Le premier sous-moulin à marée est britannique

A l’époque, ils faisaient un peu sourire. Les anglais de MCT se vantaient partout de pouvoir construire de grandes hydroliennes, capables de produire de grandes quantités d’électricité à partir des courants de marées sans barrer les estuaires comme celui de la Rance en France. La journaliste de Libé que j’avais envoyée il y a trois ans (1) chez MCT en était revenue dubitative.

Mais les anglais ont persévéré, et viennent d’immerger une double turbine géante dont la puissance est donnée à 1,2 mégawatts, pour un poids de mille tonnes. Plus intéressant, elle fournira du courant pendant 18 à 20 heures par jour, même si les communiqués de l’entreprise omettent de signaler que cette production suivra le cycle des marées qui conditionne la force des courants: plus de dix-huit heures par jour de fonctionnement, donc, mais pas à pleine puissance.

L’engin est désormais ancré à quatre cent mètres des côtes en Irlande du Nord. Ses deux pales de seize mètres tournent de dix à vingt fois par minute: pas de quoi fabriquer de la farine de poissons… Ce prototype qui est paraît-il à l’épreuve des tempêtes devrait être suivi d’une machine plus puissante, de dix mégawatts, pour ériger une ferme sous-marine de 500 mégawatts d’ici 2015.

Le premier qui fait le bilan écologique de l’engin à gagné. Mille tonnes d’acier et autres matériaux pour 1,2 mégawatts de puissance crête, ça parait tout de même beaucoup. Dis, monsieur Brown, ce serait pas plus simple de financer l’isolation des vieux immeubles de Londres?

(1) Libération du 25/01/05

3 commentaires

  1. Les Anglais sont depuis longtemps à la pointe dans les utilisations de l’énergie des courants marins ainsi que de celle de la houle et des vagues. Il me semble qu’une entreprise française va bientôt installer une hydrolienne en Bretagne. Mais jusqu’à présent, la seule réalisation industrielle indiscutable au monde reste l’usine marémotrice de la Rance, qui produit de l’ordre de 500 GWh chaque année pour une puissance de 240 MW, soit un facteur de charge de l’ordre de 25 %, c’est-à-dire à peu près celui d’une éolienne. Cela est dû à ce que l’énergie des marées est proportionnelle au carré de leur amplitude, et que celle-ci est très variable tout au long de l’année. Si cette énergie est prévisible, elle n’en est donc pas moins très variable au cours du temps, et cela indépendamment de la demande d’électricité. Il serait intéressant de connaître les variations de puissance au cours du temps de l’hydrolienne anglaise, mais je doute que l’entreprise axe sa communication là-dessus!

  2. Les variations de puissance ça n’est important que dans le cas d’une installation isolée… Je doute que ces engins soient utilisées autrement que connecté à un réseau… Et dans le cas exceptionnel ou on l’utiliserait dans des sites isolés (pour une ile par exemple), il y a toujours la possibilité de faire comme l’éolien : on augmente la taille des pales et on diminue la puissance du générateur pour avoir une production plus constante au cours du temps.

    Dans un réseau électrique ce qui est important c’est de savoir s’il est possible de prévoir ces variations de puissances et donc dans le cas présent de connaitre le comportement des courants marins…

    Par contre pour la petite pique de la fin sur Gordon Brown je la trouve un peu méchante puisque les anglais ont encore resserré leurs législations, qu’ils bossent beaucoup sur les batiments soutenables (et pas seulement sur l’emblématique BedZed) et que le premier ministre en question a récemment lancé un programme de créations d' »eco-town » (qui comme toutes les initiatives environnementales se heurte évidemment au Not In My BackYard… http://www.iht.com/articles/2008/04/01/business/greencol02.php?page=1 …)

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