Areva, un débat pipé pour la cause nucléaire

C’est l’histoire d’un industriel dont les produits ne sont pas vraiment acceptés par le public, même s’ils les achètent en fermant les yeux. L’histoire d’un industriel qui aimerait bien changer son image et qui décide de s’adresser aux citoyens, internautes du moins. L’histoire d’un industriel qui, il faut le reconnaître, propose un débat que les autorités politiques ont toujours fuit.

L’industriel, c’est Areva. Son produit c’est —au travers d’EDF— l’électricité nucléaire. Et le débat se passe sur un site internet pendant trois mois, comme me l’a signalé ce mercredi le mail d’un lecteur assidu d’Effets de Terre qui a participé à l’opération d’Areva. Le site «Parlons-en» propose de débattre pendant un mois sur le thème “Nouveaux défis énergétiques: la place du nucléaire, parlons-en!”. Puis, mi-juin, il sera remplacé par une discussion sur les déchets nucléaires.

On pourrait se féliciter d’une telle initiative, puisque le débat public sur la place du nucléaire a toujours été confisqué, ou tellement encadré qu’il en était stérile. Mais Areva a raté sa cible. En guise d’introduction, huit vidéos dans lesquelles des experts français et européens sont interrogés. Tous, sans exception, défendent la place du nucléaire dans le mix énergétique.

Mais pour qu’un débat ait lieu, toutes les opinions doivent être représentées, même les plus iconoclastes. Areva semble avoir oublié qu’il existe aussi des experts de l’énergie qui défendent une solution sans l’énergie nucléaire, qu’il existe des experts qui pronent une politique de décroissance. Mais ceux-là ont été oubliés. Ce débat sera donc bidon, une nième opération de séduction marketing qui sera à n’en pas douter utilisée pour vendre l’image d’un Areva ouvert à la discussion. Et quand un internaute conteste l’utilité du site d’Areva, il est renvoyé dans ses buts par le modérateur: «…le but de l’espace de discussion ouvert ici n’est pas de s’interroger sur l’intérêt ou non d’un débat sur ce site…» Ça commence bien…

Image. La centrale nucléaire de Gravelines (Nord) © Denis Delbecq

18 commentaires

  1. je vous trouve un peu dur …
    les point de vue sont « nuancés ».
    jacky Bonnemain et Monique Senne ne sont pas franchement des pro nucléaire…

    Mais peut être qu’un débat avec des gens qui s’écoutent et échangent peut permettre à ceux qui ne savent pas de se faire une opinion ?

    concernant la modération, – voici la phrase complète …
    « Si le but de l’espace de discussion ouvert ici n’est pas de s’interroger sur l’intérêt ou non d’un débat sur ce site, n’hésitez donc pas, en revanche, à exprimer vos opinions sur les différents thèmes qui vont être abordés. Actuellement, et pour un mois, le thème de débat proposé est « Nouveaux défis énergétiques : la place du nucléaire, parlons-en ! ».

  2. Quelques éléments de commentaire. A titre personnel (puisque je participe au projet).

    « Mais pour qu’un débat ait lieu, toutes les opinions doivent être représentées, même les plus iconoclastes.  »
    Si on lance un débat sur l’avenir d’Israël, on invite qui ? Tout ne se vaut pas, et tout n’est pas admissible. ceci-dit pour le principe, et pas pour le cas particulier. L’idée me semble fausse. Il y a forcément une part de choix.

    A ma connaissance, Areva a invité de nombreuses personnes à s’exprimer. Huit apparaissent, ça peut évoluer. Mais c’est effectivement un débat hébergé sur areva.com. D’où sans doute des réticences à participer des opposants traditionnels, avec qui le dialogue ne fonctionne pas bien, de manière ancienne. Pour autant, tout le monde peut venir dire ce qu’il veut, et chacun peut voter pour mettre en avant les propositions qu’il juge importantes, pertinentes, intéressantes. L’essentiel, dans la discussion, ce sont les contributions, qui sont nettement plus lues que les vidéos introductives. Une proposition de SDN peut se voir propulsée au top des contributions les plus soutenues. Ca serait intéressant, non ? Inédit en tout cas.

    « Et quand un internaute conteste l’utilité du site d’Areva, il est renvoyé dans ses buts par le modérateur: «…le but de l’espace de discussion ouvert ici n’est pas de s’interroger sur l’intérêt ou non d’un débat sur ce site… »

    Euh, faudrait peut être citer en intégralité et remettre en contexte ?

    Il y a un lieu de discussion construite. Le débat, j’en suis persuadé, suppose des règles, un cadre, une période. Areva n’a pas vocation à héberger un forum infini sur tous les problèmes de l’énergie : il y en a déjà énormément sur le web, et il ne me semble pas que ce soit le rôle d’un opérateur que de le faire. Que peut faire Areva ? Ecouter, comprendre. Discuter.

    Après, c’est un peu comme une table ronde : on discute autour, avant, après, à côté. Comme ici. Mais si, dès que quelqu’un prend la parole, on conteste le format du débat, on ne s’entend plus.

    Areva n’est pas, et ne prétend pas être l’équivalent du gouvernement. Ce site n’est pas un « débat national sur les énergies », qui serait du ressort du gouvernement, mais un appel à participation, à écoute, à dialogue. Phase d’apprentissage, début d’une démarche plus ouverte ? On peut voir ce qui n’est pas parfait, penser manip. J’ai tendance à croire qu’on diabolise beaucoup, et que la démarche est inhabituelle…

  3. Ok je propose une autre explication : après avoir échoué via la voix de notre VRP national à persuader nos partenaires européens qu’il fallait inclure le nucléaire dans les « énergies renouvelables », ils ont trouvé une agence de communication qui leur a pondu un nouveau slogan : « l’énergie au sens propre » (genre on ne dit pas que c’est de l’énergie propre parce que ce serait mentir mais on trouve quand même moyen d’associer les deux mots à la marque).

    Et comme les gens de l’agence de communication sont très très malins ils ont trouvé une super expression qui est « énergie recyclable », recyclable, renouvelable, même si le premier ne veut rien dire, c’est quasi pareil non ? Alors on a plus qu’à répeter le mot toutes les deux phrases, mettre tout ça dans un joli habillage web 2.0 participatif parce que ce genre de marketting viral est à la mode et on laisse les gens gaspiller de l’électron pour donner une grande visibilité au concept…

    Franchement c’est aussi pathétique qu’un homme qui apercevant son premier cheveux blanc s’imaginerait faire une cure de jouvence en sortant dans la rue pour danser la tektonic en jeans slims et T-shirt moulant…

  4. M Sené ne s’est jamais définie comme antinucléaire (elle ne l’est pas) et bonnemain (robin des bois) est le prototype de l’ « écolo » complice de toutes les manoeuvres des industriels (ce n’est donc pas une surprise de la trouver à collaborer avec AREVA !)

    Par ailleurs, si AREVA veut vraiment et honnêtement débattre, elle n’a qu’à offrir au Réseau « Sortir du nucléaire » 50% de son temps d’antenne (pubs + interviews) à la télé, et 50% de la place qu’elle achète dans les quotidiens et mgazine.

    Là, ça permettra enfin aux citoyens d’avoir les deux points de vue.

    Autrement, « débattre » sur le site d’AREVA avec des « associatifs » complaisants, quel intérêt ?

  5. Bien évidemment, le « débat » organisé par l’un des principaux industriels de toutes les filières du nucléaire n’est qu’une opération publicitaire de celui-ci.

    Malgré des moyens très inégaux, le véritable débat ne peut se trouver qu’à travers une libre expression issue de nombreux supports et les sites internet y contribuent un peu, comme les distributions de tracts sur les marchés.

    Ces moyens sont bien faibles face à l’omniprésence de la propagande de l’Etat et à la force de frappe publicitaire de notre géant nucléaire. Nous ne sommes donc pas dans une véritable démocratie puisque les différentes opinions ne peuvent pas d’exprimer avec les mêmes moyens matériels et financiers.

    Mais souvenez vous tout de même de cette histoire très ancienne d’un solide gaillard philistin terrassé par un jeune berger.

    Deux arguments de réponse :

    http://futura24.site.voila.fr/nucle/generation4.htm : montre que le nucléaire n’a pas d’avenir, ni avec les réacteurs actuels, ni avec ceux de génération IV (à partir de 2040-2045 selon le CEA),

    http://futura24.site.voila.fr/electri/nucle_co2.htm : montre que le nucléaire ne résoudra pas le problème de l’effet de serre puisque l’énergie nucléaire ne représente que 2,1% de l’énergie primaire et 3,0% de l’énergie finale dans le monde.

    A coté de cela, la déforestation contribue pour 17 % des émissions de gaz à effet de serre, autant que tous les combustibles utilisés pour produire de l’électricité dans le monde. Et les émissions de GES dues à la déforestation s’agrave avec la production d’agrocarburants. Voir cette information ( http://www.greenpeace.org/canada/fr/actualites/cooking-the-climate ) au sujet de l’huile de palme en Indonésie.

  6. Ce n’est pas comme s’il pouvait y avoir un « débat » en France sur le nucléaire. La cause est entendue depuis longtemps, et nous n’avons jamais eu notre mot à dire. Un référendum sur le nucléaire serait… hmm… comique ?

    Il y a quelques années, quand on voulait enterrer un dossier, on créait une commission quelconque. Aujourd’hui, on ouvre un forum.

    Ceux qui y participent, même pour critiquer, serviront de caution morale à Areva : « vous voyez, on débat, on est ouvert, on n’a rien à cacher, on est en démocratie(TM), on est tous des potes ».

    Sûr que le jour où Saclay, Saint-Laurant-des-Eaux ou Gravelines éternueront, ça va être vachement utile, un « débat », pour évacuer la zone. Ca protège jusqu’à combient de Röntgen, un « débat » ?

  7. Si le débat sur le nucléaire est aussi difficile, c’est, disons-le, également dû aux outrances de certains écolos. Alors que le réchauffement climatique et la raréfaction du pétrole et du gaz donnent de vrai arguments aux pro nucléaires, les antis n’hésitent pas à travestir les faits pour expliquer que le nucléaire émet autant de gaz à effet de serre que des thermiques à combustible fossile, que l’éolien fonctionne lorsqu’il n’y a pas de vent ou bien que le solaire marche la nuit…
    Non, M. Sené peut difficilement être soupçonnée d’être inféodée au « lobby de l’atome ».

  8. @7
    Ca me rappelle une boutade: c’est quoi la différence entre un anti-nucléaire et un terroriste ? Avec un terroriste, au moins on peut débattre.

  9. @A Greg A quand un article dans le Monde Diplomatique sur les morts du charbon, en Ukraine en particulier, grand pays charbonnier où rien qu’en accidents, il y a 300 morts par an dans les mines, plusieurs milliers par silicose, et sans doute encore plus à cause des fumées des centrales? Pourquoi systématiquement deux poids deux mesures?Les cancers des centrales à charbon en Ukraine ne méritent-ils qu’indifférence et mépris? Cela ne vous préoccupe pas.Pourquoi?

  10. @Thomas, sur le site de futura, on retrouve à peu près systématiquement les âneries diffusées en forme de catéchisme par Sortir du Nucléaire. Y-a-t-il une raison à cela?Quel débat voulez vous construire avec des gens qui diffusent ces âneries. Car il y a deux interprétations: ou bien ils n’y connaissent rien, ou bien ils diffusent sciemment des âneries.

  11. Je préfère encore lire ce site ( futura ) et même en parler autour de moi, que de lire des propos comme les votres.

    Faites un petit effort et allez simplement vérifier les sources qui sont citées. Bien souvent, selon les sujets, c’est l’Agence Internationale de l’Energie, l’Agence de l’Energie Nucléaire ou des organismes officiels de ce genre.

  12. @Thomas, que vous préfériez lire Futura est votre affaire, mais vous ne devriez pas lire que cela. Les informations sur le nucléaire figurant sur ce site sont pipées et sans doute volontairement: dire par exemple que le nucléaire ne représente que 2,1% de l’énergie primaire et 3 % de l’énergie finale est non seulement faux, mais absurde. J’ai passé un certain temps sur ce site à essayer de le montrer, mais visiblement sans succès. Au lieu de vous emmêler les pinceaux avec l’énergie primaire et l’énergie finale, comparez donc ce qui est comparable: le nucléaire fait 16 % de l’électricité mondiale, soit autant que l’hydroélectricité et presque autant que le gaz naturel ( 22 % maintenant).Le charbon fait 40 %. Quant à l’électricité renouvelable( éolien, solaire PV), elle représente 1% . Dois-je en conclure qu’elle n’a pas d’avenir?Vous pourrez vérifier sans difficulté les valeurs que j’indique.
    Mes propos vous choquent peut-être, mais ce qui me choque profondément, c’est la diffusion volontaire de fausses informations.
    L’article sur le charbon est de meilleure tenue, mais on y confond quand même l’anthracite et le charbon bitumineux! Les perspectives d’avenir me semblent par contre assez bien vues.

  13. Mouais… Déjà que rien qu’au niveau technique et diplomatique c’est pas gagné, mais vu le fric que ça va nécessiter cette expérience du nucléaire on peut se demander qui peut encore y croire à la « renaissance » de cette énergie…

    Les anglais commencent à faire les comptes de ce que va leur couter le démantèlement et les zéros s’accumulent…

    http://news.bbc.co.uk/1/hi/sci/tech/7421879.stm

    Quant aux américains ils commencent à se poser des questions sur les couts associés aux nouvelles centrales…

    http://www.energycentral.com/site/newsletters/ebi.cfm?id=525

  14. @Tilleul, que les Anglais aient fait l’entretien minimum, c’est évident. Ils l’ont fait aussi pour leurs centrales à charbon et pour leurs trains. Trop occupés à se faire du fric sur le dos des autres à la City! Mais les 73 milliards de livres cités, soit 100 milliards d’euros, qui représentent un cumul sur de nombreuses années, qu’est-ce que cà représente par kWh produit pendant la durée nécessaire à ce démantèlement?

    En France, la production d’électricité est de 500 TWh par an environ, soit 500 milliards de kWh. Le démantèlement des centrales est provisionné il me semble à 0,15 cEuros par kWh produit. Il s’agit donc de 75 milliards d’euros par soit presque autant PAR AN que la somme cumulative que vous brandissez comme une massue dans le cas de l’Angleterre. D’ailleurs, EDF et Eon sont sur les rangs pour reprendre cette affaire. Croyez-vous qu’ils le feraient si elle était si terriblement coûteuse?
    Quant au coût des centrales nucléaires américaines, c’est encore un bel exemple de distorsion d’information: toutes les centrales et pas seulement les centrales nucléaires vont voir leur prix augmenter, et les éoliennes aussi, tout simplement parce que le cours du fer ( x 7 en dix ans) et donc de l’acier est en train de s’envoler.
    En ce qui concerne l’éolien, si son prix doit être si lourdement subventionné,au détriment du contribuable et au bénéfice de quelques grands groupes, c’est bien parce que son coût d’investissement au kWh est bien plus élevé que celui du nucléaire, et cela n’est pas près de changer, surtout si l’on développe l’éolien offshore.Et les coûts de son intégration au réseau et de l’adaptation de ce réseau ne sont pas ajoutés comme ils devraient à la facture. Ils se retrouvent subrepticement par contre sur celle du consommateur. L’Allemagne va construire des lignes à haute tension pour acheminer l’électricité éolienne du Nord vers le Sud ( soi-disant, ce qui était bien avec les éoliennes c’est qu’on aurait pas besoin de pilônes!) construire de coûteuses batteries et de coûteux stockages d’air comprimés accompagnés de leurs centrales à gaz pour « intégrer » plus d’électricité éolienne au réseau.Le coût de son démantèlement ( les dizaines de milliers de tonnes de béton qui vont être incrustées dans le sol) n’est pas non plus provisionné dans le coût du kWh à ma connaissance. Ils se retrouveront un jour à la charge des communes.

    Un de mes amis, atteint du syndrôme de Robinson Crusoé ( j’appelle ainsi le syndrôme très répandu qui consiste à vouloir vivre chez soi de manière complètement autonome comme on le ferait sur une île, mais à avoir quand même une belle voiture pour aller se montrer au voisin) et adepte de l’éolien, voulait faire construire près d’une bourgade de par ici une éolienne de 1 MW pour alimenter la dite bourgade de manière autonome en électricité. Je lui ai donc montré que pour stocker l’électricité d’un jour sans vent, avec un facteur de charge de 25%, il fallait préalablement disposer de deux réservoirs d’eau d’un hectare et de près de 3 mètres de profondeur, situés à des altitudes différant de 100 mètres, et reliés par une station de transfert d’énergie par pompage.Gros problème par ici car c’est plat comme la main, à part quelques dunes. On pouvait aussi utiliser une batterie au plomb de 275 tonnes , ou encore un stockage d’air comprimé de 500 000 m3 sous 10 bars, situé à 50 mètres de profondeur pour encaisser la pression, servant à faire tourner une turbine à air comprimé entraînant un alternateur, assistée par une centrale à gaz délivrant 3 MWh pour réchauffer l’air comprimé lors de sa détente. Si ces valeurs sont fausses, n’hésitez pas à me le dire!Profitez en pour me calculer le coût de ces équipements!
    Et ces valeurs sont en fait à multiplier par 10, car la probabilité qu’il y ait dix jours de suite avec un vent insuffisant en un endroit donné n’est pas négligeable!

  15. Ouais enfin je veux bien que tout augmente mais à 30 c/kWh on serait même au dessus du cout du photovoltaïque !

    Pas encore jeté un coup d’oeil soutenu, mais on m’a dit que la seule étude indépendante (hors étude constructeur) sur le cout du nucléaire qui existait c’est celle du MIT, qui concluait à un coup d’exploitation supérieur au gaz et au charbon… http://web.mit.edu/nuclearpower/

    La question du cout de démentellement c’est pas qu’une question de kWh, c’est surtout une question de « qui va payer ». Parce que ceux qui ont utilisé les kWh c’est la génération précédente, ceux qui vont payer la facture c’est la génération actuelle… Ca fait déjà mal au c. de devoir se taper 1000 milliards de dettes, en plus on va devoir nettoyer les décharges radioactives…
    Je me rappelle d’un rapport de la cour des comptes qui concluait par le fait qu’il y ait de grandes chances que ce soit l’état qui se retrouve à payer pour tout ça en France… En plus comme on laisse les centrales sans y toucher pendant quelques dizaines d’années le temps de faire baisser la radioactivité je me demande où on va trouver les sites près d’une source froide et à proximité d’un réseau électrique capable d’encaisser quelques GW pour construire les nouvelles centrales…

    Je passe sur le fait que l’éolien est « lourdement » subventionné (puisque les EnR ne sont pas plus subventionné que les autres énergies au cours de l’histoire), d’ailleurs si les centrales thermique et nucléaire était taxé comme l’énergie éolienne, les impots locaux appliqués à ses centrales serait multiplié par 10… L’éolien se développe même dans des pays qui n’ont pas spécialement de programme de développement des énergies renouvelables tout simplement parce que c’est une énergie qui à l’avantage de produire moins d’externalités que les autres (pollution atmosphèrique du fossile notamment) pour un ordre de prix comparable aux solutions industrielles ce qui la rend économiquement compétitive du point de vue de l’économie d’un pays (qui n’est pas le même point de vue que celui du fournisseur d’électricité qui se fiche un peu de ce qui arrive avant et après la centrale).

    Je vois pas ce que vous appelez grands groupes : Nordex ? Vestas ? Suzlon ? Enercon ? Ouais y a bien General Electric c’est vrai…

    Sur le problème du village… Je vois pas l’intérêt de vivre en autonomie quand on est connecté au réseau électrique. Si on a connecté les centrales électriques c’est justement pour ne plus avoir à utiliser des moyens de stockage… L’essentiel c’est de vérifier que la production de l’éolienne est le plus possible inférieure à la consommation du village parce que le but de l’énergie décentralisée c’est de ne pas avoir de pertes dans le réseau. Un facteur de charge de 25% ca ne veut pas dire que l’éolienne tourne 25% du temps, ça veut dire que l’éolienne produit en moyenne 25% de sa capacité maximum… Une éolienne bien placée produit de l’électricité 80% du temps… Et encore, une éolienne raccordée au réseau est là pour produire le plus d’électricité possible au cours de l’année pour le moins cher possible. Pour une éolienne en site isolée on peut se permettre de sacrifier un peu du prix pour avoir plus de disponibilité en augmentant le rayon des pales et en diminuant la taille du générateur. Le problème de l’éolien c’est pas vraiment qu’est-ce qu’on fait quand il n’y a pas de vent (on est à 100m de hauteur quand même! Il y a quelques différence avec le plancher des vaches…) c’est plutot comment on gère quand il y en a trop…

    S’ils veulent vraiment vivre en autonomie, les couts d’opération associés pour les différentes énergies sont :

    hydroélectricité < éolien < photovoltaïque < diesel/gaz (le générateur coute rien à l’achat mais ça nécessite de payer très cher en terme de maintenance et de carburant)

    S’ils ont du fric à perdre et veulent faire venir les caméras de télévision la solution la plus développement durable (économie + écologie) c’est utiliser au maximum la ressource éolienne, puis le solaire, éventuellement d’avoir un stockage à court terme (batterie au plomb avec 15 minutes de charge, flywheel – Enercon a un excellent produit) et de produire le reste de l’électricité avec une centrale cogénération biomasse (biocarburant ou biogaz) relié à un réseau de chaleur qui tire une partie de son énergie d’un stockage saisonnier de solaire thermique… Evidemment la solution biomasse n’est économiquement rentable que si l’énergie est un coproduit d’une exploitation (ex colza cultivé en rotation qui sert à nourir les élevages, biodigester utilisé pour faire de l’engrais et assainir) sinon là non plus c’est pas économiquement rentable…

    Bon sur 20 ans ce sera la solution la plus économique possible (sauf si le prix de l’énergie fossile baisse, ah! ah! ah!) mais le capital nécessaire sera tout simplement prohibitif, donc ça ne se fera pas. Et de toute façon comme l’état subventionne le gaz et l’électricité (même indirectement) vivre en autonomie ça voudrait dire à payer pour son énergie tout en payant pour l’énergie des autres, donc combat perdu d’avance… Donc qu’ils profitent du tarif de rachat et qu’ils oublient de faire un truc bien pensé, ça n’a aucun intérêt en France…

  16. @Tilleul, merci pour le rapport du MIT, qui date de 2003! Je l’ai parcouru rapidement. Première observation: il n’y a pas un seul géologue dans les auteurs. S’il y en avait eu quelques uns, peut être ce panel aurait-il pris conscience que les prix du gaz et du charbon allaient augmenter considérablement. Conséquences: les calculs économiques sont complètement à revoir! Ils n’ont pas pris non plus les effets d’une éventuelle taxe carbone comme hypothèse principale.
    Le prix du solaire va également augmenter: rappelez-vous que le silicium est fabriqué par un procédé métallurgique ( d’où les importantes émissions de CO2 au kWh!) utilisant des combustibles fossiles ( charbon +coke de pétrole) comme agent réducteur de la silice en silicium, mais aussi pour produire l’électricité qui sert à chauffer le four! Alouter l’inflation à celà, et ce n’est pas demain la veille que le kWh de solaire va coûter moins cher que le kWh nucléaire.
    Je ne vois pas en quoi la prise en charge du démantèlement par l’Etat en change le coût pour le consommateur! Cà se retrouvera de toutes façons sur la facture d’électrcité au tarif de provisionnement actuel!
    Je suis tout à fait d’accord que les éoliennes doivent être raccordées au réseau. Mon exemple est là pour montrer l’énormité des investissements nécessaires pour régulariser la production d’une éolienne de1 MW supposée isolée. Mes calculs sont-ils exacts, vous ne m’avez pas répondu? Question: dans quelle proportion ces investissements sont-ils réduits par kWh d’électricité éolienne produit quand on a 10 000 éoliennes fonctionnant sur le réseau? Autre question: ces investissements sont-ils actuellement comptés dans le prix de revient du kWh éolien.
    Une éolienne bien placée produit selon vous de l’électricité 80% du temps. Peut-être!Dans l’Antarctique sûrement! Mais un facteur de charge de 25% signifie simplement comme vous le savez qu’une éolienne de 1 MW ne produit en un an que le quart de la quantité d’électricité qu’elle produirait si elle tournait toute l’année à sa puissance maximale. Le problème n’est pas qu’elle produise de l’électricité 80 % du temps, mais qu’elle produise suffisamment régulièrement pour que son offre s’ajuste à la consommation, ce qui n’est pratiquement jamais le cas! Une journée avec très peu de vent, c’est finalement fréquent. Dans mon coin, çà arrive souvent!
    Quant à votre proposition, comme vous dites, s’ils ont du fric à perdre! C’est encore plus coûteux que les moyens que j’ai indiqué! Cela dit le programme est intéressant. Au-delà du coût, le problème est la surface qui serait nécessaire par habitant pour que cela marche! L’avez-vous évaluée? Et dans votre système autarcique, avec quoi produit -on les éoliennes, les batteries et les centrales à biogaz?Rappelez-vous, même dans l’Ile Mystérieuse Cyrus Smith avait eu besoin de minerais et de combustibles pour fabriquer ses outils.
    Ces problèmes seront bien plus faciles à résoudre si l’on sait un jour beaucoup mieux stocker l’électricité. J’entends dire que Mac Cain veut lancer un concours à ce sujet.Cela prouve au moins que ses conseillers ont compris quelque chose aux problèmes énergétiques, ce qui n’a manifestement pas été le cas de nos candidats ni de leurs conseillers lors de notre récente campagne.

  17. Enfin avec les efforts de notre « massimo verde » pour baisser la TVA sur les carburants, la taxe carbone elle est pas pour demain, faut arrêter de rêver BMD, même si je suis tout à fait d’accord avec vous sur la nécessité de la mettre en place.

    Je vous donne un petit lien :
    http://romut.free.fr/jancovici/mots_croises_20080602.wmv

    C’est l’émission Mots Croisés de France 2 du 2 juin 2008, il faut juste regarder la première heure. Regarder bien comment des gens comme Emanuelli ou le gars de Que Choisir réagissent quand Jancovici leur dit que la taxe carbone est indispensable….pas pour demain tout ça malheureusement…

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