Petite pub à soumettre à votre sagacité. Dans Elle, daté du 7 février, un encart inséré en page 50, imitant la typo du magazine: «Petit guide câlin de la saint Valentin. Faisons du 14 février le jour le plus chaud de l’année… tous les conseils pour réchauffer l’atmosphère entre vous.» Amateurs de conseils «hot» à deux balles de féminins, passez votre chemin. C’est d’une pub pour le chauffage électrique qu’il s’agit. L’obscur industriel Kalirel tente de vous (nous) vanter les mérites de ses radiateurs «innovants», dotés d’un fluide «thermo-dynamique». Diantre.
Hasard ou coïncidence, je tombe sur cet ovni publicitaire juste après avoir bouclé un dossier sur Kyoto. Quel rapport entre le chauffage électrique (garanti nucléaire, donc « sans effet de serre ») et le réchauffement climatique? Aucun, à priori. Si ce n’est que la raison humaniste devrait nous convaincre de l’importance de ne pas gaspiller. Et qu’au même moment, de bas intérêts économiques aimeraient bien nous persuader du contraire. Je pourrais vous la refaire avec le poids grandissant de la voiture dans la pollution des villes et le réchauffement, et la dernière pub de nos constructeurs nationaux, alias Renault et Peugeot, qui se vantent d’écouler plus de voitures. Ou encore à propos de l’Opep qui en profiterait bien pour nous fourguer plus de pétrole (Ah, la douce chaleur et l’inoubliable ronron d’un poêle à fioul…). Ou encore avec la médaille que, assurément, mérite le dernier né Falcon 7X de Dassault, garanti pur effet de serre au service de l’humanité patronale. Il y a quelques jours, notre sympathique ministre (de l’écologie) imaginait un monde meilleur à base de voitures certes toujours plus nombreuses mais « propres », oubliant une seconde que son président bataille pour la sécurité routière qui, elle, réclame moins de voitures.
Tout cela pour dire qu’il est plus que jamais nécessaire d’interdire la pub pour le « plus consommer », où, au moins, de la taxer pour payer ce qui est rare, et donc cher, les sources « vertes », par exemple, la lutte contre le sida et le palu, ou la chasse à la dioxine, entre autres. A quand une « redevance » humanitaire sur tout ce qui nuit à l’humanité?
2005-02-15
Continuez dans cette veine.
Pour moi c’est ça qu’on attend des journalistes.
En fait le monde politique devient totalement absurde et irréel par son entêtement à la croissance et peu le remarquent.
Pas de ma faute si la terre est ronde et que la vrai liberté et les idéologies économiques qui l’accompagnent n’ont de sens que sur une terre plate.
Je ne peux m’empêcher de penser au raisonnement de Hitler (en référence à Hannah Arendt ici sur la question de l’aliénation, et pas dans le contexte des crimes car les leçons ne s’y limitent pas) dans le bunker, disant que le problème c’est l’essence et qu’il faut déplacer des troupes au caucase.
Malheureusement, la quasi unanimité des publicités est une incitation au plus consommer. Dernière pub pour un modèle de voiture nordique de luxe : « la nature est si belle… ». Sans commentaire.
Consommer moins, consommer mieux ? L’actualité reste dominée par le gaspillage : rasoirs jetables à piles, lingettes nettoyantes jetables, chauffage à 23°C en hiver, fruits et légumes importés ou cultivés sous serre…
Le standards de confort de 2005 ne sont pas ceux de 1950, ceux des pays riches ne sont pas ceux des pays pauvres. Il ne faut pas se leurrer : faire du durable, c’est à un moment donné accepter, si ce n’est de faire marche arrière, au moins de freiner l’engrenage. Si nous ne définissons pas un seuil de « durabilité », la nature le fera à notre place, et bien plus durement. L’enjeu pour chacun n’est pas d’être capable de se sevrer de ci ou de ça, mais plutôt de changer totalement de mode de vie.
Les quotas de CO2 sont un premier pas vers une redevance écologique, et vers une inévitable augmentation du coût de l’énergie. Mais peut-on se fier aux marchés pour évaluer la valeur de la tonne de CO2 ?
jibiji,
en effet. Mais nous ne sommes pas seuls à dénoncer ce double langage.
lire à ce sujet dans les echos d’aujourd’hui
dans la rubrique IDEES l’article
« Dr Jekyll, Mr Hyde et le climat » de jean-marc jancovici.
Super merci ! Travailler sur les liens… Voilà bien ce que l’on attend. Je rêve de voir ce type de chronique pousser comme des champignons en première page des journaux !
Dans le genre contradiction, y a barrot qui dit que la taxe sur le kérozène que voulait mettre en place cetains de ses collègues commissaires européens sera difficile à mettre en place en Europe vu que les compagnies aériennes européennes seront désavantagées par rapport aux autres cies mondiales. Bon, on peut pas lui donner tort sur ce point. J’ai juste un doute: Barrot, il a pas été ministre de chirac qui revendique une taxe mondiale?
Si vous empécher le publicité d’inciter à consommer, vous empecher la publicité qui trouve sa source dans l’augmentation du chiffre d’affaire, de la marge ou de la part de marché.
Peut être même que vous allez priver de ressources votre employeur. Et vous ? Et nous ?
Il faudrait peut être assurer la promotion de ce qui va vers le mieux, vers l’économie de ressources.
Sur taxer ce qui fait la promotion du pire, assurement. Mais je crois que nous n’échapperons pas à la pédagogie. Il faut encore et toujours donner le sens de l’action écologique.
L’acheteur d’un gros 4×4 ne se sent ni délinquant, ni fautif. Il faut lui dire, lui redire et gentiment même si le temps presse.
Je ne crois pas à cette promotion du sevrage et du retour à la bougie. C’est là où la notion de bon pour l’humanité trouvera sa limite dans le grand publique.
Continuer le blog, c’est un des bons outils à promouvoir. Merci beaucoup.
Si acheter 4×4 devient assimilé à ringuard et s’éclairer à la bougie très tendance, je ne vois aucun problème à l’évolution de cette société…
Le meilleur moyen d’empêcher la pub de nuire c’est de l’ignorer et d’apprendre à nos enfants à le faire.
Un bon bouquin vient de sortir à ce sujet : du groupe Marcuse, « de la misère humaine en milieu publicitaire », sous-titre « Comment le monde se meurt de notre mode de vie ».
Je viens de commencer la lecture de Noam Chomski, « De la propagande ». J’en retiens une pensée, éviter d’abord de faire du mal avant de tenter de faire le bien. Commençons à tenter d’éviter de faire du mal dès qu’on sort notre porte-monnaie. Ce qui nous pose déjà pas mal de problèmes à résoudre ! Eviter le gaspillage, les achats inutiles. Eviter de craquer, mais ça c’est dur, moi je craque pour des bouquins dès que j’ai le blues ! Eviter de produire des déchets peu ou non recyclables. Eviter d’engraisser de gros groupes au détriment d’une main d’oeuvre peu ou mal payée. Eviter de polluer en favorisant le transport …
Et en ce qui concerne le chauffage des maisons, avant d’investir dans des systèmes utilisant les énergies renouvelables, commençons par réduire nos consommations. Mettre un gros pull l’hiver, c’est de saison. Mais surtout : ISOLER vos maisons et apparts (ça c’est plus dur, je sais). L’idéal étant d’isoler par l’extérieur afin d’obtenir de l’inertie thermique à l’intérieur. Faire entrer le soleil dans l’habitation l’hiver, l’en empêcher l’été … des trucs simples mais souvent oubliés.
A quand une « redevance » humanitaire sur tout ce qui nuit à l’humanité?
Cela ne me paraît pas être une solution dans la mesure où nous payons déjà une taxe élevée sur le carburant (80%)et cela ne semble pas régler le problème de la pollution par l’automobile…
En outre cela revient à donner le droit de polluer aux riches…
Je pense que cela passe plus par la pédagogie et l’éducation.
Avant de limiter la publicité pour le « consommez plus », on pourrait envisager d’autoriser la publicité pour le « consommez moins ». Rappelons qu’il y a quelques années un spot télé en faveur de la Journée sans achats a été interdit successivement par le CSA puis par les tribunaux sous le prétexte fallacieux qu’il s’agissait de politique et non pas de vente ni de collecte d’argent.