Renault a eu chaud, son futur 4×4 échappera à la nouvelle taxe-massue annoncée par le maire de Londres Ken Livingstone. «Ken le rouge» (moi je dirais plutôt « le vert ») a en effet bouleversé le dispositif de péage qui tentait depuis 2001 de réduire les bouchons dans le centre de la capitale britannique. Une mesure qui s’ajoute à l’extension de la zone à accès contrôlé entrée en vigueur au début de février.
Exit la “congestion tax”, désormais ce sera une taxe carbone. Pour les conservateurs britanniques (on imagine ce que diraient les nôtres si d’aventure le maire de Paris ou de Lyon s’y mettaient), cela reste aussi choquant. Forcément, à les écouter, il faudrait supprimer les impôts et revenir à la loi de la jungle… Mais pour l’environnement cela risque d’être efficace. La plupart (80%) des automobilistes n’y verront pas de différence, et continueront à payer 8 livres sterling (près de onze euros) chaque jour pour entrer dans le centre-ville londonien. Avec des ristournes allant jusqu’à 90% pour le gens qui demeurent dans la zone payante. Pour les 20% restant, dont les bons vieux taxis un peu âgés, la facture sera lourde: plus de 33 euros par jour.
La mesure vise les véhicules anciens de plus de trois litres de cylindrée, et les voitures plus récentes (immatriculées après 2001) émettant plus de 225 grammes de gaz carbonique au kilomètre. Et là, plus de ristourne pour personne. Exit les tank et voitures de sport. Restent les voitures plus sobres qui affichent des émissions inférieures à 120g/km. Elles pourront circuler gratuitement. Avec le nouveau dispositif, les émissions de gaz carbonique des automobiles devraient encore baisser dans la capitale britannique. L’ancien dispositif visant les bouchons avait entraîné une économie annuelle de 100 000 tonnes de CO2.
En Allemagne, les grandes villes vont encore plus loin. Berlin, Cologne et Hanovre ont tout simplement décidé d’interdire les voitures les plus polluantes. Avec une amende de 40 euros et un point de permis en moins pour les audacieux. D’ici la fin de l’année, le mécanisme devrait être étendu à une vingtaine de villes…
En France, rien ne bouge, ou si peu. Certes, dans une ville de Paris, trottoirs, couloirs de bus et pistes cyclables grignotent du terrain, notamment sous la poussée des Verts de l’équipe Delanoé. Mais il n’est toujours pas question —du moins à quelques semaines des élections— d’aller plus loin et le torchon brûle entre les élus PS et Verts de la majorité parisienne. Un peu de courage, messieurs les édiles. La liste est longue des grandes villes européennes qui ont vraiment pris le taureau par les cornes: Londres, Stokholm, Berlin… On attend encore Paris, Lyon, Marseille dans le peloton de tête des villes en guerre contre la pollution et le réchauffement.
Bravo les Allemands…