Marémotrice, première!

Ça y est. Le moulin à marée du britannique Marine Current Turbines (MCT) a délivré ses premiers kilowatts-heures. Installée depuis le 20 mai, la double hydrolienne fonctionne à puissance très réduite (150 kW) depuis hier pour vérifier son bon fonctionnement. Mais une fois que les ingénieurs se seront assurés que tout va bien, le moulin pourra délivrer jusqu’à 1,2 mégawatts. Bien sûr, sa production sera liée à l’intensité des courants de la marée à Strangford Lough (Irlande du Nord), et suivra donc une courbe sinusoïdale au cours de la journée (et de la nuit), mâtinée des variations d’amplitude des marées. Mais contrairement au vent ou au soleil, le cycle des marées est prévisible.

Alors qu’est-ce qu’on attend. Contrairement aux projets d’usines marémotrice qui bloquent totalement un estuaire (comme celui de la Rance en France), les moulins de MCT sont fixés, deux par deux, sur des pylônes ancrés au fond de l’eau, et ne gênent ni la navigation, ni la faune et la flore. Des sites favorables, chargés de courant, il y en a plein sur les côtes européennes. Sans doute l’électricité de ces moulins est-elle chère, plus chère que celle de l’atome. Mais les moulins à marée ne provoquent pas de fuite d’uranium, ni de licenciement de directeurs d’usine nucléaire. Bien sûr, le prix de cette énergie augmentera à l’avenir parce que celui des matières premières flambent. Bien sûr, la production ne sera pas constante toute l’année. Mais n’oublions pas que les marées ne se produisent pas partout à la même heure. En répartissant les moulins sur nos côtes, on arrivera à lisser la production à l’échelle de la journée, ce qui n’est pas rien.

Au Canada, la baie de Fundy, qui connaît des amplitudes de marées atteignant quinze mètres par gros coefficients, devrait recevoir trois turbines MCT, pour un total de 3,6MW, d’ici un an. La Colombie Britannique dispose d’un potentiel de 4000 MW. En Grande-Bretagne, une étude l’évalue à 36000 MW, dont 1500 MW pourraient être installés en moins de dix ans. La France dispose, loin derrière la Grande-Bretagne, du second potentiel hydrolien d’Europe avec 6000 MW. L’équivalent de quatre EPR, sans fuites ni déchets. Mais chut, il ne faut pas le dire, ça pourrait réveiller Borloo.

23 commentaires

  1. N’importe quoi Denis ! La seule question qui vaille la peine d’être posée est la suivante : Areva fait-elle des turbines marée-motrices ?
    Aussi peu de discernement, vraiment, c’est confondant !

  2. @DDq, c’est bien la peine que je me sois escrimé à rappeler ici qu’il ne faut pas confondre puissance et production. Bien que cela ait été déjà dit paraît-il par Aristote lui-même dans un de ses ouvrages, çà ne réussit pas à entrer dans la tête des journalistes. Le facteur de charge de l’hydrolien n’est pas très différent de l’éolien, soit 25%.Vos 4 EPR n’en font donc qu’un.
    Quant au prix!!!Gare au pouvoir d’achat!
    Le lissage de la production à cause des différences des heures de marées! Avez-vous déjà examiné un calendrier de marées pour l’Atlantique et la Manche? Le problème de l’intermittence va donc se poser là aussi.

    Sans doute savez-vous qu’un site est programmé pour bientôt en France au Nord de Bréhat, ceci pour répondre aussi à Bix qui semble croire à l’hégémonie d’Areva sur la production d’énergie en France.

  3. Author

    OK pour le facteur de charge. Pour les marées, juste un exemple, pris dans l’annuaire des marées SHOM pour aujourd’hui (heure de pleine mer). Brest (5h59) Roscoff (7h09) Saint Malo (8h11) Cherbourg (10h03) Dieppe (12h53) Boulogne-sur-mer (13h16). Quand c’est marée haute à Roscoff, c’est marée basse à Dieppe! Bien évidemment, il faudrait regarder les courants de plus près, puisque ce sont eux qui gouvernent la puissance des hydroliennes et je n’ai pas de carte sous la main.

  4. Pour une hydrolienne le facteur de charge est de 31 à 58%, les turbines sont prévues pour fonctionner dans les deux sens…

    Pour une centrale nucléaire il est de 80%.

  5. Bon évidemment ce chiffre reste une statistique parce que le nucléaire ça reste de la production de base hein, donc il y a toute une partie de cette électricité qui est produite quand on en a pas besoin…

  6. Loin de moi l’idée de défendre EDF, mais ils viennent justement d’annoncer la construction d’une ferme hydrolienne au large de Paimpol-Bréhat : 3 à 6 hydroliennes, d’une capacité totale de 4 à 6 MW, qui seraient raccordées au réseau d’électricité dès 2011.

  7. @Tilleul et DDq, merci pour ces informations. Je vous rappelle que l’énergie des marées est proportionnelle au carré de leur amplitude. Ce sont donc les endroits où les marnages sont les plus importants qui gouverneront l’essentiel de la production.L’usine de la Rance, implantée dans un endroit très favorable, n’a un facteur de charge que d’environ 25 %!

    Nous verrons bien à l’expérience: si vous avez raison, il ne faudra que 3000 de ces engins pour remplacer un réacteur EPR. Si c’est moi, il en faudra 6000. Et selon vous, ces milliers d’hydroliennes ne créeront aucune nuisance? Quelle sera la surface maritime occupée? De quels produits seront-elles revêtues pour empêcher leur colonisation par les algues et les coquillages? Quel risques pour les gros navires ? Comment seront-elles entretenues?

  8. Author

    Effectivement, cela laisse beaucoup de questions, et les premières expériences seront importantes. Pour l’entretien, le système testé en Grande-Bretagne est monté sur une crémaillère qui permet de sortir les pales de l’eau pour les entretenir. Question navigation, il faut juste que les navires naviguent avec des cartes à jour, ce qui est la moindre des choses. Le système de MCT est plus compliqué d’entretien car 100% sous-marin, en revanche, aucun pylône ne dépasse et donc aucune gêne pour la navigation. Quant à la Rance, j’imagine que son grand âge (de conception) ne favorise pas le meilleur taux de charge!

    PS: le marnage n’est pas tout. Ce sont avant tout les courants qui gouvernent le débit. Certains endroits avec moins d’amplitude ont des courants plus forts que d’autres qui paraissent plus favorables.

  9. @Tilleul, décidemment vous vous y entendez pour faire des écrans de fumée. Examinez une courbe de consommation d’électricité et vous y constaterez qu’environ 80% de cette consommation peut être assurée par une production très régulière au cours du temps. C’est çà la production de base.Elle est pour l’essentiel en France assurée par le nucléaire, qui est certes pour l’instant un peu surdimensionné par rapport à cette demande de base, mais pour combien de temps encore étant donné la demande croissante d’électricité?Bien évidemment, le développement anarchique de l’éolien, qui produit une électricité fatale, retardera cette échéance, ce qui montre bien l’imbécilité de cette politique.

    J’indique à ce propos que,contrairement à ce que vous affirmez sans cesse, la production du nucléaire est modulable dans des proportions assez importantes: 8% en moins de 10 minutes, et 20% en moins d’une demi-heure. Vous trouverez ces informations sur Internet dans les documents du laboratoire LASEN, de l’Ecole Polytechnique de Lausanne.

  10. Non l’électricité de base ne peut excéder 20 à 40% de la demande électrique sans de gros investissement comme la France en a fait (connections aux frontières qui permettent d’exporter 1/5eme de l’électricité produite, barrage de stockage, politique agressive d’illumination des batiments provoquant des pollutions lumineuses, etc,etc).

    Regardez la dernière semaine des anglais :

    http://www.nationalgrid.com/uk/Electricity/Data/Realtime/Demand/Demand8.htm

    La nuit se situe à 20 000 kWh, la journée en semaine à 40 000 kWh et la journée en week-end autour de 35 000 kWh… A celà il faut ajouter les variations saisonnières et météo… Je ne sais pas d’où vous sortez vos 80% de consommation d’électricité en base mais c’est tout simplement faux.

    Et je ne pense pas qu’on puisse compter comme fonctionnement normal d’une centrale le fait de balancer toute l’électricité dans le circuit de refroidissement, c’est déjà suffisamment cher comme ça l’énergie nucléaire on va pas en plus en rajouter… Et rappelez moi le temps qu’il faut pour démarrer une centrale à froid ?

  11. @Tilleul, Merci pour cette courbe que je ne connaissais pas: mais la base en Angleterre représente quand même 60 %, à l’échelle de la journée, si l’on regarde bien! En France, cela représente plus. Mais je reconnais que 80 % est un peu excessif.
    Regardez à nouveau les courbes publiées par H.Niffenecker sur http://www.sauvonsleclimat.org, qui vous avaient tant déplu.
    Je ne vois pas pourquoi on s’amuserait à démarrer des centrales nucléaires à froid, sauf après les arrêts de maintenance ou de changement des charges de combustible.

  12. On doit démarrer les centrales de base à froid parce que la consommation est variable en fonction des saisons. De plus il faut compter avec les variations de consommation (même au niveau géographique), le transport et la sécurité du réseau (si votre centrale la plus puissante est une centrale de 30MW, il vous faut un backup de 30MW, si c’est une centrale de 1GW, il faut…. 1 GW).

    L’électricité de base ce n’est pas une nécessité, c’est un choix qu’on prend parce qu’il faut absolument faire tourner les centrales nucléaire le plus longtemps possible pour que ca ne nous coute pas trop d’argent… Vous pouvez faire un réseau électrique qui tourne à 100% aux turbines à gaz mais il n’est pas possible de faire un réseau qui tourne à 100% à la machine à vapeur (qu’elle soit nucléaire, charbon ou biomasse solide…).

    Sur les données de Niffenecker je vous avais déjà fait remarquer qu’il s’était trompé de données : il observe les données de production (et encore, il s’agissait de données incomplètes puisqu’il manquait la moitié du parc thermique) au lieu de regarder les données de consommation ! Après j’empêche personne d’échaffauder tout un tas de théorie en considérant que la terre est plate, mais voilà la terre est ronde…

    Bon sinon faut pas être spécialement finaud pour se rendre compte que la construction d’un deuxième EPR n’a rien à voir avec les besoins de la France mais que c’est plutot un cadeau à GDF Suez…

  13. Author

    Sur cette question de l’EPR deuxième du nom, je crains qu’effectivement la nécessité de donner une meilleur dot à Areva d’un côté, et d’asseoir GDF-Suez dans le paysage électrique européen, n’ont pas grand chose avoir avec de la planification énergétique.

  14. Denis, ce qui m’étonne dans cette news, c’est que tous les sites qui ont relayés l’infos d’EDF citent que la France concentre 80% du potentiel des marées en Europe. Hors toi, tu dis tout le contraire.

    Extrait : à long terme, contribuer significativement à la production d’électricité d’origine renouvelable, en particulier au Royaume-Uni et en France, qui concentre à elle seule 80 % du potentiel européen hydrolien, soit une production d’électricité de 10 millions de MWh par an.

    Alors qui c’est qui dit vrai ?

  15. Author

    C’est une faute de français. On ne s’est sans doute pas relu chez EDF. Et comme tout le monde recopie bêtement les communiqués de presse au lieu de vérifier les infos, ce que j’ai fait… Dans le communiqué, il fallait lire « qui concentrent à eux-seuls ». UK: 36000 MW. France 6000W.

  16. @Tilleul, je ne prétends aucunement qu’un deuxième EPR soit pour l’instant nécessaire,.Je suis d’accord avec vous, et avec DDq. Et je préfèrerais de beaucoup que l’on freine la consommation d’électricité par une meilleure efficacité énergétique.

    D’autre part il est bien évident que l’on peut tourner à 100 % avec des turbines à gaz ! Mais est-ce bien judicieux, compte-tenu du prix du gaz et de ses prochaines difficultés d’approvisionnement, sans compter bien sûr l’effet de serre ( méthane +CO2).

  17. A l’échelle mondiale, le potentiel de l’énergie des vagues (énergie houlomotrice), en puissance, est estimé entre 1 et 10 TW (en génération: entre 3000 et 30000 TWh/an avec un CF de 30%).
    Consommation électrique mondiale: 15000 TWh/an

    De simples bouées collectent l’énergie de la mer. Impact environnemental nul.

    1 km2 de ferme OPT = 80 MW
    Source: http://www.oceanpowertechnologies.com/tech.htm

  18. BMD: « Bien évidemment, le développement anarchique de l’éolien, qui produit une électricité fatale, retardera cette échéance, ce qui montre bien l’imbécilité de cette politique. »

    La connexion HVDC des fermes éoliennes éloignées permet une production à plus de 33% en base load. Source: Etude de Standford University.
    http://www.sciencedaily.com/releases/2007/11/071121144907.htm

    De plus, un parc automobile constitué de millions de voitures électriques permet d’absorber les pics de production éolien. Voir projet BetterPlace Danemark.

    L’éolien est donc une énergie d’avenir, comme les énergies de la mer et les énergies solaires.

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