omment concilier autonomie alimentaire et besoin croissant d’agrocarburants? Face à la hausse du prix des céréales, la Chine aurait tranché, selon une dépêche de Reuters, citant Chen Deming, le vice-président de la Commission nationale du développement et de la réforme.
Selon le responsable chinois, la production de carburants d’origine végétale devra impérativement s’appuyer sur d’autres sources que le maïs, qui fournit aujourd’hui la majorité des agrocarburants du pays. Citant les Etats-Unis et le Brésil, Chen a expliqué que le développement de la culture du maïs a réduit la production d’autres plantes, entraînant une hausse des prix des produits alimentaires: «Nos terres sont précieuses, nous n’iront pas dans cette voie.»
Aujourd’hui, la Chine tire 80% de son million de tonnes annuel d’éthanol végétal du maïs, prélevé dans des stocks anciens. L’objectif de dix millions de tonnes d’alcool fixé pour 2010 devra se faire à partir de terres moins fertiles que celles utilisées pour la production alimentaire.
Ce serait formidable s’il n’y avait un revers de médaille pas si vert que ça. Car le choix de plantes ciblées pour la production de biocarburants n’empêchera pas sans doute la destruction de forêts anciennes indispensables à la biodiversité, comme l’avait expliqué le Worldwatch institute en mars dernier… Par exemple, dans le sud-ouest de la Chine, qui fait l’objet de projets pilotes pour la culture de Jatropha curcas (en Afrique pourghère), un arbuste qui présente bien des avantages pour la production d’agrodiesel: on tire une huile de sa graine (bien plus que le colza), mais il se cultive avec des rendements élevés sans pesticides (plante fongicide et toxique) ni engrais et affiche une durée de vie de quarante ans. Bref une plante tropicale déjà qualifiée «pétrole vraiment vert» pour les pays du Sud. Des projets pilotes ont déjà démarré, et l’expansion de Jatropha pourrait aggraver l’état écologique de cette région déja malmenée.