Dis-moi quel temps il fait chez toi, et je te dirais ce que tu penses du réchauffement

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

La perception du climat est étroitement liée aux conditions météo du moment. C’est la conclusion d’une étude fort intéressante de deux universitaires américains, qui se sont penchés sur des sondages conduits aux Etats-Unis à propos de l’opinion du public sur l’évolution du climat. Ils se sont attachés à relever la température moyenne dans la région où vivent les personnes interrogées la semaine précédent le sondage. Et le verdict est limpide: plus la température est au dessus de la normale saisonnière, et plus les gens considèrent qu’il existe de sérieuses preuves du réchauffement climatique. Ils en tirent presque une «loi»: pour trois degrés Farenheit de plus, 1% s’ajoutent à ceux qui ne doutent pas du réchauffement global.

Patrick Egan et Megan Mullin se sont appuyées sur cinq sondages conduit par le Pew Research Center, entre 2006 et 2008. Des études conduites par téléphone auprès d’échantillons représentatifs de la population de 48 états des Etats-Unis. En moyenne, sur les cinq enquêtes, 74% des personnes interrogées acceptent l’idée que la Terre se réchauffe, avec un pic relevé en juin-juillet 2006, attribué par Egan et Mullin à la publicité faite au film Une vérité qui dérange d’Al Gore. En quelques jours, la proportion avait grimpé de 69,6% à 78,5%, avant de redescendre quelques jours plus tard à 76,5%, suivant presque parfaitement la courbe du nombre de salles où le film était projeté…

Mais le plus intéressant n’est pas là. Pour chacun des cinq sondages, nos deux chercheurs ont repris les données météorologiques des jours précédent le questionnement des sondés, en s’appuyant sur le code postal de leur domicile. Avec une distance moyenne inférieure à 45km entre les domicile et la station météo la plus proche. Et pour tenir compte de la variabilité climatique locale (certaines régions connaissent des sautes de température plus importantes que d’autres). Pour tester la véracité de leur méthode, les chercheurs ont également tenté des corrélations sur deux sujets sans rapport: la décision d’envahir l’Irak et la perception de la politique de Dobelyou: aucun lien avec la météo du moment.

Outre la sensibilité aux conditions météo locales, les chercheurs tentent de mettre en évidence une autre relation, à partir de la catégories socio-professionnelle des personnes interrogées. Il apparaît, selon Egan et Mullin, que quand les conditions sont normales ou plus fraîches que la normale, ce sont les personnes les mieux éduquées qui partagent le plus l’idée d’un réchauffement planétaire. Et si la température grimpe, les autres personnes viennent ajouter leurs voix.

Evidemment, il convient de prendre ce genre d’études avec des pincettes, puisque les écarts de perception du climat évalués dans l’étude sont minces (entre 70% et 80%). Mais cela confirme que notre environnement modifie notre perception de l’avenir de la planète. Combien de personnes estiment que la Terre ne se réchauffe pas parce que la météo a été plus rigoureuse cet hiver en Europe?

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