Quand la mer monte… elle descend

Il paraît que ça frite dur dans la région de Juneau, au sud-est de l’Alaska. Car depuis une cinquantaine d’années, le niveau de la mer baisse, libérant de nouvelles terres que les riverains se disputent. Paradoxalement, ce recul de l’océan serait lié au réchauffement climatique. Car les glaciers morflent particulièrement dans la région. Et au fur et a mesure qu’ils disparaissent, l’écorce terrestre, privée de leur poids, redresse la tête (1). Et, comme dans d’autres régions du monde (notamment au Groenland et en Scandinavie), les terres émergées remontent plus vite que le niveau des océans… Serait-ce la raison des prises de position de Sarah Palin, ex-candidate à la vice-présidente, sur la négation du récuaffement climatique.

Dans la région de Juneau (la capitale de l’état d’Alaska), raconte un journaliste du New York Times, il y a intérêt à disposer de tables de marées à la page. Car sur certains rivages, le retrait de l’océan est très rapide: plus de trois centimètres de hauteur d’eau par an! A Juneau, la baisse du niveau de l’eau atteint 3 mètres depuis 1750… Par endroits, elle serait du double! Et les géophysiciens prédisent encore un bon mètre de plus d’ici la fin du siècle (2). Un phénomène renforcé par le ballet des plaques tectoniques. D’ailleurs, ces modifications de l’écorce sont un vrai viagra pour failles géologiques, et les séismes devraient se multiplier.

Conséquence de tout cela, la géographie est profondément modifiée. Car si les roches s’élèvent, les eaux souterraines restent à leur niveau. Ce qui revient à dire qu’elles sont plus profondes. Résultat: des cours d’eau se tarissent, notamment des rivières à saumon. Des zones humides disparaissent, et les bestioles qui y vivaient sont en galère. Et les gros navires commencent à ramer le long de certains rivages.

Près de Juneau © Devita Writer / Alaska Division of Community and Business Development
Près de Juneau © Devita Writer / Alaska Division of Community and Business Development

Evidemment, ça fait aussi des heureux, raconte le NYT. Il cite un propriétaire qui a pu installer un golf de 9 trous sur des terres qui étaient immergées à l’époque de son père. Et qui se prépare à en créer un second… Reste aux autorités à régler une épineuse question: à qui attribuer chaque nouvel hectare de terre qui sort de l’océan? Sarah Palin a du pain sur la planche…

(1) En jargon scientifique, on parle de rebond isostatique.
(2) Lire le rapport consacré en 2007 à cette région.

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