Climatisons la pompe à carbone

Vu les avancées à reculons de l’Europe sur le climat, et l’ambiance de déprime qui a règné à Poznan, lors de la conférence de l’ONU, les tenants de l’ingénierie du climat risquent d’avoir du pain sur la planche. Pour ceux qui n’auraient pas lu le dossier que j’avais publié dans Terra Economica en novembre, la géoingénierie vise à agir directement sur le climat pour freiner ou stopper le réchauffement. Par exemple en envoyant des miroirs en orbite pour réfléchir une petite partie du rayonnement solaire, en simulant l’impact des grands volcans qui empoussièrent la haute atmosphère ou en dopant le plancton océanique.

La revue Nature revient sur le sujet cette semaine, à l’occasion d’un papier de deux chercheurs américains. Bizarrement, il n’a pas été inclus dans le paquet adressé aux journalistes accrédités, aussi n’ai-je pu le lire. En revanche, un petit news publié par la revue britannique détaille les efforts qui sont faits pour pomper le gaz carbonique dans la nature. Comme des arbres artificiels, qui fonctionneraient 24 heures sur 24. Avantage sur la séquestration du gaz des centrales si désirée par l’industrie du charbon, on pompe aussi les gaz émis par les voitures, chaudières et autres émetteurs diffus de gaz à effet de serre.

On apprend que deux entreprises, des jeunes pousses, sont sur le créneau. Et une troisième en voie de création. Deux des trois mettent au point un système à partir de soude mélangée à l’air, qui piège le gaz carbonique. En recyclant la soude, le gaz est séparé. Mais évidemment, ça consomme de l’énergie et ça coût cher, plus de deux cents dollars la tonne de CO2…

On peut leur faire confiance, les chercheurs versés dans l’ingénierie ne s’arrêteront pas là. Sans doute même, le nouveau gourou de l’énergie, le Nobel Steven Chu mis à la tête du DoE par Obama, devrait aussi favoriser ces recherches. D’ailleurs, est-ce par scepticisme devant l’inertie des politiques publiques de réduction des émissions, la géoingénierie n’est plus taboue dans les labos. On devrait en savoir un peu plus dans quelques jours (ou semaines) sur l’état d’esprit des scientifiques, car le quotidien britannique The Independent a lancé une grande enquête auprès des climatologues renommés. Un questionnaire circule depuis quelques jours et les chercheurs ont été priés de répondre avant lundi prochain…

Un commentaire

  1. « plus de deux cents dollars la tonne de CO2 » ???
    Ouh là, je sens que ça ne va pas le faire. Comment Al Gore va-t-il pouvoir compenser ses vols en jets privés et sa piscine chauffée ?

    On comprend que ce bidulator n’ait pas été présenté à Poznan histoire d’éviter des suicides – de désespoir – vu que lors la toute première vente aux enchères de carbone aux USA il y a 3 mois, le CO2 se tradait (devrais-je dire « bradait » même si je trouve perso que c’est hyper cher pour du vent) à … 3$ la tonne : http://www.takepart.com/2008/09/30/first-carbon-emissions-auction-in-united-states-nets-385-million/

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.