Au secours, le prix de l’électricité est devenu fou!

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

Que s’est-il passé le 19 octobre sur le marché français de l’électricité en gros? Selon un communiqué de la Commission de régulation de l’énergie, le prix spot de l’électricité a atteint ce jour là près de 613 euros le mégawatt-heure en tarif de base, et autour de 1142 euros le mégawatt-heure en tarif de pointe. Avec, durant quatre heures, des pics atteignant 3000 €/MWh… De quoi justifier une enquête de la CRE pour tenter de comprendre les causes de cet affolement…

Samedi, le courant au tarif de base se négociait 28,28 €/MWh pour une électricité livrable le lendemain, qui est un dimanche. Les jours précédant cette «crise», le courant se négociait autour de 45 euros pour le tarif de base et de 50 euros pour le tarif de pointe. Si on regarde les volumes échangés pendant les quatre heures de folie, on arrive à 19208 mégawatt-heures (si je lis bien les tableaux de la bourse PowerNext). Calculette en main, ça fait à la louche dans les cinquante millions d’euros qui sont partis en fumée… Enfin, pour être plus précis, qui seront payés in fine par les clients (résidentiels et industriels) des acheteurs… Parce qu’évidemment, les fournisseurs d’électricités qui ont du ouvrir leur portefeuille viendront ajouter ça à leur colonne débit, pour justifier une hausse des tarifs…

Bien évidemment, on ne saura pas qui sont les électriciens qui se sont payés l’électricité à prix d’or. Ni ceux qui ont vendus. Mais si on regarde les capacités de production des uns et des autres, il y a fort à parier qu’EDF a du tirer son épingle du jeu. La morale de l’histoire? Certains feront remarquer qu’on vient chercher des crosses aux producteurs d’énergies solaire et éolienne parce que le tarif de rachat de leur électricité est très au dessus du prix de revient théorique de l’électricité nucléaire. Alors que le coup de sang d’une armada d’ordinateurs et d’opérateurs boursiers peut multiplier les prix par 60 en quelque minutes! Mais surtout, on s’aperçoit que la dérégulation à marche forcée du marché de l’énergie, loin de faire baisser les tarifs, a créé un sacré foutoir. Ça promet quand on passera au chemin de fer…

16 commentaires

  1. On va se payer le même souci qu’aux Etats-Unis: Il est plus ‘rentable’ à court terme d’acheter le courant à gauche à bas prix et le revendre à droite avec un peu de bénéf (comme le font les opérateurs mobile ‘virtuels’ tels que Virgin, Auchan, Breizh, … qui n’ont pas de réseau propre non plus). Sauf qu’à terme, cela manque de producteurs d’énergie. D’abord il y aura les tarifs qui explosent, comme tu l’illustres ici, ensuite il y aura les lignes qui disjonctent, comme on verra probablement cet hiver.
    On peut aussi faire une parallèle avec le changement de consommation d’électricité qui semble introduire des pics trs étroits mais de grande intensité.
    Tout est prêt pour la grande explosion 🙂
    Vive le libéralisme disjoncté (déjanté? 🙂

  2. Cela ressemble plus à une arnaque ou à un problème technique qu’à une pénurie.

    Les gagnants sont
    -bon premier: les propriétaires de centrales au gaz et hydroélectrique à barrage (les sources qui peuvent être modulées facilement).
    -loin derrière, le nucléaire et l’hydroélectrique au fil de l’eau (les sources non modulables, mais relativement constantes)
    -plus loin encore: les renouvelables (sources non modulables, et capricieuse)

    Tout ça pour dire que le prix a beau être très élevé, ça ne veut rien dire pour la rentabilité des renouvables: la plupart du temps ces sources n’en profiteront pas. Bonne nouvelle pour les anti-nucléaires sauce SDN: les centrales au gaz qu’ils veulent construire profiteraient pleinement des pénuries causés par le recours massif aux éoliennes. Il y a là une belle complémentarité qui n’a pas échappé à ces brillants citoyens.

  3. 3000 €/MWh c’est le prix qui est défini comme étant le prix maximum que peut atteindre le courant électrique sur la bourse de l’électricité.

    En pratique ça peut aussi vouloir dire qu’il n’y avait strictement aucun MWh de disponible sur le marché électrique français. Les données d’échanges indiquées devant plutot être des opérations déja passée sur des blocs de plusieurs heures.

    Ca peut également être le nucléaire qui est le grand gagnant de l’histoire puisqu’on soupçonne depuis quelque temps EDF de manipuler le cours de l’électricité pour augmenter artificiellement le prix de gros de manière à justifier une augmentation des tarifs domestiques régulés, voire à les supprimer. Ce risque que fait peser les multinationales de l’électricité est à rapprocher de l’épisode d’Electrabel qui revient sur ses engagements financiers envers la Belgique sur le thême : non je ne vous paierais pas et vous ne pouvez rien contre moi parce que je contrôle la vie économique de votre pays… L’énergie est un sujet trop important pour être laissé aux mains des trusts monopolisitiques…

    Au passage, en Allemagne les énergies renouvelables ont plutôt tendance à baisser le prix de l’électricité du fait qu’elles sont sous le principe du tarif de rachat, on a donc tout une partie de la production électrique qui arrive sur le marché avec un prix de 0 €/MWh.

    http://1.bp.blogspot.com/_xNnXCuHLF98/St9xlDCnI7I/AAAAAAAAANE/X2lAx8jfVEY/s1600-h/2009+10+-+Spread+France+Allemagne.jpg

    A mon humble avis c’est ce qui explique le fait que l’électricité soit moins chère en Allemagne qu’en France… C’est un peu artificiel car il faut bien payer le tarif de rachat, mais l’un dans l’autre les éoliennes permettent à l’Allemagne d’économiser 1 milliards d’euros par an en obligeant les centrales les moins efficaces à rester éteinte.

    L’avantage également c’est qu’en Europe les investisseurs dans les modes de production renouvelables sont souvent des financements locaux et collectifs (coopératives agricoles, collectivités locales, investissements domestiques) et donc ce sont eux qui en retirent les bénéfices plutot que les grands trusts… La France étant l’exception puisqu’en pratique les lois françaises interdisent ce genre de démarche.

  4. Tilleul, vous êtes impayable! En arriver à faire croire que l’électricité est moins chère en Allemagne qu’en France, alors que c’est la plus chère d’Europe après l’Italie!

    1. Vous confondez le cout de la production électrique et le kWh facturé au client (qui inclut par exemple les taxes sur l’électricité qui sont très élevés en Allemagne et inexistante en France).

      1. Vous devriez étre plus précis. C’est quand même curieux ce que vous dites!

      2. C’est en fait assez simple : dans le prix payé par le client, il y a le prix de l’électricité, celui de son transport, celui de sa distribution et aussi les taxes.
        Sans compter bien sûr les abonnements.
        En France l’électricité, contrairement par exemple à l’essence est très peu taxée.
        A l’opposé en Allemagne, les municipalités tirent une bonne partie de leur budget des taxes sur l’électricité.
        En dix ans de libéralisation (les Allemands ont commencé avant), les impôts ont doublé et s’établissaient en 2008 à 25 Euros par ménage (sur une facture électrique mensuelle de 63 Euros).

        Source : http://www.bdew.de/bdew.nsf/id/DE_20080423_Staatsanteil_an_Stromrechnung_verdoppelt?open&l=DE&ccm=250010010020

  5. Bonjour Mr Delbecq

    Je tenais à vous remercier pour votre blog sur le vaste sujet de l’environnement, à la présentation agréable et que je consulte régulièrement. Même si je ne suis pas toujours convaincu par le choix de vos billets, je salue l’effort de mettre à disposition de (très) nombreuses informations trop rarement relayées par les media classiques.
    Pour en améliorer la lisibilité cependant, connaissez-vous un moyen pour un visiteur de filtrer systématiquement les commentaires de tel ou tel intervenant ? Il semblerait en effet qu’une bande de garnements sévisse en permanence chez vous, littéralement scotchés devant l’écran 24 H/ 24 H au lieu de dormir ou de faire leurs devoirs, donnant presqu’immanquablement leur avis alors qu’on ne le leur demande pas et échangeant à qui mieux mieux des invectives qui n’intéressent personne à part eux-même. Résultat, leurs posts occupent grosso modo 80 % de l’espace des commentaires malgré leur petit nombre (encore heureux), et vous comprendrez qu’il est difficile d’extraire de ce tir de barrage ceux qui apportent un véritable éclairage critique.

    Si le Dieu Informatique ne le permet pas, tant pis, on continuera de faire du tri manuel (et non pas sélectif, qui est un pléonasme je vous le rappelle). Longue vie à votre site.

    Ecologiquement vôtre,

    Oglala

    1. Merci de votre confiance! Mais sur la question du filtrage des commentaires, je ne suis pas en phase, sans être en opposition de phase… La règle du jeu dans ces colonnes, c’est l’absence de censure même s’il est vrai que beaucoup de commentaires sont souvent hors-sujet (1). A supposer qu’on puisse filtrer certains contributeurs, ce qui n’est pas le cas, je me refuserais à le faire. Désolé, mais il faut en passer aussi par le manuel… ce que je fais aussi!
      (1) Je paierais cher pour voir ces garnements se promener en culottes courtes, car si je devais parier sur leur âge, il dépasserait souvent le mien 😉

      1. Absence de censure n’est pas synonyme d’absence de donner son opinion en tant que créateur du site. Pourquoi ne pas indiquer les pseudos de ceux que tu ne lis plus? Qui sait, cela pourrait encourager les contributions des silencieux en accord avec ta liste de fatiguant.

      2. Author

        Ha ha ha, vous peut-être? Sans rire. A voir le ton de mes réponses, on devinera sans doute qui m’agace et qui contribue de manière constructive au débat d’idées. Respecter ses lecteurs, c’est aussi ne pas les jeter en pâture, non? Mais rien n’empêche la majorité silencieuse de mettre son grain de sel dans ces colonnes.

      3. Il semble que je me sois mal exprimé : je parlais d’un filtre magique qui marcherait seulement sur ma machine et non d’une censure générale des commentateurs indélicats. Vous avez de toute façon bien compris qu’il s’agissait seulement d’une boutade au second degré, pour attirer l’attention des sapajous en question sur les conséquences pénibles de leur comportement infantile (et un tantinet irrespectueux de leur part) pour le lecteur moyen. Je crains hélas qu’elle n’ait pas beaucoup plus d’effet qu’une taxe carbone atrophiée.
        Comme le disait un célèbre amateur de cigare, la démocratie est le moins mauvais des systèmes politiques. Il avait simplement omis de préciser qu’elle peut se montrer parfois très fatigante…

      4. Le même amateur de cigares a dit aussi que le meilleur argument contre la démocratie était 5 minutes de discussion avec le gars du coin.
        (et l’histoire officielle ne dit jamais que cete amateur de cigares a été sauvé de la noyade par ce même gars du coin, mais c’est totalement hors sujet).

        Sinon je partage ton désir d’une navigation plus aisée dans les commentaires, soit pour sauter, soit pour retrouver.

      5. il existe aussi des « plugins », mais je sais s’il y en a un pour le modèle de blog utilisé ici, qui permettent de noter les commentaires. Çà me semble un moyen démocratique de faire comprendre à certains à quel point leurs commentaires sont puérils ou séniles (au choix). Et je rejoins Oglala sur ce sujet : ces mêmes plugins permettent à chacun, tout aussi démocratiquement, en fonction de ses choix, de ne plus afficher sur son écran les intervenants arrivant sous une certaine note.

        J’aime beaucoup me relaxer le soir en lisant DD, dommage que les commentaires soient trop souvent gâchés par quelques ahuris et dissuadent d’intervenir.

  6. je suis en phase ( en parlant de ça ) ! avec Oglala
    lol


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