Le négateur du climat a un maigre CV en climatologie

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

En voilà des travaux qui ne manqueront pas de faire couler de l’encre. Dans la dernière livraison des Annales de l’Académie américaine des sciences (PNAS), quatre chercheurs tentent d’évaluer la crédibilité des experts qui publient sur le réchauffement climatique (1). Et devinez quoi? Les négateurs font pâle figure.

Bien évidemment, le nom de l’auteur principal de ces travaux fera bondir les Claude Allègre et autres négateurs du réchauffement climatique. Car Stephen Schneider est l’un des piliers du GIEC depuis longtemps. Il n’empêche, ce travail solide apporte un éclairage à ce que les journalistes qui connaissent bien le climat savent depuis longtemps: les scientifiques qui nient le rôle humain dans l’évolution du climat sont moins qualifiés dans le domaine que ceux qui partagent les analyses du Groupe d’experts sur le climat de l’ONU (Giec).

Après avoir établi un classement, parmi une base de 1372 chercheurs en climatologie, étudié leurs travaux et analysé leurs prises de positions (2), Schneider et ses collègues constatent que 2% du Top 50 des climatologues ne sont pas convaincus du rôle humain dans le réchauffement en cours. En élargissant le panel au Top100, le chiffre grimpe à 2,5% et reste voisin de 3% en analysant les travaux du Top200 des climatologues. Autrement dit, 97% des climatologues réputés partagent les vues du GIEC. Et à regarder la quantité de travaux signés des uns et les autres, il apparait qu’en moyenne, les négateurs ont bien moins publié sur le climat que ceux qui partagent le consensus exprimé par les rapports du Giec. Deux fois moins, pour être précis. 80% des chercheurs « négateurs » ont publié moins de 20 papiers sur le climat de la planète. Et pour finir, l’analyse des 50 chercheurs les plus prolifiques de chacun des deux groupes confirme cette analyse: les négateurs les plus experts ont publié 89 articles en moyenne, contre 408 pour les « réchauffistes » les plus experts.

On objectera évidemment que cette vision comptable de l’expertise ne reflète pas fidèlement la réalité. C’est vrai, mais c’est sans doute la seule manière de procéder. Schneider et ses trois collègues ont pris quelques précautions. Pour classer les chercheurs, ils ont comptabilisé le nombre d’articles publiés, mais aussi les indices de citation de ces travaux. Un critère comme un autre, mais sans doute l’un des moins mauvais si bien qu’il sert à l’évaluation des chercheurs. Et pour éviter les biais, Schneider ont pris une moyenne des citations, car un papier unique très cité ne suffit pas à établir la réputation d’un scientifique. Il mesure plutôt la capacité de cet article à poser une controverse.

Même si personne ne pourra jamais  se mettre d’accord sur une méthode idéale permettant de déterminer l’expertise des uns et des autres dans le débat sur l’évolution du climat, les travaux publiés ce matin dans les PNAS tendent à confirmer ce que savent depuis longtemps les journalistes et les politiques qui se penchent sur la science du climat. Le consensus proposé par le Giec est partagé par la quasi-totalité des climatologues réputés, et toute volonté donner un même temps de parole aux chercheurs « réchauffistes » et « négateurs » au nom de l’objectivité journalistique est un biais!

(1) Expert credibility in climate change, William Anderegg, James Prall, Jacob Harold et Stephen Schneider, Annales de l’académie américaine des sciences du 21 juin 2010.
(2) Les chercheurs ont compilé une liste de déclarations soutenant (rapport du GIEC, déclaration de Bali, etc.) ou contredisant (lettres aux premiers ministres canadiens et au secrétaire général de l’ONU, rapport NIPCC, tribune du Cato Institute, etc.) la thèse d’un réchauffement climatique lié aux activités humaines.

14 commentaires


  1. Bonjour,

    Je vous conseille de quitte WordPress, pour éviter que Claude Allègre ou un autre zombie ne vous fasse pas cela.

    De l’autre côté, cela s’est passé aux Etats-Unis, un pays bien connus pour avoir abandonnés les droits de l’homme élémentaires. Chez nous, on est encore plus occupé à faire des « coups » politiques contre les copains, plutôt que de museler le citoyen.

    D’un troisième côté, à quoi bon museler un citoyen qui cause sur un forum qui n’excite plus personne :((

  2. Pour info, c’est aussi trés souvent le cas des anti-nucléaire qui s’agitent beaucoup sans être compétent dans le domaine.
    Ca ne justifie rien pour autant mais c’est amusant de voir comment certains s’insurgent quand on les contredit tandis qu’ils trouvent naturel et justifiable le même comportement quand il renforce leur opinion.
    Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais…

    1. Bonjour,

      Le problème n’est pas tellement dans les réactions des surexcités (d’un côté ou de l’autre, l’intégrisme ne connaît pas de limites), mais dans l’application de la censure. Ce qu’il se passe, c’est que je vous dis ce qu’Anelka aurait dit à Domenech, et si vous osez me répondre sur le même ton, j’écris à WordPress qui viendra fermer le blog de Denis. C’est dur alors d’avoir un ‘débat’.

      1. Author

        WordPress peut fermer les blogs qu’il héberge, mais pas les autres. Et comme Effets de Terre est indépendant, il n’y a que la justice qui pourrait fermer ce site.

      2. Au temps pour moi. J’étais convaincu que vous étiez hébergé par WordPress.

      3. Author

        J’utilise WordPress comme système de publication, mais je suis hébergé en Suisse, chez un fournisseur « vert ».

      4. Bonjour,

        On porte les illusion qu’on peut. Un site Internet « vert » a autant de sens qu’une voiture « propre ».

        Ce n’est pas une critique. Ni les voitures ni les sites Internet sont près de disparaître, mais il faut prendre conscience que les deux sont énergivores à leur création, consomment de l’énergie pendant leur existence (votre consommation est verte), et nécessitent tout une ‘infrastructure de support et de transport.

        Le matériel que votre hébergeur met à votre disposition consomme probablement plus d’énergie que tout mon foyer, où on vit à cinq, et cela 24h/24h – mais le trafic se concentre sur quelques plages seulement.

  3. Pourquoi n’a-t-on pas réussi à confronter les négateurs du RCA à l’incohérence de leur combat ? Car si le RCA ne devait être qu’une supercherie (ce qu’il n’est hélas pas), la déplétion quant à elle est très simple à démontrer par une simple arithmétique.

    J’ai cette impression que les anciens négateurs du RC et maintenant les négateurs du RCA sont pour la plupart des conservateurs qui ne veulent rien remettre en question. C’est à croire qu’ils sont contre la recherche scientifique de peur de remettre leur dogme en question, cela apparait d’ailleurs quand ils disent que l’on gaspille des sommes faramineuses pour la non-science du climat.

    Actuellement on se trouve à un tournant car on est dans la situation absurde à devoir contredire un Courtillot sur le climat bien qu’il reconnaisse à demi-mot qu’il faille se défaire d’une consommation excessive non pas pour le RCA mais à cause de la déplétion. Je ne sais pas pourquoi mais il serait intéressant de voir si il a toujours eu cette position sur la déplétion, ce dont je doute …

    Conclusion, quand on a affaire à des négateurs du RCA et de la déplétion, ce qui va souvent de paire, mieux vaut d’abord les attaquer sur l’arithmétique de la déplétion, qui est imparable.

    1. Bonjour,

      Vous semblez supposer que ces personnes suivent un raisonnement rationnel.


  4.  » Dans les années 70, la croyance commune était que le monde voguait vers une ère de refroidissement. Trois décennies plus tard, les mêmes pseudo-experts estiment pouvoir prétendre le contraire. A l’instar des Gaulois qui craignaient de voir le ciel leur tomber sur la tête, les réchauffistes diffusent la croyance que la Terre est appelée à devenir un désert de souffrances dans un avenir proche. » Je suis tout à fait d’ccord !!
    Les climato-ceptiques ont acheté leurs diplômes !!! On reconnait plus leur savoir ..

    1. Author

      A part faire du copier/coller, pouvez-vous vous expliquer, je ne suis pas bien sûr d’avoir compris votre propos…

      1. « A part faire du copier/coller… »!! Je ne suis pas un littéraire comme vous… J’espère que vous avez compris mon propos cette fois-ci..

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.