La nature et les hommes, une grande histoire d’amour

Fresques de Cueva de las manos (Argentine) © Denis Delbecq
Fresques de Cueva de las manos (Argentine) © Denis Delbecq

[San Carlos de Bariloche, Argentine] Je ne vous le cache pas, la Patagonie est un paradis pour les amateurs de nature. Une steppe où l’on rencontre ces drôles d’autruches, les nandus, les guanacos —cousins du lama—, et bien évidemment moutons, chevaux et bovins… Elevage très extensif puisque les estancias (ranchs) dépassent plusieurs dizaines de milliers d’hectares. Rien ne pousse, qui ferait plus de vingt ou trente centimètres de haut… Trop de vent!

Dans ces steppes, on croise aussi des prédateurs, rapaces, et l’ombre des pumas rôde. Ici plus qu’ailleurs l’eau est synonyme de vie. La moindre flaque, un mètre carré dans le lit d’une rivière asséchée par l’été, et ce sont des tétards qui attendent le retour du mauvais temps. Une mare plus grande, et flamands roses, oies et canards viennent s’y reposer. Car ces points d’eau sont souvent espacés de dizaines de kilomètres. Ici, à la saison sèche, c’est un désert bien froid, où souffle un vent qui finit par rendre dingue.

Et pourtant, il y a plus de dix mille ans, il y avait déjà des occupants sur ces terres. Qui vivaient de chasse et de pêche et tiraient même du guanaco une graisse qui leur servait de liant pour les pigments de leurs fresques… Je vous en livre un exemple, les «pochoirs» de Cueva de Las Manos, classés au Patrimoine mondial de l’Humanité. Un endroit à faire couler les larmes, et dont on se demande bien pourquoi des hommes s’y sont installés… Le vent, le vent, toujours ce vent qui glace 24h sur 24h, et toute l’année ou presque… Et si sec que ces fresques —qui ne sont pas enfermées dans des grottes mais peintes à même la paroi d’un profond canyon— ont résisté à l’épreuve du temps (1). Des conditions si rudes que l’homme est presque absent de ce territoire, si l’on excepte les quelques villages parsemés le long de la Ruta 40 (parfois 350km entre deux).

A se demander d’ailleurs pourquoi les moulins à vent ne sont pas plus présents dans ce pays… Les estancias en ont généralement une ou deux (inférieure au kilowatt), et le gros du courant vient d’un générateur diesel qui n’est allumé que quelques heures par jour. Il n’est pas rare non plus de tomber, en région montagneuse, sur une mini-turbine installée sur un bras de torrent qui reste en eau toute l’année. Là, évidemment, c’est du courant 24/24… Mais dans les (rares) villages, c’est le dieu pétrole qui fournit la lumière. Et comme ce n’est pas donné, en Patagonie, on semble bien avoir oublié l’ampoule d’Edison. C’est basse consommation ou rien. Comme quoi, quand une ressource est rare, on apprend à en user avec parcimonie.

Hasta luego!

(1) Pas aux graffitis hélas, de couillons qui venaient visiter le site avant que de hautes grilles soient installées pour les protéger.

3 commentaires

  1. La Patagonie, le pays où on se gare en fonction de l’orientation du vent pour ne pas voir les portières s’envoler quand on les ouvre !

  2. Tilleul, c’est comme ça dans tous les endroits ou le vent est ‘terrible’, et même dans le bon sens il faut de toutes façons renforcer les portières avec des sangles de retenues….
    Quand à la Patagonie, les patagons ont été exterminés, il parait que c’était des hommes très forts et impressionnants.. Maintenant c’est l’élevage intensif justement qui décime la végétation à tel point que les immenses troupeaux sont en recul, la laine ne se vend plus, et les gauchos se reconvertissent en accompagnateurs à touristes ! Je crois que la pauvre Patagonie est à l’agonie , ces contrées sont très fragiles même si elles paraissent rudes.


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