alliance des contribuables britanniques (Tax payers alliance) publié dimanche, qui attaque violemment la politique du gouvernement travailliste.
En cause, le niveau des «taxes vertes» comparé aux dommages engendrés par les émissions de CO2 et l’augmentation de l’effet de serre. Selon TPA, les britanniques paient chaque années 21 milliards de livres sterling de taxes, quand le coût social des émissions de gaz à effet de serre se limiterait à 11,7 milliards de livres sterling. Bref, chaque foyer paierait 400 livres (600 euros) de trop chaque année!
La méthode retenue pour ces calculs est pour le moins étrange, et les hypothèses parfois farfelues. Ainsi, TPA s’appuie sur quatre rapports: celui de William Nordhaus, un économiste américain, celui de l’ONU (GIEC), celui de Nichola Stern, l’ancien vice-président de la Banque mondiale, et celui de Richard Tol, un chercheur irlandais. Plutôt que de retenir une hypothèse de calcul, en choisissant de faire confiance à un chercheur, TPA a produit des moyennes. Mais vu les écarts de données entre ce qu’avancent les quatre études, la moyenne parait être la pire des solutions: Nordhaus annonce un coût social de la tonne de CO2 à 4,07 livres sterling, quand Stern calcule 46,70 livres! Au passage, notons que Nordhaus et Tol avaient vivement critiqué le rapport Stern. Après avoir descendu ce dernier en bonne et due forme, TPA explique qu’elle lui a donné —en pratiquant une simple moyenne— autant de poids qu’aux autres. Belle manière de se revêtir des atours de l’objectivité…
J’en viens aux hypothèses. TPA évalue ainsi que les taxes sur les carburants dépassent largement les investissements pour la construction et l’entretien des routes. Et les taxes représenteraient 4 à 40 fois plus que le coût social du CO2 émis par la route. Chaque conducteur britannique paierait ainsi 755 livres de trop chaque année. Quelle étrange façon de considérer une politique de transports! Chacun paie pour ce qu’il engendre comme dépenses. Avec des raisonnements comme ça, on arrête de faire rouler des trains et on met des millions de voitures de plus sur les routes!
Autre domaine où la TPA produit de drôles d’argument. Selon eux, la création d’une taxe passager sur le transport aérien, puis son doublement cette année. Se basant sur une étude de Richard Tol et de sa collègue Karen Mayor, TPA affirme que cette taxe, je cite, conduit à augmenter les rejets de gaz réchauffants de l’aviation… En gros, puisque les taxes sont proportionnellement plus avantageuses pour les vols à longue distance, les anglais iront plus loin en vacances… Là dessus, moins de touristes iraient visiter la Grande-Bretagne pour éviter de payer des taxes…
TPA se glisse aussi bien évidemment dans l’éternelle querelle qui oppose la Grande-Bretagne et ses partenaires européens quand on parle de gros sous: selon l’Alliance, le mécanisme européen d’échanges de droits d’émissions se traduit, pour la Grande-Bretagne, à subventionner les pays de l’UE à hauteur de 470 millions de livres par an. L’Allemagne, qui émet plus de GES que ses grands voisins paie moins que le royaume britannique, et, oh shocking, la France gagnerait de l’argent grâce à sa sobriété!
Bref, la TPA a fait très fort, et le gouvernement anglais n’a pas tardé à réagir, balayant cette étude d’un revers de la main. Mais il y a peut-être un point sur lequel TPA a raison: rien ne prouve que les taxes vertes servent à financer l’environnement. On parierait même le contraire. En Grande-Bretagne comme ailleurs…