Bush garde ses ordures

NaviresAinsi donc, la mobilisation des écologistes a payé: les épaves-flottantes réformées de l’administration de la marine américaine (Marad) devront rester aux Etats-Unis.

C’est la fin d’un feuilleton entamé en octobre 2003, que j’avais suivi dans les colonnes de Libé tant il était symbolique de la politique américaine en matière d’exportation de déchets.

Le journal avait d’ailleurs consacré un long dossier aux navires en fin de vie le 29 octobre 2003, rapprochant cette affaire de la «flotte fantôme» de l’US Navy et les rocambolesques aventures du Clemenceau qui, à l’époque, errait en quête d’un démantèlement honorable.

En 2003, les Etats-Unis signaient donc un contrat avec une société britannique, Able UK, chargée de démanteler quatre navires retraités de la flotte du Marad (une flotte de transport et de ravitaillement pour l’US Navy, formée de cargos et de pétroliers). Plus de deux cents poubelles-flottantes sont à l’ancre aux Etats-Unis, et diffusent leur pollution: amiante, bien sûr, mais ce n’est pas le pire: ces bateaux regorgent de PCB, de
résidus de pétrole, de mercure, etc.

Bush veut s’en débarrasser à bas prix, donc à l’étranger, si possible
dans les chantiers indiens, chinois et pakistanais. Pour
cela, après des années de respect des conventions internationales, il
faut créer un précédent: exporter des épaves flottantes. C’est la
Grande-Bretagne qui est choisie.

En octobre 2003, quatre épaves flottantes ont donc pris la mer,
remorquées individuellement. Neuf autres devaient suivre. Mais Able UK,
qui avait obtenu le marché, n’avait pas les autorisations (ni les
infrastructures, semble-t-il) pour dépolluer et démembrer les coques en
Grande-Bretagne. La firme anglaise avait été soupçonnée de gérer ce
contrat nauséabond en échange d’un cadeau venu d’Amérique: une paire de
navires de commerce flambants neufs mais inachevés, qu’elle aurait pu
revendre une fortune.

La mobilisation a été très forte. D’une part les militants du Basel
Action Network
, qui surveillent la convention de Bâle sur les
exportations de déchets. Ils avaient saisi très tôt la justice
américaine. Et en Grande-Bretagne, les associations locales et Friends
of the Earth bataillent toujours contre Able. Verdict: l’administration
américaine jette l’éponge et Able UK ne recevra pas les neuf autres
navires prévus par le contrat signé il y a quatre ans. Les quatre
premiers attendent toujours leur sort en Grande-Bretagne… avec leur
contenu menaçant.

5 commentaires

  1. Intéressant, nouvellement nommé le dircab de Juppé n’est autre que Christian Frémont préfet des Bouches du Rhône, c’est depuis plusieurs années l’un des principaux défenseurs avec JC Gaudin de l’incinération à Fos.


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