Planktos, ça vous dit quelque chose? Cette startup qui espérait vendre des crédits de carbone en arrosant le Pacifique de limaille de fer pour soi-disant doper le plancton, une pompe à gaz carbonique. Après l’intense campagne conduite par des organisations écologistes (Greenpeace, Sea Shepherd, etc.) et la publication de travaux mettant en doute l’innocuité du procédé pour l’écosystème océanique, Planktos avait perdu ses investisseurs et coulé.
Et bien Russ George, le fondateur de l’entreprise, a fait un peu de magie. Un peu comme les bougies surprises qui se rallument toutes seules quand on les a soufflé. Exit Planktos Corp, introducing Planktos Science. Ça fait plus sérieux comme nom, non?
Cette fois, l’ex-éco-warrior, comme George (pas Dobelyou, l’autre) aime à se décrire, ne se fera pas avoir. Il a déniché un vernis propre à susciter de nouvelles vocations chez les investisseurs. On ne parle plus d’arroser l’océan à la limaille de fer pour sauver le climat. Place à la restauration de l’écosystème planctonique mis à mal par les méchants humains.
Le site de l’entreprise a publié une longue profession de foi. “Notre mission est la restauration des habitats endommagés”, écrivent les responsables de la firme. On ne chasse plus le CO2 qui « réchauffe lentement la planète », mais ce méchant gaz qui « acidifie les océans », avec un impact « très rapide et périlleux » qui « dévaste les forêts océaniques ». L’entreprise se targue de vouloir conduire de petits projets, moins ambitieux que ceux de la startup précédente, qui mettent en jeu des quantités de matériaux négligeables devant les centaines de millions de tonnes de poussières minérales qui atterrissent, portées par les vents, dans les océans.
Oyez, oyez, bonnes gens, avec Planktos, l’océan sera bientôt guéri. Et comme Planktos Science va aussi replanter des forêts terrestres, cherchera de nouvelles molécules pour la pharmacopée, étudiera les biocarburants et ambitionne de repeupler les bancs de thons, nous seront vite sauvés. Sans rire, l’entreprise ambitionne probablement d’être le Google des océans. On peut investir un peu de limaille de fer dans votre fabuleux projet, monsieur George?
PS: les précédentes aventures de Planktos sont ici.
Concernant la légende de l’image, on parle d’un bloom (avec un L), par analogie à la floraison (to bloom: fleurir, être en fleur) des plantes terrestres. A moins que le « boom » soit une francisation officielle ? ou simplement une coquille 😉
Quant à la chasse au méchant gaz « qui acidifie les océans », voilà un joli retournement de veste ! Faut-il applaudir l’écoute de la critique ou critiquer la constance à vouloir faire du fric en vendant des chimères ?
Oui, mais en français, le bloom est ce qui reste après laminage d’un lingot de métal. Et comme l’explosion du plancton est un feu d’artifices de jolies couleurs, boom c’est plus joli, non?