On n’abuse pas du BarBQ!

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

L’info est un peu réchauffée, mais en cette période estivale qui démarre, mérite d’être sortie du frigo: le bilan carbone du bon vieux barbecue à charbon serait bien piètre, comparé à son équivalent à propane.

C’est en mai dernier qu’un consultant basé en Suisse, Eric Johnson, a publié son étude comparée dans la revue scientifique Environmental Impact Assessment Review. Le chercheur calcule que l’empreinte carbone d’un barbecue à charbon de bois est le triple de celle d’un grill de jardin à gaz.

En moyenne, selon Johnson, une petite partie de grillades rejetterait près de 7 kilogrammes de gaz carbonique, contre 2,3 kilos pour le même repas préparé avec un grill à propane. Le seul combustible liquide souvent utilisé pour démarrer la combustion du charbon représenterait le tiers de la consommation du grill à gaz pour cuisiner…

La raison de cet écart considérable tiendrait à la piètre efficacité de la combustion du charbon de bois. Moins d’un tiers de la chaleur serait récupérée pour la cuisson, contre les neuf-dixièmes dans un barbecue à gaz. De plus, la production du charbon de bois rejette aussi du gaz carbonique en quantités importantes.

De fait, l’étude de Johnson pose toute la question de la neutralité en carbone des carburants d’origine végétale. On considère souvent que ce qu’il rejette correspond à ce que l’arbre a pompé au cours de sa croissance, et que la combustion de végétaux est donc sans effet sur le climat. Une vision un peu courte si on tient compte de l’efficacité du procédé, surtout si le charbon provient de déforestation incontrôlée. Car un arbre sur pied stocke du carbone (comme la terra preta, le charbon de bois pulvérisé qu’on met dans les sols agricoles). Mais un arbre pyrolysé et transformé en chauffage à brochettes ne stocke plus rien… Sans compter l’ensemble des polluants, à commencer par les dioxines.

L’étude de Johnson pose aussi une autre question. D’où vient le charbon de bois qui est consommé dans les pays occidentaux? En France, très probablement de France puisque nous sommes un important producteur (et exportateur parait-il).

L’an dernier, interrogée par le Parlement européen, la Commission de Bruxelles avait expliqué que le commerce de charbon de bois entre l’Afrique et l’Europe peut être considéré insignifiant. Johnson, dans son étude, laisse entendre que 80% de ses importations proviendraient de pays en développement, principalement d’Afrique.

A voir les offre de services d’exportateurs prétendus qui traînent sur le net, on pourrait bien découvrir à l’avenir que la Commission de Bruxelles a surtout fouillé de manière insignifiante la question. Votre charbon, vous le voulez de quelle origine? Nigeria, Afrique du Sud, Indonésie, Pakistan ou Thaïlande? En attendant, allez-y mollo sur le BarBQ, et éviter de l’asperger de pétrole!

19 commentaires

  1. Et si on fait un barbecue avec du vrai bois et et une allumette, quel est le bilan carbone ?

    1. Author

      Celui de l’origine du bois… S’il vient du jardin, pourquoi pas.S’il a traversé les contrées en camion, moins bien? S’il est venu à bicyclette, vous pouvez y aller, sauf en ville, parce que la concentration des produits de combustion est néfaste pour la santé de vos voisins et la vôtre!
      PS: Les allumettes, c’est peanuts!

    2. Je partage l’avis sous-entendu dans la remarque de peyu : le charbon de bois devrait être interdit, les « allume-BBQ » encore plus (surtout pour la santé de leurs utilisateurs), et rien ne vaut un bon vieux BBQ au bois d’arbre du jardin, allumé avec des brindilles de bois.

      Mais jardin signifie participer à l’étalement urbain, donc plus de déplacements automobile. Va falloir faire le bilan carbone du BBQ au bois d’arbre sous cet angle. Aïe, mais comment vais-je pouvoir faire un BBQ qui ne pollue pas ?

      Il reste la parabole solaire, je n’ai pas encore essayé, je me demande si çà grille vraiment bien … DD, vous ne pourriez pas nous trouver une étude là-dessus (on oubliera le bilan carbone de l’alu nécessaire à sa fabrication) ?

      1. La parabole solaire, c’est OK…à Ougadougou. En Ile de France, faut attendre que le nuage passe. En novembre, vaut mieux mettre le steak sous sa selle. Comme Attila!

  2. T’as pas l’info sur les BBQ nucléaires des fois ? Perso, j’en ai un qui a très avantageusement remplacé celui à charbon, mais le bilan m’intéresse.

    1. Author

      Ah le barBQ nucléaire… Pas bon pour la planète, et surtout pas bon pour le goût du homard… (moi perso, le BBQ, c’est pour le poisson et les crustacés, une paire de fois par an, maxi)

  3. Bilan tout à fait en trompe-l’oeil. En effet, il faut quelques cventaines de milliers d’année pour faire du propane (énergie non renouvelable) alors que le charbon de bois , provient du bois qui, en poussant va récupérer une partie du CO2 dégagélors de son incinération.

    Il ne faut jamais oublier la règle d’un bilan TOTAL, et non fait à partir de mesures à l’entrée et à la sortie du Barbecue.

    Amicalement à tous

    1. Author

      Sur la durée d’élaboration d’accord. Mais si l’on déforeste pour produire le charbon de bois, on discute du bilan, vous permettez?

      1. Que représente dans l’équation le travail d’extraction, de stockage, d’embonbonnage et de distribution du propane (pour lequel les bonbonnes voyagent à de multiples reprises en camion, pleines ou vides) ?

  4. Cher Monsieur Delbecq,
    Il est évident qu’il est toujours possible de discuter d’un bilan. Cependant il convient de garder présent à l’esprit le fait que toute forme d’énergie renouvelable est globalement préférable à l’utilisation d’énergies fossiles.
    je vais même aller dans votre sens en poussant encore plus loin le raisonnement : nos pays, gros consommateurs de viande, ont un bilan catastrophique. Car dans le bilan du T-bone steack cuit au barbecue, je suis prêt à parier gros que le bilan carbone de l’opération cuisson est négligeable par rapport au bilan qui conduit ce morceau de viande de la naissance du veau jusqu’à votre frigo, avant cuisson.
    Bien amicalement, et merci pour les informations que vous mettez en ligne régulièrement. Elles sont toujours d’un grand intérêt.

    1. Le bilan carbone de la barbaque grillée n’est donc pas top, sans parler que ce mode de cuisson produit les fameuses réactions de Maillard (càd le grillé) qui sont toxiques et cancérigènes, même avec du colin…

    2. Author

      Dans la base carbone publiée par Effets de Terre, vous pouvez lire que 100g de veau représentent 3,6 kg-eq-CO2 (1). Donc le charbon de bois représenterait l’équivalent de 200g de viande de veau ou 28 saucisses de strasbourg. Ce qui n’est pas négligeable. Bien sûr que les énergies renouvelables sont à privilégier dès qu’on le peut. Mais quand on ne sait pas d’où provient son charbon de bois, et compte tenu de son faible rendement d’utilisation, la question peut néanmoins se poser, vous ne trouvez pas?

      (1) Le veau élevé sous la mère est la viande la plus chargée en carbone, puisqu’il faut tenir compte du veau et de la génisse!

  5. Si je comprends bien, les gros fautifs sont les pays occidentaux, avec leurs bar-B-Q de peuples riches… Et au premier rang, la France, horrible pays qui a osé élire un Sarkozy! Honte à nous. Supprimons les bar-B-Q aux pays occidentaux! Et puis supprimons la viande à tous les pays développés. Na! Là est  » la » solution!
    Seulement voilà: la France représente 1% de la population mondiale. Les occidentaux « riches », disons un petit 20%. Leurs populations se rétrécissent comme peau de chagrin relativement aux autres.
    Quid des pays « en voie de développement », soit 80% de la population mondiale? Ils n’utilisent pas de bois pour faire cuire leurs aliments, eux, céréales comprises? Ni pour se chauffer, peut-être ? Pire, pour survivre, ils doivent absolument déboiser à tour de bras… Dans l’état actuel, ils n’ont pas le choix. Le bilan est facile à établir: Un enfant de plus dans un village, c’est à peu près trois moutons supplémentaires. Ou trois chèvres. Les moutons, c’est à terme, plus aucune herbe sur un hectare. Les chèvres, c’est plus aucun arbre sur deux hectares. Résultat, une maigre savane sans herbe et quelques arbustes rabougris.
    J’ai eu l’occasion de tremper, avec plusieurs organismes publics ou privés (EDF,CEA, Bouygues, etc.) dans des programmes d’aide aux pays en voie de développement, centrés sur les pays du sub-Sahel, dont le Mali. Là bas, chacun sait qu’on ne parle plus de déforestation, mais de désertification. Et pas uniquement due aux conditions climatiques! Des gens de l’UNESCO étaient venus lancer un nième programme destiné à remplacer la cuisson à l’air libre par la cuisson en fours fermés (distribués gratuitement), beaucoup plus économe en bois. Echec complet, car allant contre la culture ancestrale des femmes et la tradition. Ils étaient désespérés. La savane continue donc de mourir.
    Mais d’un autre côté, dans ce pays de soif et de misère, les écoles débordaient littéralement de gamins, à ne plus savoir qu’en faire. Gamins dont l’avenir était tout tracé: crever sur place, ou s’exiler. Leurs parents le savaient très bien, mais ça ne fait rien, on remettait au truc! Et tous désertaient l’école pour les petits boulots et nous passaient des lettres (tu mettras le timbre pour moi, hein?) demandant toutes sans exception à un frère ou un cousin de les faire venir en France!
    Quand donc va cesser ce discours d’auto flagellation totalement manichéen. Oui, c’est vrai, nous, pays riches, nous consommons mal et trop. Mais ce n’est pas une raison pour escamoter la responsabilité des autres et de se voiler la face:
    La question centrale de l’écologie, c’est celle de la surpopulation mondiale.

    1. « Quand donc va cesser ce discours d’auto flagellation totalement manichéen. Oui, c’est vrai, nous, pays riches, nous consommons mal et trop. Mais ce n’est pas une raison pour escamoter la responsabilité des autres et de se voiler la face »

      Il ne s’agit pas de s’autoflageller mais de faire en sorte que les 20% de l’humanité qui en ont les moyens de trouver des solutions et de faire des efforts, car nous sommes tous « responsables » de ce qui se passe sur cette planète. Et 20% c’est déjà ça !
      Bon app !

      1. « Il ne s’agit pas de s’autoflageller mais de faire en sorte que les 20% de l’humanité qui en ont les moyens de trouver des solutions etc. »
        Je suis tout à fait d’accord là-dessus, mais je suis certain que nous, occidentaux trouverons beaucoup de solutions si nous le voulons. Et les nombreuses interventions passionnées sur ce forum en sont un témoignage rassurant.
        Mais vous devez avoir lu comme moi, que dans les trente ans à venir, la seule Afrique verra sa population augmenter de 800 millions d’habitants. Huit cent millions, c’est deux fois la population actuelle de l’Europe! Déjà, les 900 millions actuels ont la triste vocation de crever de faim, que prévoit-on pour ces nouveaux venus?
        Ce que je crains, c’est que derrière les ratiocinations sur les méfaits de nos barbecues, on passe à côté de choses autrement plus essentielles pour l’avenir des hommes (pas le mien, je suis trop vieux).
        Un peu comme l’autre qui voulait vider sa baignoire avec une petite cuiller, mais avait oublié de fermer le robinet.

    2. Vous avez déjà vu un thonier somalien venir pêcher le long de nos côtes ?

      1. Vous avez déjà vu un thonier somalien venir pêcher le long de nos côtes ? »

        Non, mais j’ai vu beaucoup de somaliens sur le parvis de Notre-Dame, réclamant un toit. Et je ne suis pas sur que ceux là aient un avenir beaucoup plus radieux que s’ils étaient restés le long de leurs côtes.

  6. Bonjour,

    Je suis d’accord avec les commentaires sur le probleme du CO2 capture et du CO2 renouvellable. En l’occurence, et globallement parlant, le probleme qui se presente a nous n’est pas autour du CO2 capture dans le bois mais celui capture dans les energies non renouvellables, dont propane. C’est la tout le probleme des methodes de mesure et du besoin d’avoir un referentiel international pratique (i.e. detaillé) et commun. En l’occurance la methode connue sous le nom PAS 2050 qui est aujourd’hui utilisée a travers plus de 80 pays (y compris la France) ne tient pas en compte les emissions dites « cycle court » (<12 mois). Une partie serait reconnue pour le cas du BBQ, en fonction du type de bois (desole le debat peut etre un peu technique des que l'on creuse 🙂 ). Si c'est du charbon, tout devrait etre pris par contre. Je connais Eric Johnson et vais lui ai fait part de mes commentaires aussi.

    Par contre il est clair que le probleme que nous avons est plus en rapport avec nos habitudes de consommation (viande) plutot que celle de cuisson. Manger de la viande n'est autre que marcher sur la tete d'un point de vue environnemental. Qque soit l'ampleur, utiliser 9 ou 10 calories vegetale (cereale / grain pour le betail, plus engrais, desherbant, transport des cereals, etc…) pour creer une calorie animale (le steak, la saucisse, etc…) est le processus le plus inefficace que nous ayons imaginé.

    Donc a mon avis, le BBQ au bois ou au propane, autant que l'on veuille, tant que l'on ne mette des saucisses vegetariennes dessus. Le message de l'urgence a changer nos habitudes alimentaires va sans doute etre difficile a faire passer…

    Cdt, Hervé

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