Comme je l’avais écrit, le gouvernement a confirmé le gel hivernal de la culture d’un maïs OGM. Au moment où personne ne sème, donc. Il vient aussi de créer un comité Théodule chargé de dégeler le concept de future Haute Autorité qui gèrera cet épineux dossier. Lequel Théodule devra réchauffer nos connaissances sur les semences du fameux maïs MON810 de Monsanto qui, pendant ce temps, se les gèlent dans des entrepôts avant la reprise des semis. Un signe qui ne trompe pas: les semenciers sont resté de glace à cette annonce…
Vous y comprenez quelque chose? Allez lire le billet du jour d’Arnaud Gossement, qui connait bien le sujet, pour avoir notamment participé aux travaux du Grenelle. Il réchauffera votre lanterne, et démontre une fois de plus que ce Grenelle était bien une arnaque. Bien des médias transis par les belles paroles Borléennes se sont d’ailleurs laissés (hi)berner…
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Moi qui viens juste de poster une message sur les « …mais… » du Grenelle dans le forum, ça conforte, malheureusement, ce que nous sommes beaucoup à penser.
Par curiosité, quelle serait la ou les mesures qui vous convaincrait de la bonne foi du gouvernement dans ce dossier?
Je n’ai pas d’idée vraiment arrêtée sur les OGM. Il y a d’ailleurs des quantités de bactéries OGM confinées dans les usines pharmaceutiques pour produire des molécules. Et ça ne dérange personne.
Mais avouez qu’interdir des semis quand personne ne sème, et créer des comissions chargées de créer des commissions ne démontre pas une grande intelligence d’esprit. A l’échelle européenne, pourquoi ne pas envisager un moratoire? Le temps de reprendre cela tranquillement. Avons-nous un problème alimentaire si aigü qu’il faille se lancer dans cette course à l’amélioration des rendements, sans même avoir des preuves solides que les OGM font grimper les rendements?
La culture des OGM a un avantage évident en terme d’environnement. A court terme, du moins, car cela permet en théorie de réduire les pesticides, le temps que les pestes ne s’adaptent. D’un autre côté, on sait qu’on ne pourra pas maîtriser la dissémination. Une fois un OGM lancé, plus question d’imaginer du « bio » à long terme pour les cultures des plantes endémiques. Le maïs est à cet effet moins impactant sur l’environnement en Europe (et très risqué au Mexique) puisque cette plante n’existe pas à l’état naturel. Mais à quoi bon planter du MON810 et pousser le maïs quand on sait qu’il crée une pression qui risque de devenir insupportable sur les réserves d’eau françaises par exemple. En Grande-Bretagne, on trouve du colza transgénique à des dizaines de kilomètres des champs de cultures expérimentales… Et franchement, qui profite le plus des semences transgéniques: les semenciers ou les agriculteurs?
Sur la santé, franchement, je n’ai pas d’idée arrêtée. Il me semble à peu près évident que certains produits transformés sont chimiquement identiques, et à l’atome près, qu’ils viennent de plantes OGM ou hybrides. mais avouez que les évaluations sérieuses d’effets sanitaires de consommation directe (grain de maïs par exemple) ne sont pas franchement légion. Alors s’il faut rassurer la population, cessons de cultiver commercialement ces plantes. Arrêtons de comparer les OGM et l’invention du chemin de fer. Tout ce qui touche à l’alimentation relève de la conviction intime, ça ne se traite pas avec négligence.
Travaillons, investissons dans la recherche, poursuivons aussi les travaux sur l’hybridation qui permettent de faire beaucoup mieux avec sans doute moins d’effets sur l’environnement. C’est étrange combien finalement on investit autant dans la création de semences OGM et aussi peu dans ce qu’elles peuvent provoquer ou pas. Pour faire le parallèle avec les nanotechnologies, il me semble que la communauté scientifique réfléchit bien plus en amont aux conséquences de cette révolution à venir. Sans doute pour ne pas refaire l’erreur commise pour inventer les plantes OGM.
>Par curiosité, quelle serait la ou les mesures qui vous convaincrait de la bonne foi du gouvernement dans ce dossier?
Si je comprends bien, la réponse est « aucune » 🙂
>les travaux sur l’hybridation qui permettent de faire beaucoup mieux avec sans doute moins d’effets sur l’environnement
Par curiosité, pourquoi pensez-vous que l’hybridation est plus efficace et moins néfaste à l’environnement que l’insertion de gènes?
Pour le moment, l’équipe de Borloo n’a montré ni audace, ni poigne. Juste une espère de volonté maladive de manager la chèvre et le chou, ce qui comme chacun sait ne mène à rien.
Sur l’hybridation. Une maladresse de ma part vous fait comprendre ce que je dis pas. Je voulais dire que la recherche sur l’hybridation doit permettre de la rendre plus efficace qu’elle ne l’est aujourd’hui. Enfin sur l’environnement, on a un peu plus de recul sur l’hybridation, non?
Tout à fait d’accord avec ton argumentaire Denis. Il en est malheureusement un autre dont on ne parle pas assez, il concerne les politiques commerciales et de propriétés intellectuelles autour des semis OGM. Ces semis sont stériles et donc asservissent l’agriculteur qui doit, chaque année, allé acheter des nouvelles graines chez son fournisseur.
Ceci est un problème grave, et c’est malheureusement un objectif premier des firmes comme Monsanto, à l’image des DRM dans les loisirs numériques par exemple.
« aller » bien sur et non pas « allé ». Désolé.
Erreur, cher Romu, mais pas si grave. Les semences « Terminator » ne sont plus sur le marché depuis belle lurette. Mais ce qui ne change rien au problème puisqu’il est interdit de resemer une récolte d’OGM. Ça s’appelle violation de la propriété intellectuelle du semencier…
Donc que le germe soit stérile ou non, le problème d’asservissement demeure.
>l’équipe de Borloo n’a montré ni audace, ni poigne. Juste une espère de volonté maladive de manager la chèvre et le chou, ce qui comme chacun sait ne mène à rien.
J’ai tendance à penser que c’est plus efficace que les décisions doctrinaires d’un côté, l’obstruction systématique de l’autre… probablement un différence culturelle.
>Sur l’hybridation. Une maladresse de ma part vous fait comprendre ce que je dis pas.
Ok
>Donc que le germe soit stérile ou non, le problème d’asservissement demeure.
Bien sur, mais ce n’est ni nouveau ni spécifique aux OGM.