Avant de combattre, connaître ses ennemis

On lui souhaite bien du plaisir. Le Blacksmith Institute, une ONG américaine espère dresser une liste complète de tous les sites pollués dans les pays en développement. Non pas pour jeter l’opprobre sur des populations défavorisées, mais parce que dans beaucoup de ces pays, la législation sur la pollution reste encore très en dessous de ce qu’elle est dans les pays riches. Un inventaire précis permettrait de cibler les priorités pour tenter de remédier à ces pollutions dans les pays disposant de peu de moyens.

Selon l’ONG, il existe de nombreux outils de remédiation pour nettoyer les usines en activité, d’anciens sites abandonnés ou des décharges toxiques sauvages. Mais pour s’y attaquer, encore faut-il les connaître, d’où l’idée de former des dizaines de personnes des quatre-vingt pays ciblés pour dresser un inventaire complet. L’Union européenne financera un million de dollars, pour la première phase de ce recensement qui devrait prendre au moins dix-huit mois. Blacksmith espère aussi attirer un demi milliard de dollars pour aller s’attaquer aux sources de pollutions les plus graves dans les pays en développement.

Blacksmith n’est pas un nouveau venu dans la lutte contre la pollution dans les pays du Sud. En 2008, l’organisation s’était associée à l’association suisse Green Cross pour lister les pollutions les plus dangereuses au monde. Citant, dans l’ordre, l’orpaillage artisanal, la contamination des eaux de surfaces, celle des nappes souterraines, la pollution intérieure, le traitement des métaux, les mines, les déchets radioactifs et l’exploitation de l’uranium, les eaux usées non traitées, la pollution de l’air urbain et les batteries au plomb. Pour donner un ordre d’idée, selon le rapport Blacksmith/Green Cross, le mercure utilisé pour l’orpaillage menace quinze millions de personnes dans le monde avec certaines exploitations qui rejettent deux fois plus de mercure qu’elles n’extraient d’or. Blacksmith a récemment co-financé la dépollution d’un site de batteries en République Dominicaine dont le sol contenait 35% de plomb…

Pendant dix-huit mois, les volontaires formés par l’ONG iront sur le terrain évaluer la situation, dans le but de classer chaque site sur une échelle de un à six, suivant l’urgence de la dépollution. Plusieurs milliers de sites sont concernés. Après, il restera à convaincre les industriels et les autorités souvent corrompues de faire quelque chose. Bon courage.

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