Comment faire pour renouer avec l’Iran? La question taraude Barack Obama, qui a adressé un message aux Iraniens en mars dernier à l’occasion de leur fête du Nouvel an. Pas facile de trouver un terrain d’entente après trente ans de défiance, et de violence… Et Téhéran a répondu de manière timide.
Un ancien de la Banque mondiale, économiste de renom, propose un projet pour concrétiser la recherche du dialogue entre les deux pays. Dans une tribune publiée sur le site du Centre pour le développement global, un think tank américain qui travaille sur la réduction de la pauvreté et des inégalités dans le monde, David Wheeler souligne que le développement de l’électricité solaire en Iran pourrait être un outil approprié. Wheeler, qui a étudié la question solaire au Moyen-Orient, rappelle qu’une grande partie du territoire iranien offre les conditions d’ensoleillement requises pour construire des centrales solaires thermiques, comme celles qui existent dans certains déserts américains.
Selon Wheeler, l’Iran a inauguré sa première centrale solaire thermique cette année. Une installation très modeste —250 kW de puissance installée— construite à Shiraz. Gros producteur pétrolier, le pays affiche encore des scores dérisoires dans le solaire, avec quelques milliers de chauffe-eau seulement.
A vrai dire, Wheeler propose surtout un rapprochement entre l’Iran et l’ouest-américain, terre bénie pour l’énergie solaire. L’économiste rappelle que cent mille américains d’origine iranienne vivent dans le sud de la Californie, dont beaucoup sont des entrepreneurs. Non loin de là, au Nevada, Pierre Omidyar, qui a fait fortune en créant eBay, a créé avec sa femme une «entreprise philantropique» qui investit dans des projets dans les pays en développement.
L’ONU serait partie prenante du schéma proposé par David Wheeler, au travers des mécanismes de développement propre (CDM) qui permettent de financer les projets d’énergies propres par les entreprises des pays signataires du protocole de Kyoto, en l’échange de droits à polluer. L’idée mérite d’être creusée, non?
Ils ont aussi en construction une centrale solaire hybride de 10MW dans la province de Yazd. Le gouvernement iranien avait commandé il y a quelques années une étude sur ses ressources solaires à une université allemande spécialisée dans la question, ils ont donc un intérêt pour ces solutions. Sachant que l’Iran a une influence déstabilisante sur le cours du pétrole (ils doivent à tout prix en vendre pour pouvoir financer leur développement actuel, contrairement à un pays comme l’Arabie Saoudite qui a un comportement de rentier par exemple), ça ne peut être qu’une bonne idée de les aider à se développer pour pouvoir assurer une transition en douceur vers les énergies propres…
Merci de cette lumineuse précision!
L’Iran s’y prend de manière très curieuse dans le finacement de son développement par le pétrole. Il vend du pétrole, puis, parce qu’il n’a pas suffisamment de raffineries, il rachète, plus cher, de l’essence qu’il revend à l’aide d’énormes subventions très bon marché pour que les fidèles électeurs du régime puissent rouler en voiture. Ce n’est pas demain la veille qu’il aura assez d’argent pour construire des centrales solaires thermiques et passer en douceur aux énergies renouvelables. Dommage, parce qu’il a assez de gaz ( pas renouvelable)pour faire tourner longtemps ces centrales.
L’ONU avait sorti un rapport récemment qui estimait à $300 milliards les subventions sur les énergies fossiles dans les pays les plus pauvres (pays hors OCDE). Les subventions au pétrole dans beaucoup de pays c’est le transport donc les médicaments, la nourriture, etc, mais c’est aussi l’électricité et le pompage de l’eau (une grande partie des efforts d’électrification ce sont fait hors réseau parce qu’il est extrèmement cher de tirer les cables)… Comme dans un grand nombre de pays pauvres l’administration est sous-développée et que le système bancaire intérieur est inexistant vu que seul le secteur des importations/exportations est jugé porteur (au passage : raisonnement totalement faux) alors c’est difficile ensuite de faire payer des impots et d’opérer une redistribution des revenus.
La seule façon de mettre en place une politique sociale pour les bas est donc de garantir des prix bas sur les produits de première nécessité ce qui, au passage, est la façon la plus couteuse et la plus inéquitable de procéder (parce que c’est jamais les pays les plus pauvres qui en profitent)… Cependant il y a beaucoup de pays qui se retrouve coincé avec la hausse du prix du pétrole, c’est très délicat d’enlever les subventions, il y a même des régimes qui sont tombés à cause de celà…
De toute façon loin de moi l’idée que le développement par le pétrole était quelque chose de durable, au Vénézuela Chavez va commencer à avoir chaud à son fauteuil de président si le cours de pétrole ne commence pas à remonter très vite… Et quand je parlais de transition douce c’était plutot la situation mondiale que je visais : avec un pétrole pas cher il n’y a pas d’incitation à exploiter les négawatt avec un pétrole trop cher il n’y a plus d’investissement pour les mettre en oeuvre… A mon avis il vaut mieux un prix stable dont on sait qu’il va tout le temps monter qu’un prix qui fluctue autant que ces dernières années.
Après sur l’investissement, il n’y a que pour les projets pharaoniques qui ont recourt au financement publique (grand barrages hydro ou nucléaire) pour les centrales solaires thermiques c’est plutot des investissements privés, il est plus facile de trouver des investissements pour plusieurs projets de taille moyenne que sur un seul gros projet dont on est pas certain qu’il va arriver à son terme. A mon avis il y a moyen de développer énormément l’activité simplement en garantissant les investissements pour éviter que les partenaires privés soient repoussés par le risque d’instabilité politique.
Ca va être intéressant de voir ce que va donner l’avenir du solaire thermodynamique dans les prochaines années on a déjà des projets en Espagne, l’Allemagne et l’Algérie viennent de signer un accord de partenariat sur le sujet et ont beaucoup d’ambition pour diminuer les couts (l’Algérie inaugure cette année une centrale solaire de 25 MW), les Etats Unis restent quand même le pays leader dans l’exploitation industrielle de cette solution.
Et vu le marché potentiel heureusement que la réhabilitation de Thémys a été lancé par le CNRS et le conseil général des Pyrénées Orientales parce que je rappelle quand même que les chercheurs allemands reconnaissent eux-mêmes que les chercheurs français sur le solaire sont au-dessus d’eux (et ils trouvent totalement incompréhensibles le sabotage par l’état de la recherche française dans le domaine…).
@Tilleul, pour une fois je suis assez largement d’accord avec vous. Mais il est incompréhensible que l’Iran, qui a la capacité nucléaire, soit incapable de construire des raffineries pour éviter d’importer de l’essence plus chère que le pétrole qu’il exporte. C’est incompréhensible, à moins qu’il ne s’agisse d’une magouille pour faire rentrer de l’argent dans les poches de quelques uns.
Quant au solaire thermodynamique, j’avais cru comprendre d’après les propos de certains que la recherche française dans ce domaine était retardataire. Ainsi, malgré le sabotage par l’Etat, elle a conservé de l’avance ! Ouf!
C’est sûrement un domaine d’avenir, mais il le sera encore plus si son facteur de charge augmente encore. En attendant, il a besoin de gaz naturel, et il est bien évident que dans les pays qui en ont beaucoup, il est intéressant du point de vue énergétique de faire assister les centrales à gaz par du solaire thermodynamique. C’est très coûteux, mais cela permet de réserver du gaz pour l’exportation. Etant donné la diminution de la disponibilité du gaz sur le marché mondial d’ici 5 à 10 ans et la montée des prix qui s’ensuivra, il y aura là un pactole pour les pays exportateurs
Iran ! pff elle fait de la fausse monnaie ! entre autres….